Tourisme : les vérités de Benmeradi

Tourisme : les vérités de Benmeradi

La loi régissant l’activité de voyagiste, le visa, l’investissement, le foncier, la communication, les hôtels et la concession des plages nécessite une nouvelle vision.

Du pain sur la planche pour Mohamed Benmeradi, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, en charge d’un secteur à grandes potentialités mais loin de bénéficier d’une politique efficiente en guise de levier de vitesse. Beaucoup de choses sont, en effet, entreprises mais accusent un retard ou ne trouvent aucun écho tant la réalité du terrain est en total déphasage avec le discours entretenu. M. Benmeradi, invité hier au Forum du journal Liberté, a abordé la problématique inhérente à son secteur avec beaucoup de réalisme nuançant, toutefois, son intervention en parlant des ambitions et des politiques mises en place. Force est de reconnaître que la stratégie adoptée à travers le schéma directeur (SDAT) tient la route dans son ensemble, mais bute sur le point de départ car tout reste à faire.

“De grands efforts sont consentis et dont les résultats ne peuvent apparaître que bien plus tard”, rassure le ministre qui reconnaît que la situation qui prévaut actuellement est loin d’être reluisante. “La particularité du tourisme réside dans sa dépendance vis à vis des autres départements. Il faut travailler sérieusement l’intersectorialité”, a-t-il soutenu affirmant le lancement de plusieurs chantiers à la fois. “Je signerai, dès aujourd’hui, une circulaire relative aux ZET en attendant la tenue des assises qui devraient avoir lieu en avril prochain”, dira-t-il, préconisant l’assouplissement des procédures. “Les promoteurs auront désormais à obtenir l’aval de la wilaya et de l’Agence nationale du développement touristique (ANDT) sans passer par le ministère du Tourisme.” Il précisera, en outre, que “la wilaya ne pourra plus procéder à aucune attribution d’assiette foncière sans consulter l’ANDT qui, à son tour, devra élaborer, dans les plus brefs délais, des esquisses de plan d’aménagement touristique (PAT)”. La nouveauté réside, aussi, dans le fait que les aménagements seront désormais portés par le promoteur lui-même avec l’idée qu’il sera, à terme, remboursé par l’État.

Car, il existe aujourd’hui 450 ZET (20 au sud du pays) qui nécessitent 150 milliards de DA pour les besoins d’aménagement et dont le secteur ne dispose pas. Benmeradi profitera aussi de cette tribune pour faire passer des messages notamment en direction des agences de voyages en abordant les nouveautés attendues à leur propos. “Certaines lois régissant le secteur sont devenues obsolètes et nécessitent une révision parmi lesquelles la loi régissant l’activité de voyagiste”, a assuré le ministre qui a fait part de la pertinence de revoir la tarification des hôtels pour pouvoir proposer des produits touristiques attractifs et développer en conséquence un tourisme local.

Il est question aussi de se pencher sur la question de la concession des plages et d’améliorer les prestations. Le ministre reconnaît que les prix élevés pratiqués en Algérie sont dus au manque flagrant d’infrastructures que son département compte combler avec la réalisation des 713 projets inscrits correspondant à 75 000 lits supplémentaires et dont la part du lion revient au privé national. Seulement 25% sont inscrits sur le compte des IDE (investissement étranger) avec 3 mégaprojets à hauteur de 50 milliards de DA. Raison pour laquelle le ministre a insisté sur la question de l’investissement et la nécessité de stimuler davantage les banques pour ce qui est de l’octroi des crédits. Le ministre n’a pas omis non plus d’aborder le déficit en communication et de révéler le recours à des compétences étrangères pour élaborer une stratégie efficiente. Le problème de

l’octroi des visas posé avec acuité par les agences de voyages n’échappe pas à l’attention du ministre qui a affirmé que de nombreuses initiatives sont entreprises pour alléger les procédures à la fois au niveau des instances locales qu’auprès des instances consulaires algériennes à l’étranger. “Il ne faut pas perdre de vue que ce point précis reste lié également à la situation sécuritaire”, a noté M. Benmeradi, abordant au passage la situation qui prévaut dans les régions de l’extrême sud du pays, notamment après ce qui s’est passé à Tiguentourine (In Amenas). “Certes, cet incident ne manquera pas d’avoir un impact sur le tourisme dans ces régions, mais il faut reconnaître que le malaise (manque de touristes étrangers) existait bien avant”, fera remarquer M. Benmeradi assurant et rassurant que les doléances des voyagistes sont prises en considération. La formation, l’élaboration des cartes touristiques, la fourniture des prospectus, la formation des guides, la création de nouveaux produits touristiques, la promotion et l’encouragement de la formule “hébergement chez l’habitant” ont été cités, tour à tour, par le ministre qui ira jusqu’à revoir la participation algérienne dans les manifestations internationales en termes de nombre des représentants et celui des évènements.

En attendant, quelques dates à retenir absolument dont celle d’aujourd’hui qui verra la concrétisation d’une convention avec le ministère de la Formation professionnelle, celle de mars qui verra la tenue du Festival du tourisme saharien (à Adrar) et celle des assises prévue en avril prochain.

N S