Finalement, la contestation populaire de la liste des 190 logements distribués à Laghouat était fondée. Car le trafic autour de cette liste, qui a été à l’origine de la colère des populations de cette wilaya, a été prouvé
En effet les différentes enquêtes enclenchées suite aux manifestations qui ont secoué Laghouat au début de ce mois de janvier, sont arrivées à la conclusion qu’il y avait au moins 28 indus bénéficiares.
Il se pourrait que ce nombre soit plus important puisque les enquêtes, menées par les services de sécurités et les services administratifs, se poursuivent encore. Pour l’Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI), qui a révélé jeudi les premiers résultats de cette enquête, il est évident que les «indus bénéficiares de ces logements destinés à la résorption de l’habitat précaire devront libérer les logements».
Selon le directeur par intérim de l’OPGI de Laghouat, Mohamed Merouane, qui s’est confié à l’APS, ces indus bénéficiares avaient, par le passé, bénéficié d’aides à l’habitat rural ou disposent de terrains à bâtir, dans les wilayas de Laghouat et de Djelfa.
Il semble que les autorités vont prendre dans les plus brefs délais les mesures qui s’imposent pour faire «déloger» les indus bénéficiaires. Ces derniers, notamment s’ils refusent de quitter les lieux, seront en outre poursuivis en justice. Cependant, ce responsable n’a fait aucunement référence aux vrais coupables, ceux qui sont à l’origine de cette situation.
Il s’agit bien sûr des responsables au niveau de la commission locale qui a procédé à cette opération de distribution de ces 190 logements. Une opération entachée donc de moult irrégularités. Des irrégularités relevées par les contestataires car dès l’affichage de cette liste, le mouvement de protestation a commencé.
La tension était très vive dans cette wilaya durant plusieurs jours et d’aucuns ont craint le pire. Ce, d’autant que des échauffourées ont éclaté avec les forces de l’ordre qui ont arrêté des dizaines de manifestants. Les associations de la société civile ont alors rejoint les rangs des protestataires qui estimaient que «parmi les 190 logements distribués, un seul a été attribué à un habitant de Laghouat».
«La distribution des logements sociaux par le chef de daïra ne s’effectue pas dans la transparence», affirmait ainsi un communiqué du bureau de Laghouat de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme. Les contestataires, qui continuent jusqu’à aujourd’hui, ont observé un sit-in au niveau d’une placette du quartier Maâmourah, ils disent que «les bénéficiaires se sont installés depuis peu à Laghouat, où ils ont construit des baraques.
Ils ont pu obtenir des certificats de résidence». Selon d’autres protestataires, «25 personnes d’une même famille ont bénéficié de logements alors qu’ils ne sont pas dans le besoin». La mobilisation des contestataires, qui ont observé une grève générale et un sit-in devant le siège de la wilaya avant d’être «délogés», a fini par être payante puisque les autorités locales ont reculé lorsqu’elles ont ouvert des enquêtes et ce, sur injonction des autorités centrales d’Alger.
Mais pour l’heure aucun responsable de cette situation n’a été relevé de ses fonctions alors que les protestataires accusent le chef de daïra d’avoir fait dans le favoritisme, le népotisme et les passe -droits. Cet exemple de Laghouat n’est pas un cas isolé, loin s’en faut.
Car ces pratiques néfastes existent partout et l’on comprend dès lors pourquoi il y a contestation à chaque distribution de logements sociaux. Et très souvent les responsables «corrompus» et fautifs demeurent impunis. Face à cette situation les pouvoirs publics doivent agir contre ces pratiques malveillantes et châtier les responsables et ce afin d’éviter que les événements de Laghouat ne se reproduisent ailleurs. En somme le cas de Laghouat doit servir de leçon.
Kamal Hamed