Trafic de drogue,Le « gang de Tlemcen » le 31 mars devant le juge

Trafic de drogue,Le « gang de Tlemcen » le 31 mars devant le juge

9 policiers sont impliqués dans cette affaire

L’affaire qui était inscrite au programme de la session criminelle du 21 novembre a été renvoyée en raison de l’état de santé du principal accusé incarcéré.

L’affaire des neuf policiers présumés coupables dans un trafic de stupéfiants seront jugés par le tribunal criminel de Bouira le 31 mars prochain. L’affaire dans laquelle sont impliqués neuf policiers dont l’ex-premier responsable divisionnaire à Tlemcen entre 2002 et 2005, S. Mohamed, remonte au 19 novembre 2005, quand une voiture bourrée de kif traité avait été découverte à Maghnia, une ville frontalière avec le Maroc, devant le domicile du nommé B. Boubekeur alias «Oulid El Anzi». La découverte a été faite suite à une délation par téléphone. À l’intérieur du véhicule de type Renault, les policiers munis d’un mandat de perquisition découvrent dans le coffre 275 kilogrammes de kif traité.

La découverte de papiers d’identité de l’accusé, une copie de sa carte nationale et un extrait de naissance à son nom, et la non fermeture des portes du véhicule garé devant son domicile, sont les deux premiers éléments qui ont confondu B. Boubekeur. Les enquêteurs décident d’approfondir les recherches pour connaître l’auteur de l’appel. Le préposé à la permanence du commissariat de Tlemcen avait reçu un appel faisant état de la présence de ce véhicule, Renault 25 rouge où a été découverte la drogue. Le numéro inscrit sur le registre était celui d’un important baron de la drogue dans la région, un certain H. Nourreddine. Une surcharge au stylo sur le registre attire l’attention des enquêteurs qui en interrogeant le préposé à la permanence apprendront que ce dernier avait fait l’objet de pression de ses supérieurs pour inscrire un faux nom en mentionnant les lettres B.F devant le numéro d’une ligne du premier opérateur de téléphonie mobile laquelle ligne avait été utilisée par l’informateur. Le numéro sera identifié comme étant celui du baron de la drogue le nommé H. Nourreddine.

Les supérieurs seront vite désignés en les personnes des ex- chef de sûreté de la wilaya de Tlemcen et de la sûreté de la daïra de Maghnia. Le nommé B. Boubekeur qui niera les faits qui lui sont reprochés bénéficiera à décharge du témoignage des riverains qui parleront de la présence de deux personnes la veille de la découverte, et qui selon les témoins auraient déposé le kif. Les mis en cause sont jugés en première instance par le tribunal criminel de Sidi Bel Abbès le 3 mai 2011 qui décide la perpétuité pour Houari Noureddine, 10 ans pour Senouci Mohamed pour le chef d’accusation «complicité de trafic de drogue par une organisation criminelle et recel d’un criminel recherché» et «complicité de dissimulation de preuves». Le renvoi par la Cour suprême de l’affaire devant le tribunal criminel de Bouira, après cassation du jugement rendu par la juridiction de Sidi Bel Abbès, s’inscrit dans la logique des procédures. L’affaire qui était inscrite au programme de la session criminelle du 21 novembre a été renvoyée en raison de l’état de santé du principal accusé incarcéré, d’où le recours à la procédure d’enrôlement par le tribunal qui a retenu le 31 mars. «Le procès qui s’ouvrira le 31 mars n’est pas celui d’un corps mais celui d’un groupe de bandits» nous affirmera un officier de la sûreté de Bouira sous le sceau de l’anonymat. Les policiers malhonnêtes existent. L’affaire du commissaire de Lyon en France, lequel responsable avait tissé des liens avec la pègre et quitravaillait en étroite collaboration avec des dealers est là pour confirmer les dires. La maffia a enrôlé beaucoup de personnes de toutes les sphères de la société. C’est à partir de la prison que le nommé H. Noureddine aurait commandité une autre affaire le 24 décembre 2005 quand, pour essayer de confondre B. Boubekeur, les policiers découvrent 25 tonnes et 400 kilogrammes de kif dans le châssis d’un camion à Ghazaouet. Le véhicule, un camion lourd appartient au baron emprisonné. La proximité avec le Maroc, premier producteur mondial de

ce poison, la puissance des barons de la drogue, les gros moyens et l’interconnexion laissent penser que la bande qui sera jugée à Bouira n’est que le maillon d’un réseau international que seule une étroite collaboration internationale permettra d’anéantir. Hélas beaucoup de pays laissent faire pour une histoire d’intérêts partagés. Selon un avocat, dans le renvoi de cette affaire, il n y aurait aucun élément nouveau. Les verdicts prononcés en première instance seront maintenus si les inculpés et leurs défenses respectives n’apportent aucun argument ou pièce au dossier. Ils joueront sur les mots et essayeront de contester les procédures, ils axeront sur le détail même si le détail a son importance dans le droit pour essayer de faire douter la justice. Leur mission est ardue car les faits sont avérés et prouvés.

Sur cette piste, l’échec est garanti» nous dira notre interlocuteur, un pénaliste bien connu à Bouira.