Ce trafic met en péril la vie de milliers de citoyens.
Des trafiquants ont été arrêtés à El Khroub à bord d’un véhicule en possession d’une grande quantité de médicaments.
Bien plus qu’un scandale, le trafic de médicaments, semble a priori prendre l’ampleur d’une menace incontournable. Il y a quelque années déjà, les différents services de sécurité réussissaient à démanteler plusieurs réseaux dont l’activité se limitait à faire écouler des médicaments en même temps que des psychotropes détournés de leur usage initial comme le Rivotril, destiné aux malades épileptiques, pour être utilisés comme une drogue. Aujourd’hui, ce trafic s’intéresse à bien plus, mettant en péril la vie de milliers de citoyens. Cela se passe au moment où le département de Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, envisage la suspension d’agréments à certains importateurs impliqués dans la spéculation des prix, et surtout dans la vente illicite de plusieurs types d’antidotes. Ceux-là mêmes qui s’alimentent auprès de la contrebande. L’affaire, qui a éclaté à Constantine, porte les stigmates d’un sérieux trafic auquel font face les services de sécurité. En effet, agissant sur la base d’information, la section de recherche de la Gendarmerie nationale de Constantine a réussi à mettre fin aux activités d’un important réseau spécialisé dans l’importation illégale de médicaments.
Composé de quatre individus, ce réseau achemine sa marchandise depuis la Tunisie, via les frontières de Tébessa. Les mis en cause seront arrêtés, a-t-on appris à la daïra d’El Khroub, à bord d’un véhicule en possession d’une grande quantité de médicaments de diverses marques, sans aucune facture, ni indication permettant de connaître l’origine des produits, lesquels seront soumis au laboratoire d’analyse de l’Institut national de la preuve pénale et de criminologie de la Gendarmerie nationale. Les mêmes services évaluent la valeur des produits pharmaceutiques à hauteur de 14 millions de DA. Des sources proches du dossier confient que sur la base des aveux des mis en cause, dont trois ont été placés sous mandat de dépôt, les enquêteurs détermineront les mesures à entreprendre pour poursuivre l’enquête qui aura, à ne pas en douter, une dimension internationale. Pour la brigade de recherche, l’objectif urgent est d’identifier les complices en fuite et remonter la filière qui exerce, semble-t-il, sur l’échelle nationale. C’est le second réseau démantelé en une vingtaine de jours, après que le premier eut été démasqué à El Oued, où des produits similaires ont été saisis, concernant des traitements pour les allergies, le diabète, l’asthme, le rhumatismes, gynécologiques, gastriques, antibiotiques et pédiatriques. A Constantine, ce ne sont pas moins de 8400 types de produits qui ont été saisis. Des indiscrétions nous ont permis de savoir que la Section de recherche de la Gendarmerie nationale a dans ses investigations, identifié d’abord un suspect pour ensuite localiser le lieu qui lui permettait de stocker les produits pharmaceutiques. Il s’agit d’une habitation au niveau d’El Khroub.

Le suspect semble être le propriétaire d’une agence de location de voitures. Son activité ne se limitait pas uniquement à l’acheminement de la marchandise depuis la Tunisie, mais aussi à l’écouler. C’est ce précieux renseignement qui permettra ensuite à la Brgn, d’obtenir une autorisation de perquisition pour découvrir à l’intérieur d’un fourgon plusieurs cartons de médicaments. Sérums pour les urgences médicales, traitements hormonaux de stérilité chez l’homme, traitement des hémorroïdes, rhumatismes et allergie, hémorragie nasale, pilules contraceptives, flacons de médicaments contre la gale, gastrique, anti-inflammatoire, antibiotiques et autres. La perquisition permettra aussi de mettre la main sur des chargeurs de batteries et écouteurs pour téléphones portables. Le tout sera saisi en plus des véhicules dont usait ce réseau et dont trois demeurent en fuite. La Brgn s’applique à faire le lien entre l’affaire traitée à Constantine et celle d’El Oued où 1064 boîtes de médicaments de contrebande ont été saisies. Questionnés à ce propos, plusieurs pharmaciens disent avoir pris des mesures avec leurs fournisseurs pour éviter de tomber dans le piège, mais pas plus, si ce n’est pour dénoncer les trafiquants. Selon les médecins, il est a priori important de prescrire des médicaments dont les laboratoires sont connus et d’avertir les patients sur l’usage des produits de laboratoire peu connus. Pour eux, c’est tout un travail qui doit être fait et surtout, lancer des campagnes de sensibilisation, notamment par la Gendarmerie nationale, la société civile et les associations. Pour la corporation médicale, le ministère doit s’impliquer davantage en organisant d’une part des forums à l’égard du citoyen, d’autant plus que ce dernier cherche à acheter toujours moins cher et d’autre part, secouer les consciences. Lutter contre ce trafic est une façon de lutter contre les narcotrafiquants et les terroristes. Il va sans dire que Constantine, estiment des sources sécuritaires, est un lieu de transit pour ces trafiquants et qui est également, de par sa proximité des frontières Est, le lieu par lequel les réseaux de la contrebande écoulent leurs marchandises vers d’autres wilaya.