Qui était Mohamed Merah ? Comment en est-il arrivé là ? Quel a été son parcours ? Après l’assaut de jeudi matin au dénouement funeste, Planet.fr vous propose de revenir sur la personnalité du tueur au scooter de 23 ans.
Mohamed Merah est né à Toulouse le 10 octobre 1988 d’un père et d’une mère venus d’Algérie. Il est la quatrième enfant d’une famille comptant 3 garçons et deux filles. Après le départ du père, Zoulika, ma mère, élève quasiment seule les cinq enfants.
Le jeune homme affectionne particulièrement le football qu’il pratique avec ses amis, et prend soin des plus jeunes enfants de son quartier, en leur achetant régulièrement des bonbons.
A l’adolescence, sa famille quitte le quartier de Bellefontaine dans lequel elle vivait, pour un autre quartier de Toulouse, les Izards, plus proche du centre-ville. C’est dans ce quartier que les choses vont commencer à dégénérer. En effet, à peine âgé de 14 ans, Mohamed Merah fait sa première fugue, et débute les bêtises.
Un frère pour modèle ?
Mohamed Merah est le quatrième enfant de la famille. Ses deux frères sont les plus âgés, suivis par une soeur. La seconde soeur est plus jeune que lui.
Abdelkhader, son grand frère de 27 ans, travaille dans le bâtiment et est connu des services de police pour son engagement « dans l’idéologie salafiste » et « pour avoir des convictions radicales ». Aurait-il pu servir de modèle à Mohamed Merah ? Aujourd’hui, les amis de Mohamed pensent d’ailleurs que Abdelkhader avait bien plus le profil que lui pour commettre de tels actes.
Ce frère avait d’ailleurs déjà été entendu par la police dans une affaire d’acheminement de djihadistes en Irak, mais n’avait pas été mis en examen. Un frère qui a décidé de s’éloigner un peu de tout ça depuis quelques mois.
De son côté, les soeurs et Zoulika, la mère, ne semblent pas avoir beaucoup de pouvoir sur Mohamed. Lors des négociations du Raid, la mère de Mohamed Mehar a même refusé de parler à son fils, estimant qu’elle n’aurait aucune influence sur lui.
Un emploi de carrossier
Le jeune homme ne fait pas de longues études. A 16 ans, le jeune homme qui se passionnent pour les moteurs devient apprenti carrossier à Toulouse. Il adore se promener au volant de ces bolides, sans permis, et se filmer avec ses amis.
La carrosserie lui plait et il apprécie son patron. Celui-ci se porte même garant pour lui lorsque Mohamed Mehar rencontre ses premiers problèmes avec la justice. Mais ses ennuis légaux l’empêchent de conserver un emploi stable. En 2007, le jeune homme est contraint d’abandonner son emploi lorsqu’il est incarcéré à la maison d’arrêt de Seysses, en Haute-Garonne.
Un lourd passé judiciaire
Mohamed Mehar aurait pu rester un simple carrossier, mais son parcours judiciaire commence très tôt. Quinze condamnations sont inscrites sur son casier judiciaire, notamment pour conduite sans permis, refus d’obtempérer et vol.
C’est d’ailleurs pour un vol que le jeune homme perd son poste de carrossier. En 2007, il vole à l’arraché un sac à main dans le hall d’une banque. Et à force de récidiver, il n’est plus question de sursis pour lui… Mohamed Mehar est condamné à 18 mois de prison ferme à la maison d’arrêt de Seysses, en Haute-Garonne, entre décembre 2007 et septembre 2009.
C’est en prison, au contact d’autres détenus, qu’il se serait religieusement radicalisé. Lorsqu’il sort de prison, un expert judicaire pointe chez Mohamed Merah « des dispositions antisociales », et recommande « un suivi psychologique ». Cependant, il restait un petit délinquant, et personne n’aurait pu se douter de la dérive qu’il allait prendre.
La dernière codamnation du jeune homme remonte seulement à février 2012. Il avait été condamné à 1 mois de prison pour conduite sans permis de conduire. Il devait se rendre chez le juge en avril afin d’effectuer sa peine de prison.
Refusé par l’armée
En 2008, alors qu’il est âgé de 19 ans, Mohamed Merah souhaite s’engager dans l’armée de Terre, dans la ville de Lille. Il passe une première série de tests, mais on ne retient finalement pas sa candidature : le jeune homme a un passé judiciaire trop lourd.
En 2010, il tente à nouveau d’entrer dans l’armée, au sein de la Légion étrangère, mais le jeune homme décide de lui-même d’abandonner.
Les voyages en Afghanistan et au Pakistan
Selon le ministère de l’Intérieur, Mohamed Merah s’est rendu par ses propres moyens en Afghanistan à la fin de l’année 2010. Il a d’ailleurs été arrêté à Kandahar et renvoyé en France. La police afghane avait alors averti les autorités françaises, qui avait placé le jeune homme sous surveillance des renseignements généraux depuis cette époque. Mais aucun élément n’avait pu laisser penser qu’il commettrait de tels actes.
En Afghanistan, Mohamed Merah a appri à devenir un djihadiste. Le procureur de la République de Paris François Molins a même parlé d’ »un profil d’autoradicalisation salafiste ».
En août 2011, il se rend au Pakistan pour poursuivre sa formation. Fin 2011, Mohamed Merah quitte le pays pour revenir en France après avoir contracté une hépatite A.
Une radicalisation de plus en plus visible
Le ministre de l’Intérieur a rapidement annoncé que la radicalisation de Mohamed Merah s’était « faite au sein d’un groupe se revendiquant du salafisme », mais qu’elle s’était « affermie sans doute lors de deux voyages, l’un en Afghanistan et l’autre au Pakistan ».
D’ailleurs, aux Izards, où il vit à Toulouse, les voisins ont bien remarqué que Mohamed Mehar changeait. Il cherche même en endocriner les plus jeunes, en les forçant par exemple à visionner des scènes de décapitation réalisées en Afghanistan. Il était même allé jusqu’à menacer une jeune femme se plaignant de lui parce qu’il avait obligé son petit frère à regarder ce type de vidéo. Pourtant, physiquement, le jeune homme n’était pas le portrait du fanatique typique.
Avec sa mère, Mohamed Merah se fait aussi de plus en plus dur, lui reprochant un mode de vie trop occidental et un célibat prolongé.
Pourtant, son avocat n’avait rien vu. Devant les caméras de BFMTV, Christian Etelin a expliqué que « ses actes sont sans commune mesure avec l’impression que j’avais de sa personnalité. […] C’était un individu souple dans son comportement, doux, courtois et policé. En tout cas pas rigide au point de basculer dans le fanatisme ».
Pourtant, les meurtres de Toulouse et Montauban, le coup de fil à la journaliste revendiquant les meurtres, ainsi que les 32 heures de retranchement dans son appartement montrent bien que Mohamed Merah était un homme « déterminé, plein de sang-froid, maître de lui », selon les termes de Claude Guéant, ministre de l’Intérieur.