Le fléau du trafic de véhicules est une réalité en Algérie. Les expertises diligentées quotidiennement par les éléments de la Gendarmerie nationale le prouvent. En neuf mois, 225 véhicules ont été falsifiés et 335 trafiquants arrêtés. La falsification des véhicules volés semble constituer une passerelle pour la criminalité organisée.
Dans son nouveau rapport, le Commandement de la Gendarmerie nationale présente, en chiffres détaillés, les dernières techniques adoptées par les réseaux de trafic et de falsification des voitures.
Un fléau ravageur qui représente un véritable danger pour les sociétés modernes, pour des raisons sociales et économiques connues. Le trafic est également une menace pour les transferts d’argent, dans la mesure où les réseaux de malfaiteurs internationaux recourent régulièrement à cette forme de criminalité.
Avec cette situation d’insécurité, les citoyens se voient pris en otages par les réseaux de vol et de falsification des voitures. Beaucoup de propriétaires de véhicules ont payé un lourd tribut, d’autant qu’aujourd’hui différentes marques de véhicules et de nombreuses pièces détachées existent sur le marché de l’automobiles.
LES MARQUES DE VÉHICULES LES PLUS CIBLÉES
Le rapport détaillé de la Gendarmerie nationale fait ressortir que plusieurs nouvelles marques de véhicules sont la cible des réseaux de trafic. Les anciennes voitures sont généralement les plus ciblées, car les réseaux s’intéressent à leurs pièces détachées ; puis viennent les véhicules impliqués dans les accidents routiers et ceux de la contrebande.
En ce qui concerne ces derniers, il y a deux types de véhicules à distinguer. Tout d’abord, ceux volés à l’étranger puis acheminés vers l’Algérie soit pour être vendus en l’état ou désossés pour vendre leurs pièces détachées. Enfin, il y a ceux qui sont volés en Algérie et acheminés hors du du pays. Parmi les véhicules ciblés, il y a également les 4×4, entre autres de marques Toyota Station, Hilux et Hyundai.
COMMENT LES TRAFIQUANTS FALSIFIENT LES VÉHICULES VOLÉS ?
Il existe deux types de falsification. Dans une première étape, les réseaux de trafic falsifient les documents des véhicules, puis dans une deuxième étape recourent au trafic technique une fois les voitures volées. Par exemple, la teinture des voitures, les pneus, etc.
Pour ce qui est des documents falsifiés, les trafiquants ont recours à la fraude en changeant les cartes grises et la fiche de contrôle technique. Généralement, ce genre de trafic dépend de la complicité des agents chargés de délivrer ces cartes et fiches. Quant au trafic technique, les réseaux de malfaiteurs utilisent plusieurs techniques modernes.
Une fois le véhicule volé entre leurs mains, ils changent, dans un hangar clandestin, l e s plaques d’immatriculation originales par des fausses. Ils effacent ensuite le numéro de série de châssis du véhicule volé pour le remplacer par un autre.
Enfin, les trafiquants changent souvent la couleur des voitures volées. Batna, El Oued et El Tarf, l’arc des vols de voitures Le recours à la falsification des véhicules volés s’est désormais étendu à 35 wilayas du pays, note le rapport de la Gendarmerie nationale. De janvier à septembre dernier, soit en neuf mois, les unités de la GN ont traité 225 affaires liées à la falsification de documents et moyens techniques des véhicules, et 335 personnes ont été interpellées parmi elles 4 femmes.
Ce qui a permis, en outre, la récupération de 143 véhicules. Le gros lot des voitures volées et falsifiées a concerné essentiellement trois villes : Batna, El Oued et El Tarf. A Batna, la wilaya la plus touchée par le fléau, 37 affaires ont été élucidées par les gendarmes, ce qui a permis l’arrestation de 56 trafiquants et la récupération de 12 véhicules.
A El Oued, deuxième ville algérienne concernée par ce trafic, 29 affaires ont été traitées, 47 trafiquants ont été neutralisés et 32 véhicules saisis. Vient en troisième position la ville d’El Tarf où les éléments de la Gendarmerie nationale ont traité 20 affaires permettant l’interpellation de 27 trafiquants et la récupération de 17 voitures volées.
