Des dizaines de documents étaient proposés par une agence de voyages à 60 millions de centimes par unité.
Une affaire de trafic de passeports du Hadj a éclaté au grand jour cette semaine. Les mis en cause sont un sexagénaire ainsi que son acolyte de 30 ans, gérant d’une agence de voyages dans la banlieue est d’Alger. Les deux hommes présument que les dizaines de passeports qu’ils mettent à la disposition des acquéreurs, leur sont délivrés par un haut gradé. Ces passeports sont négociés à 60 millions de centimes l’unité. A cet effet, le ministère de la Défense nationale (MDN) a ordonné l’ouverture d’une enquête minutieuse afin de débusquer le «faux général» issu de Blida.
En effet, face à l’ampleur de l’affaire, le général de corps d’armée, vice-ministre de la Défense nationale, et chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP) Ahmed Gaïd Salah, a ordonné l’ouverture d’une minutieuse enquête à propos de ladite agence de voyages qui proposerait des passeports de Hadj.
Selon Ennahar qui a révélé l’affaire et a mené son enquête à travers une vidéo en utilisant des caméras dissimulées les deux hommes ont indiqué que le «faux général» leur avait remis 100 passeports de Hadj, tous vendus, sauf quatre. Le modus operandi, selon le journal arabophone, serait que le sexagénaire a acheté 100 passeports au «faux général» à un montant de 57 millions de centimes et qu’il les revendrait à 60 millions de centimes l’unité. Le vieil homme indique même que ce «business connaît une émergence particulière durant chaque période du Hadj» en ajoutant que «les preneurs sont là et la demande ne cesse de s’accroître».
Pis encore, le gérant de l’agence de voyages, indique qu’il exerce ce genre de «business» avec son acolyte depuis plus de 10 ans. Selon ce dernier, les prix ne dépasseraient pas les 2 millions de centimes, mais que désormais, les prix atteignent parfois les 75 millions de centimes chez certains réseaux qui proposent ce type de passeport. Toutefois, les deux protagonistes de l’affaire savent pertinemment ce qu’ils encourent comme sanction, notamment la justice et la prison.
Le sexagénaire aurait demandé aux journalistes infiltrés d’Ennahar, de lui apporter le dossier complet du «Hadj» tout en leur promettant de s’acquitter personnellement de toutes les procédures nécessaires. En bon commerçant, ce dernier aurait refusé toute transaction avant qu’il ne livre le fameux sésame à son acquéreur. Il prétend que le dossier fourni permettra au hadj d’éviter tout tracas ou dérangement lors de son passage aux frontières ou auprès de la Police algérienne des frontières (PAF). Par ailleurs, selon le même homme, le hadj avec le dossier fourni à l’agence en question, sera dans la possibilité de passer par l’aéroport Houari Boumediene sans avoir à fournir les documents du médecin qui l’a examiné ou celui de la commission spécialisée des visites médicales, sous prétexte qui s’en chargera lui-même.
D’autre part, le sexagénaire, dénommé «Mouloud» a refusé toute négociation si ce n est d’avoir débité un million de centimes, soit 59 millions de centimes à condition que les journalistes prennent deux passeports et fournissent les dossiers dans les prochaines 72 heures.