Un vendeur de fruits et légumes risque 10 ans de prison ! C’est en tout cas la peine requise par le procureur de la République près le tribunal correctionnel de Bir Mourad Raïs. Non pas pour fraude sur la marchandise ou autre délit mais tout simplement pour détention et commercialisation de stupéfiants et de psychotropes.
En réalité, l’activité de la vente des fruits et légumes dans le marché communal de Bouzaréah, sur les hauteurs d’Alger, n’était qu’une couverture du vrai job de Kamel dont les mouvements ont été épiés par les éléments de la Police judiciaire de la sûreté de daïra de Bouzaréah après que des informations sur ses agissements criminels leur sont parvenues.
Le 11 août dernier, les services de la sûreté nationale ont décidé de passer à l’action et pour pouvoir piéger le mis en cause, qui mieux que des policiers civils pour se faire discret. En fin de journée, ils se sont rendus à la forêt « Beauséjour » après avoir eu vent de sa présence dans cet endroit pour faire écouler sa «marchandise», le kif en l’occurrence. En compagnie de six autres personnes, le dealer recherché s’est rendu compte de la sourcilière et prend la fuite. S’ensuivit alors une folle course poursuite entre les policiers et le prévenu.
Ce dernier, pris de panique finit par craquer et fait une dangereuse chute de haut de plus de 5 mètres mais il entraîne avec lui un policier qui a tenté de le retenir. Résultats de course ; une fracture du pied du dealer, ce qui lui a nécessité une opération chirurgicale et la mise de branches tandis que le policier s’en est sorti avec 21 jours d’incapacité pour une blessure au bras. A l’issue de l’opération, les forces de sécurité ont récupéré auprès de Kamel une quantité de cannabis, une centaine de comprimés de psychotropes ainsi qu’une somme d’argent représentant les ventes deladrogue. Cependant, le prévenu ne reconnait pas les faits devant le tribunal et soutient que le kif retrouvé ne lui appartient pas.
«Par contre, je ne nie pas pour les psychotropes seulement, ce sont des médicaments que mon père consomme depuis des années, je peux vous donner les ordonnances du médecin», s’est-il défendu. Interrogé sur les raisons qui l’ont poussé à prendre la fuite à la vue des policiers, il a tenté de se justifier en affirmant avoir peu lorsqu’il a aperçu l’un d’entre eux, barbu et armé, en tenue civile de surcroit, laissant entendre ainsi qu’il s’agissait d’un terroriste. Prenant le relais, son avocate qui a plaidé non coupable a confirmé les dires de son client et appelé le tribunal à relaxer Kamel, rappelant qu’en cas de doute sur la culpabilité d’un prévenu, ce dernier devra être relâché. Le tribunal a entendu également le policier blessé qui a souligné que le prévenu ne l’a pas entraîné volontairement dans sa chute et confirmé qu’il y avait bel et bien un collègue barbu et vêtu d’un kamis pour tromper l’ennemi .
N. M.