Trafic à la frontière ouest : Drogue et armes pour déstabiliser l’Algérie

Trafic à la frontière ouest : Drogue et armes pour déstabiliser l’Algérie

D’une longueur de près de 400 kilomètres, la frontière algéro-marocaine reste le vecteur par excellence de la contrebande, toutes marchandises confondues. Sans la présence des GGF, un corps spécial de la Gendarmerie nationale chargé de surveiller les frontières, l’ampleur du trafic aurait été plus nocive à l’économie nationale.

Des centaines de litres de carburant sont pompés des différentes stations par la «mafia» et acheminés vers le Maroc, en échange de grandes quantités de drogue et d’alcool, empoisonnant notamment la population juvénile, inconsciente du danger qui la guette.

Les gendarmes et gardes frontières mènent un combat contre ce phénomène mais leur mission est loin d’être facile dans ces zones accidentées et désertes, sur un tracé frontalier aggravé par l’existence d’habitations d’Algériens se situant au-delà de ce tracé. Il est vrai que les éléments des gardes frontières ont affaire à des contrebandiers qui n’hésitent pas à utiliser tous les moyens pour faire passer leurs marchandises.

La complicité des citoyens des zones frontalières avec ces personnes n’est pas à écarter. Le commandement de la Gendarmerie nationale a procédé au renforcement de ces unités d’intervention et des dispositifs de lutte, et ce par un plan spécial de développement incluant, entre autres, la création de nombreux nouveaux postes à des points avancés afin d’être plus efficaces.

Pour voir de près, et en compagnie des éléments des gardes frontières relevant du 19e groupement de Bab El-Essa, nous avons visité, avant-hier, la ville de Maghnia (wilaya de Tlemcen) ainsi qu’une bonne partie de la bande frontalière ouest connue pour ses jerricans de carburant, l’utilisation de bêtes et pour ces voitures servant au transport du carburant et de différentes autres marchandises «importées et exportées» illégalement. Boukanoune, Bab El-Essa, Siouani et Chraga, tels sont en effet les principaux axes frontaliers utilisés par les réseaux de trafic de stupéfiants, d’armes, de boissons alcoolisées et de carburant.

Sur le terrain, nous avons pu constater les efforts consentis par les unités des gardes frontières dans le temps et dans l’espace, avec l’utilisation de tous les moyens, dans leur chasse aux convois de narcotrafiquants, ainsi que les difficultés qui leur compliquent la tâche.

Les trafiquants de carburants font la loi

Vers 15h30, nous accompagnons le commandant du 19e groupement des gardes frontières, Bouziane Larbi, dans son inspection aux postes avancés des GGF sur un vaste tracé frontalier. Sur les chemins arides et impraticables, nous comptons beaucoup d’ânes. Ces bêtes bénéficient d’un égard particulier. Elles sont bien nourries et entretenues pendant la journée pour bien «travailler» le soir.

En effet, ces animaux servent au transport des jerricans de carburant vers le Maroc, avec une grande connaissance de la route, même s’ils sont abandonnés à mi-chemin.

Il est à signaler qu’un âne de Maghnia peut transporter, en une fois, une dizaine de jerricans, nous a fait savoir le commandant Doghmani Badreddine. Des contrebandiers, notamment algériens, utilisent d’autres moyens pour transporter leur marchandise.

Des voitures aux vastes réservoirs et des camions font plusieurs navettes dans la journée pour faire le plein de carburant au niveau des stations et le transporter vers les habitations sur le tracé frontalier pour le faire passer au Maroc, ajoute le commandant Badreddine. Nous visitons plusieurs postes et points avancés de nos frontières et le constat est souvent le même.

Des centaines de jerricans et de bêtes sont saisis sans pouvoir arriver à mettre fin au fléau qui se développe de jour en jour. Durant cette visite, nous avons pu constater les difficultés rencontrées par les éléments de la GGF dans leur noble mission.

Saisies record d’alcool frelaté

Près de 738 745 litres de mazout et 81 630 litres d’essence ont été récupérés par les services des GGF depuis le début de l’année 2009.

Les mêmes services ont saisi 2 877 bouteilles de boissons alcoolisées, près de 884 kilogrammes de kif traité et 50 cartouches de cigarettes venant du Maroc.

Ces opérations ont permis la saisie de 44 véhicules et 7 motocyclettes utilisés par les contrebandiers.

Le trafic d’armes alimente les réseaux terroristes

Dans ce cadre, les éléments du groupement de la gendarmerie de Tlemcen ont réussi à saisir un nombre important de munitions de chasse, à savoir 4 995 cartouches pleines et 608 vides. Ces mêmes unités ont démantelé, au cours de l’année 2009, un important réseau de commercialisation d’armes et de matières explosives, avec l’arrestation de 5 individus et la saisie de 117 mines antipersonnel.

La gendarmerie a réussi, également, à mettre la main sur 3 fusils de fabrication artisanale, 4 fusils de chasse, 2 pistolets automatiques et 90 détonateurs. Il a été question de la saisie aussi de 3,07 kilogrammes de poudre noire.

3 quintaux de kif traité saisis en 2009

Dans le cadre de la lutte contre les stupéfiants, les éléments de la Gendarmerie nationale relevant du groupement de la wilaya de Tlemcen ont réussi, lors des différentes opérations combinées, à mettre la main sur d’importantes quantités de drogue, que les narcotrafiquants tentent de faire passer du Maroc vers l’Algérie.

Durant l’année 2009, les unités du groupement ont pu saisir 2 845,83 kg de kif traité dans 87 affaires, impliquant 119 personnes, et ce contre 2 280 kg en 2008.

Selon une source officielle, les trafiquants tentent de faire passer des quantités limitées à cause des difficultés et des pertes qu’ils ont subies auparavant lorsque des tonnes de drogue avaient été saisies, notamment l’année écoulée.

Vu les quantités considérables de drogue saisies dernièrement, les services de la gendarmerie n’écartent pas l’implication des réseaux de trafic de drogue dans des affaires de financement ou de soutien aux quelques groupes terroristes activant toujours à l’ouest du pays.

Lynda Louifi