L’industrie du tourisme en Tunisie va-t-elle récupérer plus vite que prévu grâce aux Algériens?
Plusieurs jours après l’attentat perpétré à Sousse, la presse tunisienne en est toujours à se demander comment redresser le tourisme. Mais en Algérie, les citoyens ne tarissent pas d’éloges sur le pays voisin et nombreux sont ceux qui s’échangent des informations et des idées de voyage.
Actuellement, circule une information selon laquelle la journée d’hôtel n’est qu’à 2500 DA, ce qui est à la portée des Algériens. En dehors de cet aspect pratique, il y a aussi des informations sur le terrorisme et les questions politiques qui intéressent à la fois la presse tunisienne et la rue algérienne. Dans une interview accordée à AfricanManager, Afif Kchouk, hôtelier et organisateur du Salon du tourisme, a estimé que «le sauvetage du secteur touristique dépendra de la mise en place d’un système sécuritaire et d’un autre de renseignement adéquat».
De même, ce secteur nécessite la formation de tous les personnels du métier sans oublier que la réalisation de cet objectif exige le lancement d’une campagne promotionnelle forte pour regagner la confiance des touristes. «On s’attend à une baisse de 80% au niveau du marché européen. Pour le marché algérien et tunisien, on ne pourrait pas faire d’estimations faute de chiffres exacts disponibles», dit-il. AfricanManager reprend aussi les propos de l’ancien ambassadeur de Grande-Bretagne en Libye, Oliver Miles qui a servi au Foreign Office en tant que diplomate spécialisé dans les affaires du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord. Dans des déclarations au quotidien londonien The Telegraph, il a indiqué que la menace pesant sur les touristes britanniques en Tunisie n’est pas plus grande que celle sur beaucoup d’autres destinations. Il a affirmé que s’il n’est pas sûr de se rendre en Tunisie, il n’est pas sûr non plus de rester chez soi en Grande-Bretagne.
Oliver Miles a ajouté: «Je me demande pourquoi la Tunisie et pas un autre pays? Il est vrai que nous avons juste eu un incident effroyable en Tunisie, mais le même jour, il y avait des incidents épouvantables au Koweït, en Egypte, en France, et deux jours plus tard au Yémen.» La presse tunisienne souligne que le jour même où a été perpétré l’attentat de Sousse qui a fait 38 tués, il tombait sous le sens d’y ajouter une 39ème victime, le tourisme. Nombreux étaient ceux qui avaient décrété, au soir du 26 juin, que «la saison touristique, c’est fini», alors que d’autres pronostiquaient une descente aux enfers d’au moins cinq ans.
Dans le même temps, un véritable pont aérien a été mis en place pour rapatrier les touristes dans leurs pays respectifs, dépeuplant un grand nombre d’établissements hôteliers non seulement de Sousse mais aussi d’autres zones touristiques du pays. Ce creux de la vague est-il appelé à durer aussi longtemps que la destination Tunisie sera maintenue sous les fourches caudines?
En tout cas, alors que l’on commence à reprendre ses esprits, des indications se font jour pour suggérer un soupçon de rebond de l’activité touristique. La presse rappelle que la ministre du Tourisme, Salma Elloumi Rekik, a annoncé le maintien par le tour-opérateur Thomas Cook de 15 vols par semaine à destination de la Tunisie, précisant dans le même contexte que trois avions sont arrivés à l’aéroport d’Ennfidha. Bien plus, 1000 touristes sont également attendus pour hier dimanche via Thomas Cook.
La ministre n’en pas moins pris acte de la vague d’annulations de réservations et de vols vers la Tunisie depuis la première semaine de juillet, faisant savoir qu’un million de nuitées ont déjà été annulées.
Ensuite, le tour-opérateur allemand Der Touristik vient d’adresser une lettre à ses partenaires hôteliers tunisiens où il affirme non seulement vouloir continuer à promouvoir la destination auprès de ses clients mais se dit prêt à accentuer ses efforts pour sauver une saison estivale qui s’annonce évidemment très compliquée pour les professionnels tunisiens, est-il souligné.