Encore en friche, le marché touristique algérien offre de réelles opportunités pour les investisseurs, comme pour les professionnels d’un secteur qui renaît et affiche de grandes ambitions de développement et de croissance.
Après plusieurs décennies à végéter, le secteur du tourisme a bénéficié de l’aide publique autant pour la construction d’infrastructures que pour faciliter les investissements au cours des dernières années. Selon le ministère du Tourisme, il y a actuellement plus de 2.112 projets touristiques, alors que les prévisions de réalisation portent sur plus de 270.000 lits, dont plus de 100.000 lits sont en cours de réalisation.
En fait, si les potentialités touristiques de l’Algérie ne sont plus à démontrer ou à inventer, il y a la problématique générale de réorganiser ce secteur, et de le remettre sur rails. Pour autant, ’les perspectives du tourisme paraissent bonnes et encourageantes en surface, mais en profondeur, elles sont pessimistes », estime M. Said Boukhelifa, président du syndicat algérien des agences de voyage dans un entretien au Quotidien d’Oran. ’ Si on annonce beaucoup d’investissements hôteliers, soit plus de 270.000 lits (Capacité actuelles de la Tunisie qui ont été construites graduellement) en 40 ans, cela reste toujours, pour beaucoup, des projets non ficelés, non fiables et non viables », souligne t-il. Sur les opportunités pour développer le secteur, M. Boukhelifa estime que le ministère du Tourisme est ’esseulé, victime de l’absence d’inter-sectorialité, qui implique le Transport, la Culture, les Collectivités locales, les Finances, la Défense et les Affaires étrangères pour les visas.
» Il ajoute, qu’en 2014, ’le président Bouteflika, avait instruit le premier ministre Abdelmalek Sellal de réanimer les secteurs de l’agriculture et du tourisme, après la chute du prix du baril de pétrole. Le paradoxe, c’est que cinq mois après, il y a eu un changement de gouvernement et au lieu de renforcer ce ministère, on le dissout et on le rattache, à l’aménagement du territoire et de l’environnement ». Par contre, il estime que les agences de voyages ’ont un grand rôle à jouer à moyen et long termes. Car au nord et au niveau des hauts plateaux, beaucoup manquent de professionnalisme, alors qu’au sud et au grand-sud, elles sont professionnelles, car elles font uniquement du réceptif, dans leurs féeriques régions qu’elles connaissent pierre par pierre. »
Par contre, le président des agences de voyages estime qu’il n’existe pas ’de niches de tourisme de masse pour notre pays, car la massification de notre destination est impossible, parce que c’est le tourisme balnéaire qui peut générer les flux de masse. » Or, ce tourisme balnéaire ’est boycotté par les tours opérateurs étrangers depuis les années 1990 », et ’il est souffrant ». Fatalement, ’les nationaux fuient en été ailleurs, notamment chez nos voisins de l’est. » Selon M. Benkhelifa, il y a ’deux formes de tourisme à court terme, qui peuvent être proposées aux touristes algériens, le sud (les Oasis et la Saoura) et l’extrême-sud (Hoggar et Tassili), et le tourisme culturel, grâce à nos 21 sites romains, dont la majorité demeurent méconnus. »
En fait, ’le marché touristique algérien ne peut être que prometteur », estime de son côté M. Hadj Nacer Aflah, patron de l’agence de voyage ’Ziryab ». Il a expliqué samedi dans une déclaration au Quotidien d’Oran que le marché du tourisme algérien est ’prometteur », car l’Algérie est ’classée parmi les neuf meilleures destinations touristiques au monde ». En outre, ’l’Organisation Mondiale du Tourisme a classé notre pays comme une destination touristique d’avenir ».
Donc, ’autant d’atouts pour le tourisme algérien ». M. Hadj Nacer Allah explique d’autre part que ’l’Algérie est un pays attractif et neuf car il n’a pas connu les mauvaises habitudes de touristes qui dénaturent l’environnement. Il y a un réel potentiel pour tous les goûts, que ce soit pour le tourisme d’aventure, d’affaires, culturel, balnéaire, thermal,… etc. » Mais, ajoute t-il, il faut que ’l’infrastructure suive. Et, surtout, que les hôtels soient aux normes et au standard internationaux ». Il a ainsi relevé avec satisfaction qu’en termes d’infrastructures hôtelières, ’il y a des inaugurations chaque jour.
De grandes enseignes hôtelières s’installent en Algérie. » Par contre, ce voyagiste estime qu’en termes d’infrastructures, ’il y a des investissements locaux à revoir, car ils ne répondent pas aux normes internationales », et donc ’le ministère du Tourisme doit intervenir pour réglementer les constructions hôtelières et, surtout, imposer un cahier des charges strict conforme aux standards internationaux ». M. Hadj Nacer Allah estime en outre que l’infrastructure hôtelière doit répondre, pour faire ressortir les caractéristiques culturelles et architecturales de chaque région du pays, notamment pour les villes du sud, à certaines exigences architecturales. ’A Ghardaïa par exemple, on ne peut construire un hôtel sous forme d’immeuble, mais construire une structure qui réponde au cachet architectural et social de la région ». ’Le respect des normes architecturales locales est un impératif pour mettre en relief les potentialités culturelles, sociales et touristiques des territoires », relève t-il encore.
Par ailleurs, sur les destinations touristiques des Algériens, Hadj Nacer Allah les classent en deux catégories: ’il y a les départs vers des pays comme la Turquie, la Tunisie et l’Egypte en été, car ces pays offrent un meilleur rapport qualité / prix que le marché local. Ici, les prix sont excessifs, ce qui pousse les touristes algériens à chercher, pour le tourisme balnéaire, les meilleures destinations à prix discount. » En plus, ’les infrastructures hôtelières sont dans beaucoup de cas à revoir du côté des normes et des offres de services », relève par ailleurs ce tour opérateur pour qui ’les pouvoirs publics doivent intervenir pour réglementer autant les normes de construction d’infrastructures hôtelières, que d’offrir de meilleures conditions pour l’accueil et l’hébergement des touristes. » ’Le ministère du Tourisme et les pouvoirs publics doivent en fait inverser la tendance, pour qu’il y ait plus de tourisme local, sous toutes ses formes, et moins de tourisme à l’international, même régional ».
‘Là, le secteur peut apporter sa contribution pour promouvoir la destination Algérie, et représenter une autre ressource économique » pour le pays. En 2018, près de deux millions de touristes ont visité l’Algérie, soit une hausse de 18% par rapport à 2017, selon le ministère du Tourisme.