Vendue parfois aux Québécois comme un produit régulier, la viande halale et cashère nécessite un abattage rituel qui relance le débat sur les accommodements raisonnables.
« Au delà de l’aspect religieux, cet abattage rituel implique le sectionnement de la gorge et le saignement de l’animal encore vivant. Comme vétérinaire, je peux vous dire que ce type d’abattage ne correspond pas selon moi aux valeurs du Québec », a lancé le député péquiste André Simard hier en conférence de presse.
Après la France, la controverse atteint le Québec où les normes en matière d’abattage stipulent que l’animal doit être étourdi, inconscient, avant sa mise à mort par la saignée pour éviter un maximum de souffrance et de douleur.
Vétérinaire de carrière, le député Simard croit qu’il y a également un « risque sanitaire » à consommer de la viande bovine halale. En sectionnant à la fois l’oesophage et la trachée, comme c’est le cas de l’abattage halal, les risques de contamination à la bactérie E coli sont plus élevés, plaide-t-il.
« C’est légal. Mais ce qu’on constate, c’est que l’exception semble devenir la règle et ce n’est pas ce que nous voulons », insiste M. Simard, qui va jusqu’à qualifier cette pratique « d’accommodement déraisonnable ». Il estime que les gens ont le droit de savoir ce qu’ils achètent.
Mieux encadrer l’étiquetage
Le ministre de l’Agriculture, Pierre Corbeil, compte d’ailleurs presser Ottawa afin que soit mieux « encadré l’étiquetage » des produits commercialisés par les abattoirs.
« L’abattage des animaux au Québec est encadré par des lois et des règlements qui assurent un abattage sans cruauté et une viande salubre. Les Québécois peuvent donc consommer cette viande en toute confiance », a par ailleurs indiqué M. Corbeil.
La Coalition Avenir Québec (CAQ) prône aussi l’étiquetage obligatoire de la viande halale ou cashère. « On veut un étiquetage obligatoire pour que le client, le consommateur, puisse choisir en tout état de cause », plaide le député caquiste Benoît Charette.
Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, ne voit pas lui de problème à manger de la viande halale ou cashère sans le savoir. « Avant de m’intéresser au halal, ça m’intéresserait de savoir si c’est OGM ou pas », a-t-il signalé.
La règlementation en matière d’abattage rituel est de compétence fédérale.
Les représentants d’Olymel (dont l’usine de Saint-Damase est certifiée halal) ont assuré que ces produits respectent les exigences de l’Agence canadienne d’inspection des aliments. Dans les rayons des épiceries québécoises, nombreux sont les aliments certifiés cashers et ce, depuis plusieurs années.