Au moment où notre pays a besoin de diversifier son économie, face à la baisse drastique des prix du pétrole, des opérateurs du secteur du tourisme haussent le ton pour dénoncer l’administration, notamment la DUC et les APC, en les accusant d’être derrière le blocage des projets d’investissement dans le secteur. Bien que les indicateurs économiques et financiers soient au rouge, les pratiques administratives contraignantes qui ont toujours empêché le secteur du tourisme à s’épanouir sont toujours de vigueur. C’est ce qu’ont révélé hier certains opérateurs du secteur lors d’un symposium sur le tourisme, organisé par la commission du tourisme et le Forum des chefs d’entreprises (FCE).
Si certains ont voulu évoquer le tourisme digital et la modernisation du secteur, d’autres ont axé leur intervention sur la réalité du terrain décourageante à tous les niveaux. Ils ont évoqué les lenteurs administratives dans le traitement des dossiers, le blocage des projets d’investissement par les collectivités locales, en dépit de la validation du projet par le ministère du Tourisme, sans parler de la pollution et la dégradation du cadre environnemental autour des infrastructures hôtelières. « Des APC sont en train de clochardiser nos sites touristiques par des décharges sauvages et des maisons de fortune à proximité de nos structures », a dénoncé un investisseur de la wilaya d’Aïn Témouchent. Un autre intervenant résume tout en s’interrogent « comment peut-on promouvoir la destination Algérie sans prévoir des toilettes dans les lieux publics et sans avoir des bureaux de change ?»
Le PDG de la chaîne Eden et président de la commission du tourisme au sein du FCE, Karim Cherif, a affirmé que dans l’état actuel des choses, l’Algérie a tout intérêt à développer le secteur du tourisme qui est encore à la traîne, et ce depuis l’indépendance. Car, le tourisme constitue une ressource alternative aux hydrocarbures. Il a rappelé que l’Algérie se classe en bas de l’échelle dans le secteur du tourisme. Elle occupe, en effet, la 111ème place sur 184 pays, loin derrière la Tunisie qui est 49ème et le Maroc à la 38ème place.
Il a également souligné que l’industrie du tourisme et du voyage a contribué à hauteur 8% dans le PIB algérien en 2014. Le comble est que chaque année 3 millions d’Algériens choisissent des destinations étrangères, avec en tête de liste la Tunisie. Et de préciser que le parc hôtelier compte 1400 établissements avec une capacité de 100 000 lits, ce qui est insuffisant pour un pays qui dispose d’énormes potentialités.

Le directeur de l’aménagement et du territoire au sein du ministère du Tourisme, M. Abdelhamid Terguini, a indiqué que son département a octroyé 1081 agréments pour des projets touristiques de 2010 à 2015 et que « nous comptons actuellement 205 zones d’expansion touristique (ZET), et 17 wilayas sont dépourvues catégoriquement de telles zones ». Que faut-il faire pour que les Algériens ne fuient pas leur pays en période de vacances pour chercher ailleurs du confort et une meilleure qualité de services ? Que faut-il faire pour attirer des touristes étrangers ? Et comment booster les investissements en matière d’infrastructures hôtelières pour élever le niveau de la concurrence (qualité et prix) ? Telles étaient les interrogations des intervenants au débat. Des questions déjà évoquées et débattues en long et en large depuis des années, mais a priori sans aucune suite.
Le président de la commission du tourisme a évoqué certaines dispositions et une batterie de mesures décidées par l’Etat à la faveur du secteur, « mais cela reste en deçà des espérances ». Karim Cherif exige le retour à l’ancienne formule, un taux de l’IBS de 19% au lieu de 23% comme le stipule la loi de finances 2015. Il a plaidé pour une stratégie consensuelle et de concertation regroupant les membres du gouvernement avec les acteurs du secteur, pour concevoir un plan d’action commun. «Il ne faut pas se limiter à de simples recommandations» afin de donner une nouvelle impulsion au secteur.