Tourisme, Des Maisons d’hôtes dans Les villages de Kabylie

Tourisme, Des Maisons d’hôtes dans Les villages de Kabylie

Dans certains anciens villages en Kabylie, il est difficile, voire impossible, de construire des hôtels. C’est le cas notamment à Taourirt Amokrane (Larbaâ Nath-Irathen) ou Atherhouna (Azzefoun), dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Des villages qui portent encore un cachet traditionnel, dans leur architecture comme dans leurs habitudes. Un cachet qu’ils envisagent d’exploiter afin d’attirer les touristes.

En ce début de la saison estivale, des villages, implantés au fin fond de la Kabylie, réfléchissent d’ores et déjà sur des formules pour accueillir les touristes ou visiteurs qui préfèrent le tourisme de montagne au balnéaire.

Ils pensent, en fait, restituer une pratique courante dans les années 80, à savoir le logis chez l’habitant. Le village Taourirt Amokrane prévoit également la restauration d’anciennes vieilles maisons traditionnelles dont quelques-unes subsistent malgré l’envahissement du nouveau tissu urbain. « Avec le concours de l’Unesco, cinq maisons traditionnelles seront restaurées et réhabilitées par nos architectes et experts.

Une fois réhabilitées, elles resteront des propriétés privées mais seront réservées exclusivement aux touristes », indique Djaâfar Hamadou, président du comité du village. Cette région ne manque pas d’atouts touristiques. Outre le mont du Djurdjura pour les promenades et les randonnées, l’ancien village, conçu dans une architecture similaire à celle de La Casbah, mérite le détour.

Certes, de nouvelles maisons ont pris position sur les lieux, mais les ruelles pavées restent les mêmes et les escaliers interminables semblent monter jusqu’au ciel ! Des ruelles animées surtout par des femmes en robes traditionnelles qui, malgré l’introduction des commodités modernes, portent encore du bois. A l’image de cette vieille dame, approchant les 80 ans, le dos chargé de branches, et ces jeunes filles portant de l’eau sur leurs frêles épaules. Il est toujours de tradition dans ce village de puiser l’eau pure de la source située non loin du village.

Les jeunes filles, qui utilisent une technique spécifique pour ne pas sentir le poids de leurs charges en nouant autour de leur taille un gros foulard qui supportera les jerricans portés derrière le dos, s’adonnent à cette tradition avec un enthousiasme sans cesse renouvelé. Il est de tradition aussi d’obéir au doigt et à l’œil aux décisions votées par le comité de village. Ce dernier intervient, en effet, dans toutes les affaires des habitants et habitantes, interférant même dans leur quotidien. Les modalités, notamment des mariages, des fiançailles et même des cérémonies funéraires, passent par l’aval du comité. Ainsi, pour les mariages, par exemple, les articles composant le trousseau de la mariée sont fixés par le comité et le moindre dépassement est passible d’une amende de 5.000 DA.

Une paire de chaussures en plus, par exemple, est considérée comme un délit. « C’est vrai que cela a l’air bizarre pour les étrangers. Mais notre souci est de mettre les riches et les pauvres sur un pied d’égalité. Les habitants et les habitantes, quel que soit leur niveau de vie et d’instruction, ont tous et toutes les mêmes devoirs et les mêmes droits. Toutes les décisions que nous prenons sont votées par les membres du comité qui ne sont autres que les habitants mâles du village », explique Djaâfar Hamadou. C’est à la grande placette, à l’entrée de l’ancien village, que les résolutions du comité sont soumises à l’approbation des habitants. Un espace réservé exclusivement aux hommes, sauf la matinée du mercredi.

A ce moment-là, l’agora est occupée par les femmes, ou plutôt par les commerçantes. Des bijoux, plantes, vêtements, robes traditionnelles, poteries… sont, entre autres, les marchandises étalées dont la vente permet à leurs propriétaires de jouir d’une certaine indépendance financière.

De vieilles habitations à restaurer

Une activité qui pourrait aisément entrer dans le cadre de la promotion touristique à laquelle aspire la région. Ambition partagée par le village Atherhouna, qui surplombe majestueusement la ville balnéaire d’Azzefoun. Le lieu a su conserver bon nombre de ses maisons de pierre aux toits en tuile. Des quartiers entiers sont encore debout, ne souffrant aucune interférence extérieure, qui feront le bonheur des friands des cartes postales.

Et même si l’intérieur des maisons, inhabitées depuis longtemps, n’est pas en très bon état, il est récupérable pour peu qu’on pense à le restaurer. En fait, ce sont surtout les toits qui son endommagés bien que les tuiles soient toujours bien alignées. Abrité sous des arbres géants, le village dégage une très grande fraîcheur même durant les grosses chaleurs. Un charme bucolique qui a poussé cet émigré de 80 ans à transformer la cime d’Atherhouna pour la transformer en une terrasse noyée dans la végétation. Et c’est en ces lieux qu’il a souhaité être enterré, son testament faisant foi. La terrasse donne sur deux balcons surplombant d’un côté le mont de Djurdjura et, de l’autre, la mer.

Dans un coin, un petit « salon » est aménagé, composé d’une table en bois et de tabourets en pierre. De là, on peut apercevoir les plages d’Azzefoun noires de monde alors que le centre-ville était presque vide.

Pour rejoindre la cité balnéaire, il suffit de dix minutes de marche pour dévaler les ruelles sinueuses du village avant d’arriver à la grande route d’où un bus mettra 15 minutes pour arriver à destination. Au niveau du petit port, cependant, les restaurants sont archicombles. Ils ne sont pas très nombreux, certes. Mais ils sont assaillis, surtout par les visiteurs de passage. Les restaurants d’Azzefoun ont la réputation d’offrir du poisson frais bien qu’ils n’en proposent pas une grande variété.

Des sardines pour ceux surtout qui n’ont pas les moyens de s’offrir autre chose, de la crevette, de l’espadon et du merlan. Le menu est partout le même. Seul le service diffère. « Le port s’ouvrira bientôt à des activités de plaisance. Certains propriétaires de bateaux ont exprimé le souhait d’organiser des excursions pour les habitants et pour les touristes », indique le chef de daïra d’Azzefoun, Amri Bouhait, qui se réjouit, par ailleurs, du projet, en cours d’étude, d’une autoroute entre Oufriha et Azzefoun. « Ce qui aidera la région à sortir de son enclavement.

A cause de l’encombrement, beaucoup d’Algériens boudent notre région. Nous espérons qu’avec cette autoroute, nous attirerons plus de visiteurs », confie-t-il. Mais qui dit touristes, dit hébergement. Or, en matière d’accueil, la région souffre d’un certain déficit. Azzefoun pourtant regroupe un bon nombre de zones d’extension touristique. Mais pour le moment, aucun projet n’est en vue. « La ville compte 5 hôtels de 2 et 3 étoiles. Nous espérons que les investisseurs s’intéresseront à notre région. Car le développement du tourisme dépend du privé.

Pour notre part, tout ce que nous pouvons faire, c’est de créer et de mettre à niveau les infrastructures qui ne sont pas touristiques mais qui sont mises au service du tourisme, tels le port, les routes et les auberges de jeunes », dit-il. Une nouvelle auberge d’une capacité de 50 lits a été réceptionnée le 5 juillet. Les travaux pour la réalisation d’une autre de même capacité ont été lancés également le même jour. En l’absence d’investisseurs, les habitants sont décidés à héberger, eux-mêmes, les touristes ou ceux qui voudraient passer leurs vacances dans leur petite ville.