Tout sur la conférence de presse de Saâdane

Tout sur la conférence de presse de Saâdane

Le sélectionneur national Rabah Saâdane a tenu, jeudi au Centre de presse du stade 5 Juillet, sa première rencontre avec les médias depuis la qualification des Verts au Mondial 2010. Saâdane a fait un bilan des dernières éliminatoires combinées de la CAN et du Mondial 2010 avant d’aborder les questions de l’heure, dont le cas Lahcen qui continue à défrayer la chronique. Voilà tout sur cette conférence de presse.

«Merci aux Egyptiens de nous avoir unis»

«Notre objectif a été atteint, voire dépassé. On voulait aller à la CAN et on a réussi à se qualifier au Mondial. C’est extraordinaire.

Le Bon Dieu nous a aidés et répondu aux prières de nos vieux et vieilles. La qualification au Mondial est le fruit d’un travail collectif. Tout le pays s’est mobilisé derrière l’EN. Les Egyptiens nous ont rendu un grand service, celui de nous unir. On ne les en remerciera jamais assez.

C’était une réussite pas seulement technique. Les Egyptiens ne veulent pas comprendre justement qu’on les a éliminés grâce à notre intelligence et grande capacité organisationnelle. Ils ont tout préparé pour nous battre chez eux avec un score lourd, mais leurs plans ont échoué grâce à tous ces hommes de l’ombre, qui nous ont protégés au Caire.

Sans citer de noms, ces gens de la FAF et d’autres institutions du pays nous ont aidés à contrer les Egyptiens chez eux. Merci en tout cas à tout le monde, sans oublier le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui a battu ses adversaires de l’autre côté.

Faire déplacer 10 000 supporters sur une distance de 5000 km est un grand exploit. Cela démontre le génie et le savoir-faire de l’Algérien et sa capacité de réaction dans les moments difficiles.»

«On est essoufflés»

«On est sortis fatigués des éliminatoires. On est essoufflés et on n’a pas encore récupéré. On n’avait même pas le temps pour assister au tirage au sort de la CAN. On a seulement délégué Djahid Zefzef, car le temps était court. La CAF doit revoir sa copie.

Mettre la CAN à quelques mois du Mondial est une erreur. La CAF doit trouver d’autres solutions, car le Mondial est très important.

Sur le plan organisationnel, tout est ficelé en tout cas, tant pour la CAN que pour le Mondial grâce à la compétence et aux relations de Mohamed Raouraoua au niveau de la CAF et de la FIFA. Avec Raouraoua, on a gagné du temps. C’est important d’avoir des hommes au niveau des instances internationales.»

«La liste définitive sera établie le 30 décembre»

«On a prévu un stage au Castelet du 26 décembre et 7 janvier, d’où on se rendra à Luanda par vol spécial avec tous les moyens logistiques et alimentaires nécessaires. Un premier groupe sera en Angola à partir du 1er janvier, sous la direction de Djahid Zefzef, pour nous préparer le terrain.

On arrêtera la liste définitive des 23 le 30 décembre, dernier délai fixé par la CAF. Il y aura une journée de championnat en Europe et on risque d’avoir des blessés.

On avait fixé au départ une liste de 30 joueurs. Il y a eu des hésitations sur certains éléments. On n’avait pas de temps pour les contacter. La première partie du stage, du 26 et 30 décembre, sera réservée aux contrôles médicaux et à la régénération. Notre équipe n’a nullement besoin de matchs amicaux en ce moment. Je sais ce qu’il nous faut pour la CAN. Faites-moi confiance.»

«On n’a pas encore de fond de jeu et les joueurs ne me dicteront jamais leur loi»

«Ce ne sont pas les joueurs qui vont me dicter leur loi. Que chacun reste à sa place. Les joueurs sont largement payés et ils doivent respecter mes choix. Je vais tout leur dire en face lors du prochain stage. Que chacun fasse son boulot. Personne ne peut nous donner des leçons.

C’est moi qui ai créé ce groupe. On l’a construit étape par étape depuis deux ans. On continue encore la construction. On est encore loin. Il ne faut pas s’enflammer et se fier au classement FIFA qui n’est pas objectif. L’EN a beaucoup de défaillances sur le plan technique.

