Trabelsi : «Mardi, on entrera sur le terrain la main dans la main»

Trabelsi : «Mardi, on entrera sur le terrain la main dans la main»
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L’entraîneur de la Tunisie Sami Trabelsi ne cache pas sa satisfaction après avoir atteint le carré d’as, il nous parle dans cette interview du derby face aux Verts et des relations entre nos deux pays qui ne peuvent pas être ébranlées par un simple match de football.

– Un mot sur votre qualification pour la demi-finale aux dépens du tenant du titre ?

– Comme vous venez de le voir, on savait avant le match qu’on allait faire face à un adversaire de taille avec de l’expérience et de la qualité technique le match n’était pas facile et la sortie de deux joueurs sur blessure n’a fait que compliquer les choses pour nous, ils nous ont pénalisés par moments, on n’était pas assez lucides, pas assez concentrés, on est entrés dans une confusion et dans des problèmes hors football, en seconde mi-temps il y avait un léger mieux, mais je peux vous dire que ce n’était guère un match référence pour nous aujourd’hui (NDLR : entretien réalisé à l’hôtel Coral après le match), il y avait plusieurs imperfections.

– Qu’avez-vous à retenir de ce match ?

– La victoire, c’était le plus essentiel et on l’a arrachée, il y a aussi le mental, l’état d’esprit, notre bonne gestion du match, parfois on ne débute pas un match comme il faut, à cause de la méforme de l’un ou de l’autre, et on compense ça par l’expérience des joueurs qui peut faire la différence.

– Ne pensez-vous pas que les joueurs de l’Espérance, ont joué surexcités avec le but de prendre leur revanche vu ce qui s’est passé face à Mazembe en CL ?

– Vous savez ce n’est pas toujours qu’on a l’occasion de jouer la CL pour la gagner et d’aller en coupe du monde des clubs, il y a encore des séquelles, on a discuté avec les joueurs et on leur a expliqué que c’était du passé, mais on a vu quand même que depuis le moment des salutations avant le début du match, il y a eu des accrochages, heureusement qu’on n’a pas eu des cartons rouges, ni de problèmes qui auraient envenimé les choses davantage, c’est une rencontre à oublier.

– On sent depuis le début de ce CHAN que vos joueurs jouent avec une grande envie de réussir et une volonté visible, peut-on lier ça à ce qu’a vécu récemment la Tunisie ?

– C’est clair, si on est ici c’est pour honorer la Tunisie et son peuple, pour donner de la joie dans les maisons tunisiennes, et faire sortir le public tunisien des tensions et du climat vécu ces dernières semaines, on joue pour ces gens-là, j’espère pouvoir le faire.

– Aux dépens de l’Algérie ?

– J’ai discuté avec mon frère Abdelhak, je lui ai dit, ça sera une fête et celui qui se qualifie ‘’Mebrouk âalih’’ moi je serai content si mon frère va en finale, je crois que c’est son sentiment aussi, c’est un match de football, un derby, pas plus ça se jouera sur le terrain et que le meilleur gagne.

– Un mot sur cette équipe algérienne, décrivez-la comme vous la voyez…

– On se ressemble beaucoup et ce dans plusieurs points, on est proches sur le plan technique, la qualité des joueurs et les individualités aussi sont presque les mêmes, l’autre point commun entre nos deux football, c’est la rage de vaincre, ou ‘’la grinta’’ comme on l’appelle chez nous, l’envie de gagner et d’aller loin.

– Le match sera donc difficile ?

– Certainement, pour les deux équipes.

– A travers ce qu’on a remarqué, vous adaptez pratiquement le même schéma tactique que celui de Benchikha…

– Peut-être, mais nous on a adapté ce dispositif en fonction des joueurs qu’on a, on n’a pas d’attaquants exceptionnels, on n’a pas des régisseurs exceptionnels (des meneurs de jeu) donc on fait en sorte que ça soit équilibré que ce soit sur le plan défensif ou offensif.

– Msakni vient d’être transporté à l’hôpital, il a quoi au juste ?

– Msakni a un problème de digestion, il s’est plaint avant le match, on a pensé que c’était juste le stress, mais après en cours de la partie, il a reçu un coup de coude de la part d’un joueur congolais au niveau du ventre qui a réveillé les douleurs, j’espère que les analyses ne révéleront rien de grave, pour pouvoir compter sur lui dans cette rencontre.

– Et Derradji ?

– Pour ce qui est de Oussama c’est juste une crampe, on n’a pas trop voulu prendre de risques, on a préféré le remplacer pour qu’il se repose.

