Contrairement à son prédécesseur, le chef de la diplomatie algérienne a usé d’un ton menaçant à l’égard du Maroc, qui ne cesse de s’attaquer à l’Algérie à tort et à travers.
«Nous espérons que la conclusion sera tirée et que ces deux positions inadmissibles et irresponsables seront les dernières du genre que nous entendrons», dira Ramtane Lamamra.
La campagne de dénigrement du Maroc contre l’Algérie se poursuit. En effet, certains médias marocains ne ratent aucune occasion pour tenter de discréditer l’Algérie.
La dernière attaque en date est orchestrée par l’agence de presse marocaine (MAP). Connue pour ses délires, MAP s’en prend cette fois-ci au président de la République, suite à son appel à la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental, lu en son nom à Abuja par le ministre de la Justice.
La diplomatie algérienne n’a pas tardé à réagir à cette énième attaque venimeuse et absurde de la presse marocaine. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a qualifié hier à Alger d’«irresponsable» et d’«inadmissible» l’attaque médiatique menée par l’agence de presse marocaine contre l’Algérie.
«Le discours prononcé à Abuja au nom du président de la République par le ministre de la Justice est un rappel de la position bien connue de l’Algérie sur l’exigence du respect des droits de l’homme au Sahara occidental à travers la mise en place d’un mécanisme (international) de suivi et de surveillance», a expliqué hier Ramtane Lamamra, lors d’une conférence de presse animée conjointement avec la ministre des Relations extérieures de la Colombie, Maria Angela Holguin, en visite officielle en Algérie.
«Ceci (le discours du président de la République) semble avoir suscité une réaction de la part de l’agence de presse officielle du royaume marocain (MAP).
Je continuerai à m’en tenir à la retenue, néanmoins, je dois dire que cet incident ainsi que les déclarations faites par un chef de parti politique marocain ouvertement et outrancièrement expansionnistes, sont absolument inadmissibles et irresponsables», a-t-il ajouté. Samedi, le parti Istiqlal avait appelé l’État marocain à récupérer des territoires algériens.
«Le PI demande à l’État marocain de revendiquer officiellement la récupération des territoires du Sahara oriental spoliés par l’Algérie et exige que l’affaire de ces territoires occupés soit inscrite devant la 4e commission de l’ONU, chargée des décolonisations des territoires occupés», selon le site marocain Le Mag.
Poussant le ridicule à son paroxysme, l’agence marocaine accuse, toute honte bue, le Président Bouteflika de tenter «une énième diversion pour occulter une situation interne précaire».
«La sortie du président algérien trahit (…) la grande fébrilité d’un régime conscient de l’insoutenabilité de sa position anachronique sur la question du Sahara. Mais toute insoutenabilité est forcément moribonde face à la double réalité historique et sur le terrain», ajoute cette nouvelle dépêche fielleuse de la MAP, chargée par le Makhzen de cracher son venin.
LAMAMRA, UN MINISTRE QUI FAIT PEUR À RABAT
Les attaques et les campagnes de dénigrement d’une certaine presse marocaine à l’égard de l’Algérie ne datent pas certes d’aujourd’hui. Mais elles se sont intensifiées ces derniers temps et surtout depuis la nomination de Ramtane Lamamra, un vieux routier de la diplomatie algérienne, à la tête du ministère des Affaires étrangères.
Il commence déjà à donner du fil à retordre à Rabat. Le royaume chérifien suivait de près les pas du nouveau ministre. Que ce soit sur le Sahel ou le Sahara occidental, ses déclarations sont automatiquement reprises, avec beaucoup d’appréhension, par les journaux et sites marocains.
L’une d’entre elles a été faites à Bamako, à l’occasion d’un point de presse, où le ministre a été interrogé sur les relations algéromarocaines, supposées en déchéance, notamment depuis la cérémonie d’investiture du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, à laquelle le roi du Maroc avait assisté.
Lamamra a remis les pendules à l’heure pour mettre en cause une certaine presse en déclarant que «certains médias se sont arrangés, avec l’art consommé du sensationnel, pour créer une tempête dans un verre d’eau, dans cette région saharienne si avide en ressources hydriques, je crois que cela pouvait être, pendant un court moment à la mode, mais cette mode devrait maintenant être dépassée».
Lamamra est un fin connaisseur des dossiers les plus sensibles, surtout celui du Sahara occidental. Cet épineux dossier est le terrain de prédilection de Lamamra, et les officiels marocains en sont conscients, ce qui explique leur panique.
«Le 8 octobre dernier, à l’occasion de la Journée de la diplomatie algérienne, j’avais appelé nos frères marocains à la retenue et j’avais indiqué que pour notre part nous allions observer cette retenue. Depuis lors, malheureusement, nous n’avons pas eu beaucoup de démonstrations de retenue», a déploré le chef de la diplomatie algérienne.
Lamamra a émis le souhait que «la conclusion sera tirée et que ces deux positions inadmissibles et irresponsables seront les dernières du genre que nous entendrons». Un souhait aux allures d’avertissement. De quoi donner des cauchemars à Mohammed VI.
M. A. M.