On n’a pas encore de fond de jeu. Les Egyptiens sont meilleurs que nous sur ce plan. On a compensé notre handicap par le courage et la volonté des joueurs. On a une équipe qui a du cœur, qui en veut.»

«Ceux qui m’ont demandé d’écarter Saïfi et Zaoui se sont trompés»

«A la fin de la saison passée, beaucoup m’ont demandé d’écarter Saïfi. Où je me trouve, on me fait cette demande. Moi, je connais la valeur de Saïfi, un joueur intelligent et très expérimenté. Il nous a été utile. Il a marqué un but décisif contre la Zambie.

Idem pour Zaoui que beaucoup contestent également. Or, il nous a sauvés à Khartoum durant les 20 minutes jouées contre l’Egypte. On connaît la valeur de chaque joueur et comment l’utiliser. Il se passe des trucs internes que personne ne connaît.

On réserve beaucoup de temps pour corriger les erreurs des joueurs. On communique énormément avec eux. Des rencontres individuelles sont programmées à chaque stage dans leurs chambres mêmes. A chaque fois que l’un d’eux faute, on le remet vite à l’ordre. On est en train d’accomplir un travail de fond sur le plan mental et disciplinaire.»

«On va souffrir en Angola et la CAN est un objectif intermédiaire»

«On est fatigués, et la CAN sera un objectif intermédiaire. Ce sera un test pour certains joueurs qui n’ont pas joué durant les éliminatoires à l’image de Abdoun qui s’impatiente. Je lui ai demandé d’être patient. Je lui ai clairement dit que s’il ne fait pas preuve de patience, il n’a qu’à partir. La CAN sera aussi une bonne opportunité pour améliorer notre jeu.

Ce sera difficile de passer au second tour. Ceux qui pensent qu’on est tombés dans un groupe facile se trompent lourdement.

On aura de sérieux clients y compris le Malawi. On vient de recevoir des cassettes sur cette équipe du Malawi et je peux dire que ce n’est pas du gâteau. Il n’y a plus d’équipe faible. Le Rwanda nous a fait suer d’ailleurs. Le Mali a un meilleur effectif que nous et l’Angola est le pays organisateur qui doit se qualifier au second tour. Il restera une place pour trois.

On va superviser nos adversaires. Une chose est certaine, ce sera dur. Les conditions climatiques, la chaleur et l’humidité, vont nous compliquer davantage la tâche. Si on ne garde pas le ballon, on mourra sur le terrain. On va vers la difficulté, on va souffrir en Angola. On va jouer comme d’habitude, match par match. On fera tout pour se qualifier au second tour et aller plus loin encore si c’est possible.»

«Lahcen, on verra après la CAN»

«Lahcen a été pris dans la dynamique née de la qualification de l’EN au Mondial. Il a fait ses papiers. Ses proches ont insisté pour qu’il rejoigne la sélection.

C’est un gars intéressant pour la sélection. Moi, je cherche le plus à tous les niveaux pour faire progresser davantage la sélection.

Il y a des talents partout à l’étranger, au Canada, en Allemagne, aux Pays-Bas…, et il faut les ramener à l’avenir. Après la qualification au Mondial, j’ai dit à Raouraoua que Lahcen m’intéresse, et il a fait les démarches nécessaires pour le faire venir.

Le problème des papiers a été vite réglé et le président de la FAF a annoncé sa venue sans être en possession de tous les détails, surtout d’ordre personnel que j’ai eus moi-même en discutant avec le joueur. Je peux dire que c’est un garçon magnifique, éduqué et motivé pour défendre les couleurs nationales.

Mais un problème très sérieux d’ordre personnel l’empêche pour le moment de nous rejoindre. C’est dommage, car on a besoin de lui. Il peut être le poumon de l’équipe au milieu, comme l’était Kaci Saïd, Cherif El Ouazzani et autres Saïb par le passé. On verra après la CAN. Il faut à présent qu’on le laisse tranquille, car il a été touché par tout ce qui s’est dit sur lui ces derniers temps.»

«Personne ne connaît mieux que moi Ziaya»

«Personne ne connaît mieux que moi Ziaya que j’ai eu pendant cinq mois à l’ESS. On l’a bien suivi. Cela fait un bon moment qu’il est sur nos tablettes.

