Le tourisme a le plus grand mal à émerger dans notre pays, alors que chez nos voisins immédiats, il s’est mué en véritable industrie génératrice de richesse et d’emplois. De nombreux facteurs participent à cet état de fait, notamment l’absence de volonté politique capable de hisser ce secteur d’un marasme qui ne l’aura que trop englué. L’Algérie est pourtant un pays continent disposant de 1200 km de côte, de vastes étendues sahariennes et steppiques, des magnifiques oasis et même de montagnes enneigées…Tous ces atouts devraient faire du territoire algérien une vraie perle du tourisme mondial, une destination incontournable. Or l’amère réalité est là, nos contrées si proches de l’Europe et véritables fenêtres sur l’Afrique ne parviennent pas à surbooker les carnets de commandes des tour-opérateurs; les produits touristiques algériens, à quelque exception près, font terriblement défaut chez les agences de voyages nationales, lesquelles orientent le client national plutôt vers des destinations lointaines comme la Turquie, l’Egypte, Dubaï, ou la Chine.
Par ailleurs, il ne faut pas sortir de Saint-Cyr, font remarquer les observateurs, pour constater que la culture du tourisme manque cruellement chez nos compatriotes, à commencer par les administrations qui ont la charge de décider des orientations et des standards à appliquer à ce service. L’on dénonce également la bureaucratie qui bloque les investisseurs potentiels, de même que l’on relève l’absence d’une communication et d’une stratégie qui puissent servir la destination Algérie. L’on rappelle en outre que le tourisme moderne est étroitement lié au développement, notamment celui des nouvelles technologies, comme le e-paiement. En effet, ce qui gêne le plus les touristes étrangers en Algérie est de ne pas pouvoir utiliser leurs cartes bancaires pour faire des achats, sachant que quelques grands établissements hôteliers et quelques boutiques acceptent ces dernières.
Cet aperçu renseigne sur les efforts qui restent à déployer afin de développer ce parent pauvre de l’industrie algérienne, à savoir le tourisme. Que proposent les candidats en lice à la présidentielle de 2014 à ce sujet? L’organisation mondiale du tourisme indique qu’ «aujourd’hui, le volume d’affaires du secteur touristique égale, voire dépasse celui des industries pétrolière, agroalimentaire ou automobile». C’est dire tout le bien que peut faire ce secteur à l’économie nationale qui est à la recherche d’alternatives aux hydrocarbures.
Abdelaziz Bouteflika
Arrimer la destination Algérie aux circuits mondiaux
Ce candidat indépendant aux joutes électorales du 17 avril prochain, rappelle dans son programme les nombreux défis cruciaux relevés par l’Algérie depuis 1999. Le pays est désormais replacé sur une trajectoire assurée de paix, de sécurité, de développement et de progrès qui ne peuvent que constituer le terreau idéal pour l’émergence d’une industrie touristique nationale viable. En matière de tourisme, l’Algérie recèle de grandes potentialités naturelles et culturelles à développer, est-il noté, et c’est dans cette optique que les pouvoirs publics ont encouragé la promotion de la destination Algérie via l’investissement, notamment hôtelier, dans la capitale et les grandes villes afin d’assurer de plus grandes capacités en matière d’accueil et d’hébergement, aux touristes.
Mettant en avant un riche bilan de réalisation d’infrastructures hôtelières entre 2009 et 2014, le président Bouteflika s’assigne un autre défi à relever, à savoir insérer le tourisme national dans les circuits commerciaux du tourisme mondial par le truchement de la promotion de la destination Algérie au statut de destination touristique de référence au plan international. Un objectif ambitieux encadré par une vision stratégique à l’horizon 2025, adossée à des objectifs contenus dans le schéma d’aménagement touristique, «Sdat». Ce dernier est une composante du Snat (Schéma national d’aménagement du territoire) 2025, prévu par la loi 02-01 du 12 décembre 2001 relative à l’aménagement du territoire et du développement durable.
Ali Benflis
Une batterie de mesures à la rescousse
Le candidat à la présidentielle du 17 avril prochain, Ali Benflis, promet de promouvoir le tourisme saharien et les activités connexes, car ce secteur constitue, selon lui, la principale ressource de la population locale.
Ali Benflis s’engage, à travers son programme à développer l’activité touristique dans les régions sud du pays, recelant de grandes capacités, l’objectif à terme étant de permettre de relancer les nombreuses agences de tourisme qui sont inactives, à travers une batterie de mesures contenues dans son projet de renouveau national.
