TOURISME : Les vrais enjeux économiques

TOURISME : Les vrais enjeux économiques

Le défi majeur est de parvenir à faire le produit touristique algérien par la demande internationale.

En 2015, l’industrie touristique mondiale a réalisé près de 1 milliard 260 millions de dollars US de chiffres d’affaires. Ce niveau a été atteint grâce à une progression annuelle régulière au cours des quatre dernières décennies. Ce résultat est d’autant plus remarquable que durant la même décennie, l’ensemble des industries humaines a traversé une phase de crises aiguës, terrorisme, catastrophes naturelles liées notamment au réchauffement de la planète, conflits sociaux, récessions économiques, épidémies… La part de l’Algérie dans ce véritable pactole demeure, après plus d’une cinquantaine d’années d’existence du secteur touristique, infinitésimale. Même ramenée à l’échelle maghrébine, la place de l’Algérie reste tout aussi résiduelle.

Elle est de 300 millions de dollars US quand elle est de 6,600 milliards de dollars US pour le Maroc et près de 940 millions de dollars US pour la Tunisie.

Pourtant, ce secteur a fait l’objet de maintes restructurations, allant de choix tout aussi éloignés les uns des autres. De la gestion monopolistique de l’Etat des infrastructures à un désengagement presque total consacré à une volonté irréfragable de privatisation.

En dépit de tous les efforts engagés, des volontés exprimées et des potentialités touristiques naturelles et culturelles, le secteur est, aujourd’hui, incapable d’assurer sa propre survie par ses propres moyens, incapable de générer un volume d’exportation d’être cité, incapable de donner de l’Algérie une image d’une destination touristique. Deux raisons fondamentales nous semblent être à l’origine de cette impéritie. La première est que le produit touristique se situe en aval de l’appareil économique et, de ce fait, il est la vitrine des ses performances et la caisse de résonance de ses déficiences. La seconde, c’est que la vocation de l’industrie touristique, comme toute autre industrie, est l’exportation. De ce fait, ses produits doivent être agréés par la demande internationale et, par voie de conséquence, elle doit être en mesure de soutenir la comparaison, voire la concurrence. L’échec de la politique élitiste de la charte de 1966 a abouti au concept factice et dérisoire de tourisme interne, concept qui allait servir d’alibi à la dépréciation des prestations hôtelières et touristiques. Rétrospectivement donc, il apparaît que l’histoire du secteur touristique avec ses multiples restructurations est celle de la stratégie de l’échec, tant il est vrai que les politiques touristiques jusque-là n’ont abouti à rien de concluant. Le consensus d’aujourd’hui sur l’état des lieux en est la meilleure preuve. La voie de l’émancipation et de la sortie de crise est-elle encore possible? Oui, évidemment. L’impasse n’existe que pour ceux qui en font le choix. Tourner le dos à nos potentialités touristiques sous le prétexte fallacieux des échecs passés serait une aberration économique. Que faire? D’abord faire litière des concepts de «politiques touristiques» en constante refonte et ancrer dans la culture des institutions l’esprit de continuité et de stabilité. Ensuite considérer que le secteur de l’hôtellerie et du tourisme produit et consomme une technologie en constant renouvellement et dont l’obsolescence est un danger permanent. Enfin consacrer l’esprit de performance dont l’objectif fondamental est la sanction du marché international de la demande touristique.

La volonté des pouvoirs publics d’asseoir les bases d’une relance sereine, fiable et durable du secteur touristique est maintes fois renouvelée. Préserver leurs actions de l’échec est toute autre chose. Il faudra, pour cela, un engagement de toutes les parties concernées dans une démarche concertée et à l’abri des préjugés idéologiques, d’approches conjoncturelles et d’attitudes équivoques.