» Tous les hôtels publics sont proposés à la privatisation « , déclarait M. Noureddine Moussa, alors ministre du tourisme et de l’Artisanat, c’était en 2006. Cela a abouti à la vente de pas moins d’une trentaine d’hôtels, dont Chellia de Batna, Salam de Skikda, El Hidhab, l’Orient à Annaba, Hammam Melouane, les Zianides de Tlemcen et le Grand Hôtel à Oran.
Ces infrastructures ont, depuis, changé de mains et certaines se déglinguent remettant ainsi en cause le frêle, soubassement touristique dont dispose notre pays. Quatre années plus tard, son successeur à la tête de ce département, M. Smaïl Mimoune, lance à partir d’Oran où il s’est rendu, avant-hier, que « Les structures hôtelières relevant du secteur public, au nombre de 76 au niveau national, ne seront pas vendues « . Le ministre souligne que » ce qui est public restera public et que la formule » location-gestion » ou » contrats de gérance « , sera adoptée pour assurer des prestations de qualité au niveau de ces hôtels « . Absence de vision à long terme ou divergence des idées ? Le département du tourisme se serait-il donc rendu compte de la débâcle du processus de privatisation entamé par ses prédécesseurs et tenterait, ainsi, de redresser la barre ? Les fameux contrats de management, comme feuille de route, qu’annonce le ministre du Tourisme et de l’Artisanat prévoient-ils un cahier des charges bien ficelé avec des contrats de performance ? Qui va donc en bénéficier ? La disparition de la majorité des écoles d’hôtellerie, à l’image de celle de Tizi Ouzou, remettrait-elle sur tapis la question des ressources humaines ? Un grave déficit qui fera insister les responsables de ce secteur sur la » la nécessité de s’appuyer sur les cadres compétents dans la gestion de ces établissements touristiques et hôteliers « . Un aspect qui semble, d’ailleurs, pris en considération par le ministère du Tourisme » dans le schéma directeur de développement du tourisme, notamment pour ce qui est de la formation et de la promotion des services « .
Et telle semble être la problématique de ce secteur qui dispose d’un parc hôtelier qui s’élève 1 176 infrastructures offrant à peine 90 000 lits. Sur ce nombre d’hôtels 76, appartiennent encore au secteur public. Les efforts des pouvoirs publics tendent à renforcer la structure d’accueil par près de 70 000 lits à travers le pays d’ici la fin de l’actuel programme quinquennal, tout en se désengageant de la couteuse opération de réalisation laissée à l’investisseur privé.
Il faut dire que le désastreux bilan définitif de cette braderie qui ne dit pas son nom aura coûté une fortune et privé l’Algérie, d’une chaîne d’hôtels à peine à recycler et à remettre aux normes internationales. Il reflète surtout le manque de clairvoyance et le peu de vision de la politique du tourisme en Algérie, qui ne cesse de tâtonner depuis les années soixante-dix. Mais, à propos de vision, quelle option touristique veut-on donc développer ? S’agit-il d’un tourisme de masse, balnéaire ou juste le tourisme pour le tourisme ? L’option des grands hôtels de luxe a prouvé ses limites en Algérie, puisque destinée à peine à une certaine catégorie de personnes.
Le marché du sommeil » touristique » a toujours tourné le dos aux petites bourses, les privant d’aspirer à des vacances, faute de moyens. De 2006 à 2010 plusieurs choix et expériences se sont avérées coûteuses et non porteuses.
Il y a eu d’abord le reclassement des hôtels, suivi de leur privatisation, ensuite du plan de qualité tourisme, pour enfin aboutir sur l’idée d’inciter le privé à investir dans les infrastructures touristiques. Ces mêmes infrastructures qui doivent répondre à un schéma directeur de la politique du tourisme en Algérie, une option qui manque apparemment encore puisqu’aucune cible ni produits touristiques n’ont été clairement définis.
Azzedine Belferag