Tout en multipliant des manœuvres compromettantes contre l’Algérie, L’UE se démasque

Tout en multipliant des manœuvres compromettantes contre l’Algérie, L’UE se démasque

Les membres du l’UE chez le FFS

La crainte d’un scénario à la libyenne est avancée, avec cette différence qu’il est pressenti à une échelle autrement plus dévastatrice et pour le Maghreb et pour l’Europe elle-même.



La riposte n’a pas tardé. Quelques semaines après les vives critiques adressées par la classe politique algérienne au représentant de l’Union européenne à Alger au lendemain de la rencontre de sa délégation avec les membres de la Cnltd et, surtout, la sortie du ministre du Commerce, Amara Benyounès, qui a estimé les résultats de l’Accord d’association peu satisfaisants, voilà que Bruxelles réagit à son tour, par le biais de son Service pour l’Action extérieure (Seae), sorte de ministère des Affaires étrangères de l’UE. Une réaction à la fois violente et surprenante, tant dans son fond que dans sa forme. En effet, occultant les canaux habituels par lesquels le message est diplomatiquement transmis, qu’ils soient officieux ou officiels, le Seae s’est adressé à un groupe de journalistes algériens invités dans le cadre d’une visite des institutions de l’UE, pour se muer en fin de compte en une sorte de missi dominici investi de la délivrance d’un sermon ô combien alarmiste.

Que dit ce message? L’expérience et la maîtrise de la lutte contre le terrorisme n’est plus nécessaire et suffisante pour se proposer en partenaire à part entière d’une coopération bilatérale et multilatérale satisfaisante, l’Algérie ayant fait l’économie d’une vraie démocratisation de la vie politique pour se contenter de l’argument d’une pseudo-stabilité, au demeurant mise à mal par les nombreuses émeutes enregistrées quotidiennement. L’autre grief concerne la «fermeture» du champ politique, conjugué à un «immobilisme» qui fait craindre aux Européens une dérive à la libyenne. Le danger est si grand, affirme l’UE, que l’absence de vie démocratique fonde les bases d’un regain inévitable de l’islamisme radical, à tel point que la crainte d’un scénario à la libyenne est avancée, avec cette différence qu’il est pressenti à une échelle autrement plus dévastatrice et pour le Maghreb et pour l’Europe elle-même.

LG Algérie

Telle est la sentence adressée par le biais d’un groupe de journalistes qui ne s’attendaient sûrement pas à convoyer un tel missile. Un comble! Car, à bien y réfléchir, le rôle de l’UE en Libye, en Irak et actuellement en Syrie n’a pas été des plus édifiants, loin s’en faut. La dislocation de la Libye, la menace de partition de la Syrie où, après une zone d’exclusion, on recourt à des bombardements soi-disant ciblés de Daesh tout en poursuivant le véritable objectif qui est d’abattre le régime Bachar el Assad, le jeu trouble en Irak où la situation est depuis plusieurs années maintenant catastrophique… autant d’initiatives, autant d’opérations qui sont passées d’un but avoué à des objectifs radicalement autres.

Dans un certain sens, l’intérêt et les inquiétudes de l’UE s’expliquent par le fait que le Printemps arabe s’est arrêté aux frontières Est du pays. Quoi de plus logique de pousser à un ersatz de démocratie pour propulser l’Algérie sur des sentiers déjà expérimentés et lourds de conséquence pour les peuples qui y succombent. En Libye, en Syrie et à un degré moindre en Tunisie, les rencontres de l’UE avec une partie de l’opposition, sélectionnée en vertu de critères mystérieux, ont été le prélude à l’ingérence puis à l’intervention directe. Il se trouve que l’Algérie n’a jamais marchandé sa souveraineté, même au cours de la décennie noire. Le bien-être du peuple algérien est tributaire de sa seule capacité à tracer son destin et il n’a nul besoin de parrains ou de tuteurs. Les leçons de l’Histoire sont là pour le démontrer, il suffit de se remémorer le combat contre le terrorisme, dans une effroyable solitude, sous le regard satisfait des partisans du qui-tue-qui. Bien sûr que le modèle démocratique est en gestation, que sa maturation se heurte à des résistances et à des luttes sans merci entre les forces de progrès et les tenants d’un statu quo ante, mais le propre de l’Algérie est de tenir et détenir son destin entre ses seules mains, interdisant à quiconque toute tentative de s’ingérer dans ses choix fondamentaux, qu’ils soient politiques ou économiques.

Considérés par Happy Planet Index comme le peuple le plus heureux en Afrique et dans le Monde arabe, les Algériens sont-ils vraiment impatients de voir l’UE intervenir dans leurs affaires et leur prendre la main pour les conduire à la béatitude de la démocratie à l’oeuvre en Libye, en Syrie et en Irak? Leur réponse risque fort de désappointer les donneurs de leçons, même si leurs opinions et leurs actions en politique intérieure divergent. Reste la question que toute cette agitation suscite. Qu’en pense le ministère des Affaires étrangères dont on se demande quelle sera sa réaction, même tardive?