A peine remis de sa fracture de la clavicule, Lance Armstrong disputera à partir de samedi son premier Tour d’Italie. L’Américain, en retard dans sa préparation, figure en simple coéquipier de Levi Leipheimer.
A peine débarqué, déjà à l’œuvre. Visites dans les hôpitaux, rencontres de survivants du cancer, meeting pour sa fondation Livestrong, rendez-vous avec le Ministre italien des Affaires Etrangères… S’il y a une chose qu’on ne peut pas reprocher à Lance Armstrong, c’est qu’il prend sa cause très à cœur. Comme l’Australie avant, le Mexique ou l’Espagne, l’Italie est tombée à son tour sous le charme du grand prédicateur de la lutte contre le cancer. Inusable, comme il l’est sur le vélo.
«Je suis en retard»
Moins de sept semaines après sa fracture de la clavicule droite sur le Tour de Castille et Leon, l’Américain a gagné son contre-la-montre contre la convalescence, à l’encontre des conseils de son chirurgien, qui lui préconisait 8 à 12 semaines de repos. Le septuple vainqueur du Tour de France est un homme pressé. Pour rien au monde, il ne pouvait manquer le Giro du centenaire. Pour sa fondation. Mais aussi et surtout pour son grand objectif de juillet. «Avant ma chute, j’étais en avance sur mon programme. Maintenant, je suis en retard». Son début de saison n’a pas effacé les doutes quant à sa possibilité de revenir au très haut niveau après trois ans et demi d’arrêt. Il est apparu trop lourd, nerveux. Jamais au cours de sa carrière il n’avait été victime d’une blessure sur chute. Pour rattraper le temps perdu, il n’y avait qu’une seule solution : accélérer le mouvement (entraînement dans les montagnes du Colorado) et participer à ce Tour d’Italie, compétition indispensable pour lui permettre de retrouver le rythme d’une course de trois semaines.
Astana absente du Tour ?
Seulement, l’ambition a changé. «Au début de la saison, l’objectif était d’être un prétendant mais je ne suis pas sûr que ce soit encore le cas après la chute». Sur le modeste Tour de Gila la semaine passée, il a pu voir qu’il était loin encore d’un Levi Leipheimer. Une course disputée sous le maillot du Mellow Jonny’s Bikes Shop, le magasin de cycles dont il est le propriétaire. Un présage ? Astana, non autorisée à participer à cette compétition de niveau national, a oublié de payer ses coureurs en avril et ne vit plus que sur ses fonds de garantie. Les sponsors de la formation kazakhe ne fournissent plus d’argent, ce qui a conduit l’UCI à lui adresser un avertissement. La prochaine étape : le retrait de la licence Pro Tour. Les prévisions ne sont guère optimistes. Le vice-président de la Fédération kazakhe, Nikolai Proskurin, a même lâché que le Tour d’Italie serait le dernier grand tour disputé par l’équipe sous le nom d’Astana. Armstrong, qui possède déjà une formation de moins de 23 ans aux Etats-Unis, nourrit justement de monter sa propre équipe en 2010. «Si nous pouvons continuer dans le futur avec une équipe, oui nous le ferons. Avons-nous les sponsors et les fonds aujourd’hui ? Non, c’est la grande différence entre les deux points».
Aider Leipheimer à gagner
En attendant, l’Américain pense au présent. Et celui-ci arrive vite. Durant ce mois de mai, Armstrong joue gros. «Nous avons un coureur pour le général, je roulerai pour lui», assure-t-il. La monnaie de la pièce est attendue dans quelques semaines. Habile. Mais s’il laisse la gagne à Levi Leipheimer, il a un grand besoin de se rassurer avant le Tour de France. «Je serai déçu si je ne gagnais pas une étape, peu importe si c’est un chrono ou en montagne». Plus de temps à perdre, plus besoin d’embûches. Une épine lui a déjà été retirée du pied. Son ennemi Filippo Simeoni, qui avait osé accuser le docteur Michele Ferrari, un ami, ne sera pas là. Son équipe n’a pas été retenue. Coïncidence ? «En Italie, il est considéré par certains journaux comme un messie. Il a beaucoup de pouvoir. Un mot à l’organisateur suffit», a condamné Simeoni, qui a rendu sa tunique de champion d’Italie en guise de protestation. Armstrong a un tapis rose sous ses pieds pour son premier Tour d’Italie. Réussira-t-il l’examen ?