Comparativement à l’année dernière, les gendarmes soulignent que le recours à la falsification des véhicules a sensiblement diminué. En 2011, ils avaient traité 505 affaires liées à la falsification de voitures dans lesquelles 714 personnes impliquées ont été arrêtées et 337 véhicules récupérés.
La ville de Batna, quant à elle, est classée en première position en ce qui concerne ce fléau avec 87 véhicules falsifiés.
ATTENTION AUX PIÈGES TENDUS PAR LES TRAFIQUANTS
Pour arriver à leurs fins, les réseaux de trafic font appel à différentes techniques pour piéger leurs proies. Selon le rapport de la Gendarmerie nationale, les réseaux utilisent neuf méthodes ou pièges pour voler les véhicules.
Ils attirent d’abord les taxis clandestins, les taxis compteurs et les chauffeurs de bus, leur demandant de les accompagner vers telle destination contre une somme intéressante. Au cours du trajet, les trafiquants demandent aux chauffeurs d’emprunter des raccourcis afin de gagner du temps, et c’est à ce moment-là qu’ils passent à l’action, agressant les chauffeurs et volant leurs véhicules.
Ce mode opératoire cible particulièrement les chauffeurs inter-wilayas et ceux qui exercent dans des stations urbaines. Le deuxième piège souvent utilisépar les trafiquants est l’encerclement de la victime. Les réseaux utilisent deux véhicules pour pouvoir encercler le propriétaire d’un véhicule afin de le coincer et voler son véhicule.
La troisième technique consiste à voler les véhicules dans des endroits isolés, sur des routes peu fréquentées où beaucoup d’automobilistes ont été agressés et dépouillées de leurs voitures. La quatrième technique consiste en la surveillance des propriétaires de véhicules qui garent dans un endroit habituel. Faire un double des clefs est également une technique très en pratique chez les trafiquants.
L’escroquerie fait aussi partie des techniques utilisées par les trafiquants qui, après avoir passé un accord avec un particulier possédant un véhicule à la vente, lui donnent rendez-vous pour, ensuite voler son engin. Il y a également le recours aux belles «nanas» pour piéger les automobilistes. Cette technique semble très en vogue, et les réseaux ont pu commettre leurs forfaits grâce à l’aide précieuse de leurs complices.
Ce n’est pas tout. Le rapport des gendarmes indique qu’une nouvelle technique est en train de se généraliser dans les réseaux : la complicité des propriétaires d’agences de location de véhicules. Grâce à cette nouvelle collaboration, plusieurs sociétés d’assurances ont été arnaquées.
Comment ? C’est simple. Les véhicules assurés par ces agences sont désossés et leurs pièces détachées vendues. Puis certaines agences de location de véhicules alertent les sociétés d’assurances du soidisant vol du véhicule. Le but est d’écarter tous les soupçons et gagner de l’argent à travers les sociétés d’assurances. Enfin, il arrive parfois que les trafiquants utilisent des armes à feu et des armes blanches pour arriver à leurs fins.
UN PLAN NOUVEAU POUR TRAQUER LES RÉSEAUX
Pour venir à bout des trafiquants, le Commandement de la Gendarmerie nationale a élaboré un plan spécial.
Ce dernier consiste à intensifier la présence des gendarmes dans des lieux réputés comme étant le refuge des trafiquants de véhicules. D’ailleurs, la carte géographique de la criminalité établie par les gendarmes permet de mieux sélectionner les zones à risque.
Sur ce plan, une fiche d’analyse concernant les vols et la falsification des voitures a été créée par le Gendarmerie nationale pour mieux lutter contre ce fléau. Mieux, les véhicules sillonnant les territoires de compétence de la Gendarmerie nationale feront l’objet d’un contrôle systématique, avec des visites inopinées et régulières des parkings de voitures, outre la soumission des agences de location de véhicules à présenter les fiches complètes des locataires de véhicules.
S.A.