Tourisme en Algérie: Un secteur à revisiter

Tourisme en Algérie: Un secteur à revisiter

Depuis des années, les pouvoirs publics promettent de faire du tourisme un secteur stratégique, tout en insistant sur l’urgence de le promouvoir afin de lui permettre de jouer un rôle central dans l’essor de l’économie nationale. Mais depuis, peu, voire rien, n’a été fait.

 

En désespoir de cause et en quête de passer des vacances au soleil et dans des conditions plus ou moins acceptables, des milliers d’Algériens se retrouvent ainsi chaque année contraints d’aller dans d’autres pays où accueil et service leur sont offerts, et à moindre coût.

Pourtant, même dos au mur après la chute des prix du pétrole, les responsables du secteur n’ont pas fait avancer le tourisme ni fait de sorte à accélérer le processus de construction et de remise en l’état des établissements et des infrastructures, pour drainer en premier lieu les touristes locaux, et ensuite profiter de la conjoncture défavorable dans les pays voisins pour faire de la destination Algérie une adresse qui figure dans les catalogues des grandes agences et des tours opérateurs à travers le monde.

Mais avant d’arriver à ce stade, les professionnels du secteur estiment qu’il est nécessaire de commencer par ce qui est à la portée. En premier lieu, il y a lieu de faire un travail de communication à grande échelle, et ce, en repensant le plan de vulgarisation, actuellement entre les mains de l’Office national du tourisme (ONT), car les salons organisés en Algérie par cet organisme se sont avérés plus une opportunité pour faire la promotion de destinations étrangères que celle de l’Algérie. Et pour l’effort à faire au plan individuel, les hôtels, les sites touristiques, culturels et archéologiques… doivent inscrire leurs infrastructures sur les plateformes spécialisées pour être plus visibles.

Loin de la théorie et des perspectives, la réalité du terrain est tout autre. En fait, toutes les promesses des gouvernements successifs n’ont pas été tenues.

Promesses non tenues

Du temps où Amar Ghoul était ministre de l’Aménagement du territoire, du Tourisme et de l’Artisanat, il avait annoncé le lancement en 2016 de la réalisation de 2500 projets hôteliers d’une capacité de 500 000 lits. Fin 2016, Abdelouahab Nouri a annoncé qu’un total de 550 projets touristiques (hôtels, complexes et villages touristiques) était en cours de réalisation.

Face à cette défaillance flagrante au niveau des infrastructures, les Algériens vont encore cette année affluer en grand nombre en Tunisie, et ce, malgré les derniers problèmes survenus l’année dernière à cause de la taxe imposée par les autorités de ce pays voisin et qui a suscité une vive polémique.

Pour cette année, les services des douanes algériennes ont même annoncé la facilitation des procédures de passage aux frontières.

Une mesure qui n’a pas été du goût de certains, qui considèrent qu’une telle décision est à même de compliquer la situation du secteur du Tourisme, à un moment où le département ministériel est encore sans dirigeant.

Tous les retards dans la réalisation des projets et ces politiques contre-productives, auxquels s’ajoute le manque de culture du tourisme, même au sein des milieux censés être professionnels, font que l’Algérie estt classée aux derniers rangs mondiaux. En 2016, l’Algérie a été classée à la 118e place sur un total de 136 pays au classement mondial du dernier rapport du World Economique Forum (WEF) concernant la «compétitivité touristique». Le pays a fait, l’année dernière, des recettes de 307,7 millions de dollars.

Ils étaient 1,71 million de touristes à avoir visité l’Algérie l’année écoulée, selon les indications de l’Organisation mondiale du tourisme, affiliée aux Nations unies et au Conseil mondial pour le tourisme et le voyage. Sur le continent africain, l’Algérie était 19e, derrière l’Afrique du Sud (53e mondialement) et l’Ile Maurice (55e). Le Maroc, l’Egypte et la Tunisie sont respectivement 3e, 4e et 9e en Afrique.

Et si le ministre faisait son travail…

Chaque ministre du tourisme qui arrive trace un plan pour relancer le secteur, et chaque ministre qui arrive échoue. Le motif est simple. Tous ces ministres tentent de faire ce qu’ils ne doivent pas faire. En effet, au lieu de proposer des exonérations d’impôts pendant les premières années ou des réductions aux investisseurs, c’est-à-dire ceux qui construisent des hôtels, des motels ou des auberges, notamment dans certaines zones du Sahara, chaque ministre tente de financer, refinancer et gérer des hôtels construits par l’Etat dans les années 1970 et qui, tous trois tombent en faillite, sachant qu’il y a un ministre qui arrive pour leur jeter une bouée de sauvetage. On a déjà vu des hôtels classés 4 et 5 étoiles avec un service d’accueil catastrophique, une salle de bain sans eau chaude, des cafards rôdant sous le lavabo et du linge sale que la femme de ménage a oublié d’envoyer à la lingerie.

Le ministre qui arrive échouera comme les premiers s’il continuera à gérer, construire, inaugurer et gérer des hôtels. Cette gestion devrait être laissée à des gens qui ont été formées pour cette spécialité. Pour investir, il y a des gens qui ont de l’argent et n’attendent même pas d’aide, mais la fin des blocages et de la bureaucratie. Une aide telle que les exonérations des impôts pour les premières années serait la bienvenue pour encourager ces investisseurs. Au lieu de gérer des hôtels condamnés à un déficit perpétuel, ne serait-il pas plus logique de les vendre à ceux qui savent s’en occuper ? Ne serait-il pas plus logique de s’occuper de l’environnement touristique ? Restaurer certains sites, tels que le village des artistes de Ryadh El Feth, les musées à ciel ouvert du Tassili ou ceux de Tipasa, Timgad ou Cherchell ?

Enfin, le jour où le ministre qui arrivera jouera le rôle de ministre et non de propriétaire d’hôtel, les touristes seront intéressés par l’Algérie et reviendront d’eux-mêmes, car ils y trouveront vraiment ce qu’ils veulent. C’est-à-dire des hôteliers, des agents touristiques et des guides et non des employés d’un ministère qui ne peut les encourager par des primes, ni les sanctionner, car protégés par un syndicat qui défend… le laisser-aller. Enfin, il est surtout temps de promouvoir la culture touristique chez les Algériens ; un réflexe qui s’acquiert aussi bien à l’école qu’au sein de la famille. On n’en est pas encore là, d’autant plus que cette année, nous entamons la saison estivale sans le premier responsable du secteur…