Il a fait des progrès. Deux attaquants ont sauté, Djebbour et Ghilas, et il a été sélectionné. J’assume mes choix et je n’ai aucune explication à donner sur l’éviction de Ghilas. Les portes de l’EN seront toujours ouvertes pour ces deux joueurs.

Je tiens à préciser que Benyamina ne figure pas parmi les réservistes. C’était une erreur technique. Les joueurs réservistes sont Ousserir, Meftah, Metref et Chadli qui est en train de briller dans le championnat allemand. Benyamina est une pointure, mais on n’a pas eu de temps pour le contacter. Les portes vont s’ouvrir après la CAN. Pour Soltani, il ressemble beaucoup à Bezzaz qui revient en force.»

«Je choisirai le gardien n°1 en France et il y aura des changements dans certains postes»

«Zemmamouche était le quatrième gardien de but. Il était dans l’équipe B depuis deux ans. Ousserir a baissé et Zemmamouche a pris sa place. Pas de sentiments dans nos choix. Si Mohamed de la JSMB est bon aussi et on est train de le suivre.

Je vais déterminer le gardien de but n°1 lors de notre stage en France. Je vais communiquer avec les intéressés. C’est la réalité du terrain qui tranchera. Idem pour les autres postes. Il y aura d’ailleurs des changements dans certains postes.»

«On n’est pas en 82 et 86, chacun est à sa place»

«On n’est pas en 82 et 86. Ce n’est pas la même situation. Le problème des primes ne se pose plus. On a établi un barème, et les joueurs de l’EN sont considérés comme des professionnels. Ils sont bien rémunérés.

Je dis merci à la FAF et aux pouvoirs publics pour les efforts fournis sur le plan financier. La FAF a même doublé les primes après notre qualification au Mondial. Sur le plan organisationnel, on a fait d’énormes progrès. Chacun est à sa place. Il n’y a plus d’interférences. Personne ne s’immisce dans mon boulot.

Il y a une grande concertation entre moi et Raouraoua. Ce dernier respecte toujours mes choix et mes décisions que j’assume pleinement. Il nous reste quand même des progrès à faire, surtout sur le plan de la communication. Le statut de l’EN a dépassé tout le monde. La création d’une cellule de communication à la FAF s’impose.»

«Le match contre la Serbie n’est pas encore confirmé et les Slovènes sont meilleurs que nous en ce moment»

«Le match amical de mars prochain contre la Serbie n’est pas confirmé à 100%. Il manque l’accord final du sélectionneur serbe.

On va se concentrer sur le Mondial après la CAN. Je tiens seulement à dire que ceux qui affirment que notre premier adversaire en Coupe du monde, en l’occurrence la Slovénie, est à notre portée se trompent. Les Slovènes sont meilleurs que nous en ce moment.

Il nous reste encore beaucoup à faire pour élever notre niveau de jeu. On est très solide sur le plan collectif, mais on a plusieurs défaillances à combler. C’est ce qu’on essayera de faire durant la CAN.»

«Mon contrat expire en juillet»

«Mon contrat avec la FAF va expirer en juillet 2010, après la Coupe du monde. Il est automatiquement prolongé jusqu’en juillet après notre qualification au Mondial. Pour le moment, la FAF ne m’a pas fait de proposition pour le renouveler.

En toute sincérité, j’aimerais bien arrêter là. J’ai atteint mes objectifs et je suis content que mon pays revienne sur la scène mondiale. Ma joie était immense lorsque j’ai vu le drapeau algérien flotter en Afrique du Sud lors du tirage au sort de la Coupe du monde.»

«Raouraoua voit loin»

«On a des objectifs lointains. Raouraoua voit loin. L’EN doit être présente aux prochaines CAN et au Mondial 2014. On veut stabiliser l’équipe et la renforcer tout doucement par des joueurs de haut niveau. Il faut toutefois profiter de la dynamique actuelle pour redresser le football local.

Une nouvelle réforme s’impose. On a une jeunesse vivante qui a besoin de terrains de proximité pour s’épanouir dans toutes les disciplines. Le sport a un rôle important à jouer, et les autorités en sont conscientes après tout ce qu’on a vécu lors de notre qualification au Mondial 2010.

Je tiens à souligner que le sport a besoin de stabilité et de continuité. Il nous faut un bon ministre qu’on doit laisser travailler pendant 10 ans pour avoir des résultats.»

L. B.