Depuis le début du mois de Ra madhan, les habitants de la wilaya de Tlemcen font face à un nouveau casse-tête pour s’approvisionner en carburant dû, à la surprise générale, au retour des hallabas qui ont repris leurs activités.
Les vacances sont là, tout juste après l’Aïd El-Fitr et nombreux sont ceux qui vont prendre leur voiture pour sillonner les routes, mais le scénario des années précédentes fait encore une fois peur aux nombreux automobilistes qui craignent le rush des trafiquants vers les stations-service.
Rappelons dans ce conteste qu’il n y a pas si longtemps, des Renault 25, 21 et 18 et des Peugeot 504, 505, des Mercedes (ancien modèle), des Boxers, et des camions de tous types et tonnages « sifflaient » tout le carburant des stations- service de Tlemcen et des wilayas limitrophes pour le remettre aux passeurs qui l’exportent de manière illégale vers le Maroc. Interrogé sur ce trafic qui a repris contre toute attente, un pompiste d’Imama a indiqué avant-hier que «aujourd’hui, nous commençons à vivre la même situation que nous avons connue il y a plus d’une année.
Constatez de vous-même la queue interminable qui est là depuis ce matin. Regardez les véhicules des hallabas, ils sont là. Je crois que vous les connaissez ? Des Renault 25, 21 et 18, des Peugeot 504, 505, et des Mercedes, ils sont tous là! En ce mois du Ramadhan, tous les jours c’est le même topo ! Les hallabas ont juste disparu un certain moment, mais sont revenus en force ces dernières semaines ! ».
Pourtant, pour lutter contre le trafic du carburant, des mesures ont été prises par les pouvoirs publics comme le rationnement des stationsservice (le mois de juin 2013). Parallèlement, des tranchées et fosses ont été creusées (depuis le mois de septembre 2013) le long de la frontière, notamment près des zones propices au passage des contrebandiers, telles El Djorf, El Gorni, Ahfir, Roubane, Boukanoun, Akid Abbès, Akid Lotfi, Zriga, Beni Drar et Saïdia (au Maroc), pour empêcher le passage. Mais les trafiquants changent à chaque fois de subterfuge pour livrer leurs marchandises comme le carburant, bétail, cuivre, médicament et autres denrées alimentaires, dont les prix sont soutenus par les pouvoirs publics, aux réseaux de contrebande marocains.
Ces mesures qui s’inscrivent dans le cadre de la lutte contre la contrebande et le trafic de carburant ont été suivies par l’élévation d’un mur de grillage haut de six mètres par les responsables du Maroc. Face à cette situation, de nombreux « hallabas » ont renoncé à leur activité illégale pour reprendre le travail de la terre. Mais, si ces mesures ont permis de resserrer l’étau sur les narcotrafiquants et passeurs de véhicules et de réduire d’une manière notable les activités de contrebande, le phénomène de trafic de carburant semble revenir au galop, et s’accentue de plus en plus ces dernières semaines.
De nombreuses questions se posent aujourd’hui sur la fiabilité des mesures prises tout le long de la bande frontière, après ce regain du trafic de carburant. Sur ce sujet précis, nous avons posé une question à un habitant de la ville balnéaire de Marsat Ben M’Hidi qui est séparée de la ville marocaine de Saïdia, par une petite rivière. « Vous croyez que le trafic de carburant sera éradiqué ? »
Celui-ci, nous répond : « Non jamais ! Tant que la complicité existe au niveau de la bande frontalière séparant l’Algérie et le Maroc, les trafiquants opèrent à leur guise ! Regardez les quantités de drogue qui sont saisies tous les jours sur nos routes et dans nos villes ! Quant aux quantités non saisies que nous ramènent les narcotrafiquants, Dieu seul le sait ! Voulez-vous rentrer au Maroc puis regagner l’Algérie le plus normalement du monde ? Allez venez, c’est aussi simple qu’une lettre à la poste ! ». Et les barrages dressés sur les routes et autoroute, qu’est-ce que vous en pensez ? ‘’Les barrages ?! Ca grouille de partout !
La gendarmerie ! La police ! La douane ! Les militaires ! Beaucoup d’entre eux ont payé de leur vie en traquant jour et nuit les barons de la contrebande dans cette région, mais je ne comprends pas, malgré l’arsenal humain et les moyens matériels et de télécommunication mis au service de ces agents, les contrebandiers réussissent toujours à faire circuler leurs marchandises dans les deux sens (Algérie-Maroc). Que se passe-t-il donc ? J’aimerai bien qu’on me dise où est vraiment la faille ? En plus il y a des jours où tout est serré. Rien ne passe des deux côtés. Puis, c’est la passoire ! Les contrebandiers s’animent partout dans les frontières, comme si un ordre venait d’en haut !
Très doués, ils connaissent tous les circuits menant au Maroc, ainsi que les postes de surveillance avancés installés le long de la bande frontalière. Leurs coordinations étroites avec les réseaux de contrebande marocains leur permettent parfois de réaliser des coups spectaculaires de drogue et autres marchandises sans être repérés ou inquiétés par les services de sécurité.
Khaled Boumediene