L’extermination du patrimoine végétal de la région est en cours. Et ce ne sont pas les moyens des unités de la Protection civile qui vont stopper cette mise à mort
Le calvaire des feux de forêts dure depuis le début de la canicule.
Une vive tension régnait hier dans la ville de Larbaâ Nath Iraten ainsi que toutes les localités environnantes. La même situation était de mise également non loin de là à Aïn El Hammam. En fait, c’est le même climat qui règne à travers toutes les communes de la wilaya de Tizi Ouzou.
Le calvaire des feux de forêts dure depuis le début de la canicule. Mizrana, Yakouren, Iflissen, Tigzirt, Makouda, Aït Aïssa Mimoun au nord, Bouzeguene, Azazga, au sud-est, Draâ El Mizan, Boghni, Tademaït, au sud-ouest, Sidi Naamane à l’ouest, les flammes ne cessent d’avaler tout sur leur passage.
Une véritable catastrophe est en train de se produire dans la wilaya de Tizi Ouzou. L’extermination du patrimoine végétal de la région est en cours. Et ce ne sont pas les moyens des unités de la Protection civile qui vont stopper cette mise à mort.
En l’espace d’une semaine, celle qui vient de s’écouler, ce sont pas moins de 244 ha de forêts qui ont été ravagés par les feux rien que dans la région de Oued Ksari. A Bouzeguene, en même temps, 7000 arbres fruitiers étaient calcinés par les flammes.
Une quarantaine de ruches sont également détruites dans la même région. Ces jours-ci, entre Larbaâ Nath Iraten, Aïn El Hammam, Mizrana, Makouda, la Protection civile évoque un bilan non moins désastreux. Quelque 917 ha de forêt sont partis en fumée et le feu n’est pas encore maîtrisé. Hier dans l’après-midi, les villages d’Aït Agouacha et Thadarth Oufella demeuraient encore sous la menace des flammes. Dans cette région connue pour sa riche ceriseraie, les bilans font état de 7000 arbres fruitiers détruits par les feux, ces deux derniers jours. Les bilans de la catastrophe qui a touché le chêne-liège avec toutes ses variétés dans le massif forestier de Mizrana n’a pas été communiqué mais, il semble de visu que les pertes sont immenses.
En fait, les bilans ne sont pas encore exhaustifs. L’ampleur de la catastrophe n’apparaîtra que vers l’automne.
Lorsque les populations auront du répit pour évaluer les dégâts. Des constats visibles à l’oeil nu mais il y aura certainement d’autres que toutes les autorités essayeront de taire. Si les arbres perdus peuvent être replantés à l’avenir, il n’en est, hélas, pas de même pour la santé.
Des voix s’élèvent d’ailleurs pour tirer la sonnette d’alarme sur les décharges publiques touchées par les feux. Des émanations sont constatées par des citoyens avisés provenant des produits toxiques brûlés. Des maladies apparaîtront sans nul doute et elles emporteront des vies humaines dans une omerta totale comme de coutume.
C’est donc, sans conteste, une véritable catastrophe que vivent les populations de toutes les communes de la wilaya de Tizi Ouzou. Hier, dans l’après-midi, une vingtaine d’incendies continuaient toujours de ravager les forêts et les cultures.
Les interventions des unités de la Protection civile, très présentes sur le terrain, n’ont pas été capables de maîtriser les feux.
Par ailleurs, il faut mentionner que ces feux, qui se déclenchent partout, suscitent de véritables interrogations parmi les populations locales. Beaucoup de personnes âgées interrogées affirmaient ne jamais se souvenir d’une année aussi maléfique. Exaspérés, des citoyens s’en prennent aux autorités et aux militaires qu’ils accusent de mettre délibérément le feu. C’est le cas à Aït Yahia Moussa et Tademaït.
Connue pour son agriculture arboricole, la wilaya de Tizi Ouzou accuse un véritable coup dur. Des dizaines de milliers d’oliviers partent en fumée chaque année. Les agriculteurs, qui connaissent cet arbre mythique affirment qu’il faudra plusieurs décennies pour son renouvellement.
C’est pourquoi, au rythme où vont les incendies cette année, la sonnette d’alarme doit être tirée immédiatement car c’est inévitablement le disparition de l’olivier qui s’annonce.