Au-delà de son aspect ignoble et horrible, l’assassinat en septembre dernier du ressortissant français, Hervé Gourdel, dans la région de Tizi Ouzou, alors qu’il est venu tâter de près et admirer la beauté des paysages du massif du Djurdjura, interpelle les consciences sur l’engrenage diabolique mais pas fatal dans lequel se précipite de plus en plus un potentiel économique d’une valeur incontestable qui est le tourisme de montagne dont la tendance, à travers le monde, est en vogue ces dernières années.
A travers les différents programmes de relance économique mis en œuvre par le gouvernement ces dernières années, une priorité est accordée au secteur du tourisme, particulièrement dans ses segments autres que le tourisme balnéaire, comme le tourisme de montagne, culturel ou thermal. Des enveloppes financières à coups de milliards de dinars sont dépensées pour la promotion des sites touristiques ou la réhabilitation des infrastructures d’accueil.
Mais, plus de dix ans depuis que cette volonté a été mise en branle, le secteur peine à prendre son élan. Les facteurs de blocage sont à chercher, bien évidemment, ailleurs que dans le manque de moyens matériels ou l’insuffisance des équipements. C’est la donne sécuritaire qui constitue le frein majeur pour le développement d’une économie touristique dans le pays, avec les différents groupuscules affiliés à la nébuleuse terroriste internationale qui écument encore les massifs montagneux du pays.
Telle est l’inextricable situation dans laquelle se débattent les différents sites touristiques qui se situent le long des flancs du massif du Djurdjura dans les wilayas de Tizi Ouzou et Bouira. Avec l’assassinat du ressortissant français, le site de Tikjda vient d’être frappé de plein fouet, son image étant entachée à nouveau, quelques années seulement après la réhabilitation de ses infrastructures, détruites dans les années 1990 par les hordes intégristes des GIA.
Le drame d’Hervé Gourdel ne fait qu’aggraver un malaise déjà présent dans cette région ces dernières années, à savoir le fléau des kidnappings et demandes de rançons. Depuis 2006, plus de 80 cas d’enlèvements de commerçants, opérateurs économiques ou des membres de leurs familles ont eu lieu dans la région de Tizi Ouzou. Des rapts qui se sont soldés dans plusieurs cas par l’exécution horrible des victimes, lorsque les familles s’opposent au paiement de rançons. Ce climat d’insécurité a contraint de nombreux opérateurs économiques de la région à délocaliser leurs structures vers d’autres régions du pays. Cependant, le secteur du tourisme est le plus touché par l’insécurité qui règne dans cette région du pays.
Pourtant, de par la variété de ses richesses naturelles, la wilaya de Tizi-Ouzou est considérée comme une des régions les plus touristiques du pays. Elle renferme un potentiel naturel alternant entre un tourisme culturel, balnéaire (région côtière) et climatique (région de montagne) auquel il faut ajouter une richesse artisanale.
Dans le segment du tourisme culturel, la wilaya dispose d’un riche patrimoine archéologique dont une grande partie se trouve dans la zone côtière de Tigzirt et Azeffoun. Tigzirt a servi de site pour la construction d’une ville romaine. Parmi les traces du passage des romains, à titre d’exemple, le Temple du Génie qui date du IIIème siècle et la Basilique Chrétienne. Pour ce qui est du tourisme climatique, le massif du Djurdjura constitue un immense gisement de pôles touristiques intégrant une infinie variété de produits. Tikjda, Tala-Guilef, Lalla-Khedidja, le lac d’Agoulmine, le Gouffre de Boussouil, culminant à 1259 m, les grottes du Macchabée, le Pic d’Azrou N’Thour, les cols de Tirourda (1700 m) et de Tizi-N’kouilal (1600 m) sont parmi les sites les plus connus du Parc National du Djurdjura, favorables à la pratique du tourisme de montagne (sports d’hiver, randonnées pédestres, l’alpinisme et la spéléologie).
Mourad Allal (L’Éco n°98 / du 16 au 31 octobre 2014)