Benflis, qui se présente pour la seconde fois à la l’élection présidentielle estime par ailleurs que la règle des 49, 51% relative au partenariat national-étranger n’a aucune justification économique. Surtout pour les secteurs comme le tourisme et l’hôtellerie. Sur un plan général, il compte cependant maintenir la limitation de la part du capital étranger dans les secteurs stratégiques.
Louisa Hanoune
«Institutionnaliser» le droit au tourisme pour les Algériens
Pour la première dame du PT (Parti des travailleurs) le tourisme saharien est triste. A l’en croire, le potentiel du Grand Sud algérien est laissé en jachère au grand dam des professionnels du secteur. Elle relève le recul dramatique de ce pan important de l’économie nationale et s’engage à «institutionnaliser» le droit au tourisme pour les Algériens.
Le tourisme intérieur est en effet laminé par une politique de prix inadéquate, notamment le coût des nuitées qui sont hors de portée pour la majeure partie des citoyens.
L’alternative étant de proposer des gammes de structures d’hébergement davantage en adéquation avec le pouvoir d’achat du commun des Algériens. Elle indique que le tourisme populaire permettra aux Algériens de visiter leur pays et de faire, ainsi, tourner l’économie locale, regrettant au passage le faste d’une époque révolue: «Nous avions de très beaux hôtels, mais ils ont été soit privatisés, soit négligés» déplore-t-elle. Elle relève l’absence d’une vraie politique pour développer ce secteur, et appelle à la mise en place d’une stratégie pour le réhabiliter.
Abdelaziz Belaïd
Marier tourisme et culture
Abdelaziz Belaïd, président du Front El-Moustakbel et candidat à la présidentielle du 17 avril prochain estime que le renouveau du tourisme en Algérie est possible. Il en veut pour preuve l’immense patrimoine naturel et historique que recèle le pays. «Il devrait y avoir une symbiose entre la culture et le tourisme», assène-t-il. Il encourage l’avènement de circuits et de lieux capables d’intéresser une jeunesse algérienne, souvent tentée par les sirènes de l’immigration clandestine.
Selon lui, des stations touristiques bien algériennes pourraient aisément se muer en pôles touristiques d’exception et à vocation internationale, pour peu que les moyens appropriés y soient mobilisés et déployés. S’inspirant de la réussite de l’expérience inédite «Tlemcen, capitale de la culture islamique» en 2011, il appelle à une «symbiose entre la culture et le tourisme.»
Moussa Touati
Privilégier le tourisme interne
Sur le plan économique, Moussa Touati aspire à édifier une économie sociale qui contribuera à réduire les inégalités entre les différentes couches de la société.
Ce postulat ne peut que suggérer une certaine démocratisation du tourisme.
Le FNA appelle à l’instauration d’une «culture touristique» en Algérie qui privilégie le tourisme interne. Moussa Touati croit également que le tourisme saharien est une manne à exploiter. Il affirme que le tourisme gagnerait à être la «première richesse» des régions sahariennes surtout que ce secteur est pourvoyeur d’emplois en local.
Le Grand Sud algérien recèle tous les atouts naturels à même de le hisser au rang d’une «destination touristique privilégiée aussi bien pour les nationaux que pour les étrangers», indique-t-il.
Ali Fawzi Rebaine
L’ouverture du transport aérien servira le tourisme
Le programme électoral du candidat à la présidentielle du 17 avril 2014, Ali Fawzi Rebaïne, président du parti AHD 54, est axé sur le développement, la transparence dans la gestion et l’égalité. Il propose la mise en place d’un Observatoire de stratégie économique et de prospective. Rebaïne compte ouvrir à la concurrence nationale et internationale, s’il est élu, l’ensemble des secteurs économiques, dont le tourisme par déduction.
Conscient de l’importance de certains facteurs décisifs qui concourent à l’émergence d’un tourisme de qualité en Algérie Ali Fawzi Rebaïne va droit au but et estime qu’il est impératif d’ouvrir le transport aérien.
Le monopole du transport aérien, une exclusivité d’Air Algérie qui a montré ses limites, en dépit des récurrentes aides et subventions de l’Etat, se répercute sur la qualité des prestations et sur les prix du billet, hors de portée de la majorité de nos émigrés dans l’incapacité de se payer une place à 60.000 DA.
Cet élément parmi tant d’autres influe négativement sur le tourisme, un secteur à la traîne. Relève-t-il en jugeant que l’opération sera bénéfique à toute l’économie nationale.