– Benchikha était dans les tribunes tout à l’heure, il aurait déjà rédigé son rapport sur votre équipe…

– Eh ben, nous aussi on a vu hier votre match, donc on est à égalité… non franchement je crois que Benchikha est venu aussi soutenir la Tunisie, il aime trop notre pays, et c’est pareil pour moi, car j’ai soutenu l’Algérie, après tout ce n’est qu’une rencontre de football.

– Un match de football, mais c’est un face à face entre le championnat d’Algérie et celui de la Tunisie…

– Certainement, avec toutes les belles choses qu’on peut trouver dans nos deux championnats et les grands clubs qui y évoluent, mais en réalité seul le terrain va départager les pensionnaires de nos deux championnats, chacun aimerait gagner, chacun voudrait aller plus loin, mais tout en gardant nos relations intactes, l’amitié qui existe, mais sur le terrain il faudra tout de même un vainqueur et un vaincu.

– L’Algérie a 24h de plus que vous pour récupérer, ne pensez-vous pas que cela peut vous pénaliser ?

– Certes dans le football la récupération est importante, mais dans un tournoi on a la fin d’une rencontre et le début d’une autre, on doit faire avec.

– Vous avez écarté le tenant du titre, ça veut dire quoi selon vous ?

– Qu’on a une équipe qui est venue ici pour jouer le titre, avec des joueurs pleins de volonté.

– Que pense le sélectionneur tunisien du geste de ses joueurs en fin de match quand ils ont provoqué les Congolais en imitant Kidiaba ?

– Ils nous ont provoqué dès le début en refusant de saluer quelques-uns de mes joueurs, et ce que mes éléments ont fait, ça fait partie du football, ces joueurs congolais, ceux de Mazembe pour être plus précis, ont provoqué les Tunisiens lorsqu’ils ont gagné la ligue des champions par ce geste, donc mes joueur n’ont fait que s’exprimer eux aussi.

– Vous connaissez sans doute bien l’équipe algérienne, et vous avez noté ses points forts et ses points faibles, et les joueurs clés de l’équipe, pouvez-vous nous en parler ?

– Je pense que vous avez un jeu défensif assez solide, compact, et les joueurs sont bien positionnés sur le terrain, pour ce qui est de votre attaque, je crois que vous disposez d’un bon attaquant qui a de la qualité et le sens du but, Soudani en l’occurrence, qui est un bon joueur, il y a aussi Hadj Aïssa, un très bon élément, très talentueux depuis longtemps, aussi au niveau de la défense, avec votre solide charnière centrale, composée de deux joueurs cohérents (NDLR : Maïza et Laïfaoui) Et des travailleurs comme nous en Tunisie, 2 à 3 milieux du terrain, qui ont des qualités techniques et physiques au niveau de la récupération, en somme c’est un team équilibré.

– Vous semblez connaître bien l’Algérie, mais bien sûr aussi votre équipe, alors pensez-vous que la qualif’ est jouable ?

– Disons qu’on part à chances égales, parce que l’Algérie n’a pas démérité d’être en finale, nous aussi, on est plus ou moins constants dans notre rendement, on est aussi deux nations qui marquent des buts et c’est quelque chose de positif, on a les chances égales.

– Ne pensez-vous pas que le fait que Benchikha ait entraîné en Tunisie, peut s’avérer un avantage de taille pour lui dans ce match ?

– C’est sûr, il connaît tous les joueurs, et les clubs tunisiens vu qu’il a travaillé en Tunisie, mais on peut tout préparer avant un match, on fait une lecture du jeu de l’adversaire, on décortique tout, mais c’est l’envie et le rendement du joueur qui décident sur le terrain, il fait la différence, certes sur le plan tactique ou organisationnel c’est sûr Benchikha connaît bien la maison et ses points faibles et forts, mais c’est mes joueurs qui décideront sur le terrain.

– Benchikha nous avait déclaré à l’issue de la première rencontre que vous avez joué face à l’Angola que si jamais l’Algérie et la Tunisie se rencontraient dans cette compétition, les joueurs des deux équipes accéderont sur la pelouse la main dans la main…

– C’est avec un grand plaisir que j’entends ça, certainement on va le faire, on entrera sur le terrain la main dans la main, on est deux peuples frères, c’était très gentil et très touchant, vos responsables nous ont invités avant ce CHAN pour faire la préparation en Algérie, c’était un geste qui a eu un grand impact sur la rue tunisienne qui a apprécié, ça nous a touchés, on est des frères, des amis, c’est la même la même famille, mais sur le terrain, chacun défendra les couleurs de son drapeau.