Après plus de deux mois d’instabilité et d’agitation dans les grandes écoles dont les doléances n’ont pas été prises en charge, et dans le but d’éviter une année blanche, les étudiants des grandes écoles ont décidé, en partie, de reprendre les cours à partir d’aujourd’hui tout en maintenant la pression par l’organisation de nouvelles actions de protestation pour faire aboutir leurs revendications. Plusieurs écoles devraient reprendre les cours à partir d’aujourd’hui, selon les étudiants délégués joints par téléphone.
Selon Islam A. de l’Ecole nationale supérieure d’agronomie, la décision de geler la grève a été prise par crainte d’une prolongation de la protestation vers une année blanche, sinon renchérit-il, les actions de contestation se poursuivent parallèlement. Idem pour les étudiants de l’Ecole nationale polytechnique ayant pris la même décision pour rejoindre les campus à partir d’aujourd’hui. Par ailleurs, si certaines écoles sont résolues à la reprise des cours à partir d’aujourd’hui, certaines autres ne sont pas encore décidées. C’est le cas notamment de l’Ecole nationale supérieure de l’hydraulique. L’administration de cette dernière semble «jeter de l’huile sur le feu» selon les étudiants contactés. En plus de la colère commune que partage cette école avec ses semblables des écoles supérieures, les étudiants de l’Ecole nationale supérieure de l’hydraulique ont été «étonnés» du fait qu’un huissier de justice se soit rendu dans leur école, jeudi dernier, pour transmettre des convocations aux étudiants délégués. Ces derniers n’ont pas accepté de signer le reçu «du fait qu’aucun nom de l’institution d’où émane le document n’y figure». En plus de l’anonymat des convocations, les étudiants se demandent «pourquoi ce sont seulement onze délégués qui sont concernés par ces convocations». D’après les convocations, les onze étudiants délégués sont inculpés d’«usage de la violence, fermeture de l’administration, incitation à la violence et obstruction des cours dans l’enceinte de l’école». De leur côté, les étudiants accusés jugent «absurde» une telle provocation «discriminatoire». Suite à cette liste d’accusations, les étudiants de l’Ecole nationale supérieure de l’hydraulique ont décidé de poursuivre la grève en solidarité avec leurs camarades délégués. Ils ont décidé de boycotter les cours et les examens pour exprimer leur colère de voir leurs collègues convoqués par un huissier de justice. Les étudiants accusés, déjà démissionnés, ont tenu à souligner que leurs actions et revendications sont à caractère pédagogique et s’attendent à des réponses de la part du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et non pas de celui de la Justice. À cet effet, les étudiants de cette école n’ont pas croisé les bras. Ils ont lancé une pétition pour introduire le chef de département en conseil de discipline suite à «ses insultes envers les étudiants». Outre le sentiment de répression et d’injustice que subissent certains étudiants différemment à travers les écoles et facultés algériennes dans ces moments de crise de l’université algérienne, pour avoir protesté pour une université moderne, les étudiants s’attendent à ce que la tutelle prenne en charge leurs préoccupations au lieu de recourir à la justice pour adresser «des accusations aberrantes» à l’encontre des étudiants délégués qui n’ont pas l’intention de se taire pour tout ce qui ne va pas dans leur institution. Yasmine Ayadi