L’Algérie fait partie des pays à surveiller pour le trafic d’êtres humains, selon la dernière édition, publiée lundi 27 juin, d’un rapport annuel du Département d’Etat américain. 184 pays sont passés en revue dans le rapport américain. DNA a consulté le rapport et a traduit à ces lecteurs les passages consacrés à l’Algérie. Celle-ci fait partie de 23 Etats considérés comme «n’atteignant pas le niveau minimum» de protection contre la traite des personnes et «ne faisant pas d’efforts importants».
Le « Rapport mondial sur le trafic des personnes » recense les cas de prostitution forcée touchant des femmes, des enfants, l’esclavage humain, l’exploitation des travailleurs ainsi que le travail forcés des enfants.
Le gouvernement algérien ne se conforme pas pleinement aux normes minimales pour l’élimination de la traite et ne fait pas d’efforts significatifs dans ce sens, indique le rapport.
« Le gouvernement n’a fait aucun effort visible pour faire appliquer la loi de 2009 contre la traite Il a également refusé d’identifier et de protéger les victimes de trafic et a continué à à ne pas prendre des mesures pour protéger les victimes et prévenir la traite », souligne le document.
Le Rapport d’Etat
L’Algérie est une terre de transit et à un degré moindre une destination pour des hommes, des femmes et des enfants qui se trouvent obligés de verser dans le travail forcé et le trafic de sexe
Plus communément, les homes et femmes en provenance de la région du Sahel rentrent en Algérie de manière volontaire, mais illégalement souvent grâce à l’aide des contrebandiers avec pour objectif de se rendre en Europe.
Certaines de ces femmes sont forcées à se prostituer. Des réseaux criminels qui s’étendent parfois à l’Afrique subsaharienne et à l’Europe sont impliques tant dans la contrebande que dans le trafic des humains. Les chefs des « villages » africains habités par des non algériens sont parmi ceux qui sont responsables de la prostitution des femmes.
Et à un degré moindre, des hommes en provenance du Sahel, surtout le Mali, sont forcés à devenir des « boys » ; on confisque leurs documents de voyage pour profiter de cette force de travail. Quelques femmes algériennes sont également forcées à la prostitution.
Des groupes de la société civile estiment que plus l’Europe fermera ses frontières, plus l’Algérie deviendra une destination pour zone de trafic migratoire illégale
Recommandations pour l’Algérie : mettre en œuvre activement une loi une anti-traite en formant des fonctionnaires judiciaires, enquêter sur les infractions potentielles et poursuivre les délinquants présumés, et établir structures juridiques nécessaires, établir les moyens d’identifier les victimes de traite parmi les migrants illégaux ; s’assurer que victimes des trafic bénéficient d’ une assistance nécessaire, comme le logement, l’aide médicale, psychologique et juridique, s’assurer que les victimes ne sont pas punies pour des actes illégaux commis du fait direct de la traite ; établir des partenariats avec les organisations internationales compétentes et des ONG des pays à la source pour assurer le rapatriement volontaire et sûr pour les victimes de la traite, et entreprendre une campagne pour sensibiliser le public à la traite, notamment sur les différences entre le trafic d’êtres humains et la contrebande.
Protection : le gouvernement de l’Algérie n’a fait aucun progrès perceptible pour protéger les victimes de la traite au cours de la dernière année. Il n’a pas démontré le développement ou l’utilisation de procédures systématiques pour l’identification des victimes de la traite des populations vulnérables, comme les femmes étrangères arrêtées pour prostitution ou les émigrants sans papiers.
Des ONG ont signalé que certaines victimes de la traite ont été emprisonnées pour des actes illégaux commis en raison de leur statut de victimes- notamment pour prostitution ou pour séjour illégal. Des émigrants expulsés, dont certains peuvent pouvaient être des victimes de la traite, ont reçu un litre de lait et un peu de pain et ont été transportés aux frontières du désert avec le Mali et le Niger,- parfois ils ont été reçus par des fonctionnaires d’autres pays.
Des ONG ont indiqué que dans certains cas, les émigrants sont morts dans le désert saharien. Le gouvernement n’a pas fourni de victimes étrangères des protections légales avant leur renvoi vers des pays où ils ont subi des représailles ou fait face à des difficultés.
Le gouvernement n’a pas fourni une assistance ou des services juridiques aux victimes, pas plus qu’elle n’a dirigé les victimes vers d’autres prestataires de services. Il y avait pas de lieux de refuge mis à leur disposition par le gouvernement et des groupes de la société civile ont été empêché de fournir des refuges parce qu’ils seraient pénalisés pour avoir hébergé des émigrants en situation irrégulière.
Les dispensaires gérés par le gouvernement continuent d’être disponibles pour les victimes de la traite, et certaines victimes utilisent ces services. Toutefois, un certain nombre de victimes ne sont pas au courant de leur existence, soit ont refusé de les utiliser de peur d’être expulsées l’expulsion. Il n’existe pas de programme officiel pour encourager les victimes de la traite à témoigner contre les délinquants.
Poursuites : Le gouvernement algérien n’a fait aucun effort pour répondre à la traite des êtres humains par le biais d’enquêtes, de poursuites, ou condamnations au cours de la période citée. L’Algérie interdit toutes les formes de trafic en vertu de l’article 5 de son code pénal code, promulgué en mars 2009.
Les peines prévues vont de trois à 10 ans d’emprisonnement,
qui peuvent aller à 20 ans d’emprisonnement en cas de circonstances aggravantes. Ces peines sont assez sévères et proportionnelles à celles prévues par la législation algérienne pour d’autres crimes graves, tel que le viol.
Le gouvernement n’a pas fait état d’enquêtes ou de poursuites judiciaires visant des délits liés à ce trafic, ou de condamnations d’éventuels trafiquants au cours de l’année.
Certains chefs de villages africains ont des liens étroits avec la police algérienne, et une ONG a noté que certains policiers ont libérés des femmes émigrantes arrêtées pour prostitution et trafic de sexe en le remettant à leurs souteneurs.
Des articles de journaux ont indiqué au mois d’octobre qu’une nouvelle brigade de la police nationale a été établie dans le sud Algérie spécifiquement dédiée à la lutte contre la traite des personnes, mais cette information n’a pas été confirmé et les responsables gouvernementaux n’étaient pas au courant de son existence (…) Le gouvernement n’a pas accepté une offre de formation contre la traite de la part d’un gouvernement étranger.