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Pour quelle raison les partis se cherchent-ils de faux débats? Pour quelle raison semblent-ils tétanisés pour s’engager dans l’élection présidentielle? Dans une position de wait and see, les leaders politiques semblent manquer cruellement de courage politique pour oser franchir ce pas décisif.
Le compte à rebours a commencé. L’élection présidentielle se tiendra dans trois mois et le corps électoral doit être convoqué d’ici jeudi. Mais qui peut croire que l’Algérie va élire son président en avril prochain. A voir cette oisiveté politique dans le pays, on penserait qu’il s’agit bien d’une autre Algérie. Celle d’un monde parallèle. Dans celle où nous vivons, toute l’attention des politiques, des médias et du grand public est tournée ailleurs.
En dehors de quelques intrigues institutionnelles, rumeurs de corruption, bruits de remaniements ou gesticulations partisanes sans lendemain, le débat n’est pas centré sur une échéance aussi importante que décisive pour le pays. Qu’attendent les partis politiques pour sortir de cette cacophonie stérile où faute de candidats et de programmes, ils pataugent dans le faux débat des missions constitutionnelles de l’ANP? Il ne s’agit là que d’un alibi pour cacher leur incapacité à occuper le champ politique, car les missions de l’armée sont connues, définies et rappelées par le chef d’état-major à chaque fois que c’est nécessaire.
Pour quelle raison les partis se cherchent-ils de faux débats? Pour quelle raison semblent-ils tétanisés pour s’engager dans l’élection présidentielle? Dans une position de wait and see, les leaders politiques semblent manquer cruellement de courage politique pour oser franchir ce pas décisif et se constituer en véritable contre-pouvoir en proposant un contre-projet de société pouvant séduire le peuple ou en portant un leader rassembleur capable de proposer une voie crédible pour la renaissance de la République.
Une élection présidentielle, n’est-ce pas le moment opportun pour émerger et convaincre le peuple, seul détenteur du pouvoir? N’est-ce pas là le moment idoine pour amorcer le changement tant revendiqué? Mettre à nu un système tant critiqué? Mais en Algérie, on fait dans la politique politicienne, on gesticule, on utilise les formules-chocs pour parler de «fraude électorale», de «la fin d’un système», des «libertés confisquées» et même d’un «péril qui guette l’Algérie». Or, il ne s’agit là que de phraséologie. Aucun leader n’arrive à occuper ce vide sidéral de la scène politique pour dire haut et fort «voici les solutions que je propose à tous vos problèmes, votez pour moi!».
Certes, la campagne électorale n’est pas encore ouverte, mais la précampagne est bel et bien finie. Car, sans avoir à se vanter d’avoir inventé le fil à couper le beurre, tout le monde sait qu’une élection présidentielle se prépare longtemps à l’avance. L’Algérie ne devrait pas faire exception. Si c’est le cas, cela amène à se poser la question si le pays a vraiment une opposition digne de ce nom. Une opposition fiable, crédible, autonome et sérieuse. Dans le camp de l’opposition, les partis donnent l’impression d’être résignés.
Comment ne pas le croire dès lors que depuis l’ouverture pluraliste, les formations politiques sont dans l’incapacité de présenter le moindre programme alternatif. Leur faible score électoral dans les scrutins, leurs guerres intestines et le non-renouvellement de leurs cadres dirigeants ont fini par leur ôter toute crédibilité. Il faut le dire, ces partis n’ont jamais constitué un contre-pouvoir. Ils ne mobilisent pas les électeurs. Sans structures de base opérationnelles en dehors des élections, les partis de l’opposition donnent cette impression d’avoir une existence végétative. D’être des clubs où accourent les opportunistes de tout poil à l’occasion de chaque consultation électorale.
C’est ainsi que s’explique le wait and see adopté par les partis de l’opposition qui attendent patiemment un signal «d’en haut» pour se positionner vis-à-vis de la prochaine présidentielle. Et à voir cette oisiveté, cette résignation et cette morosité lassante de l’opposition, il est à se demander s’il ne faut pas penser à la dissolution de la classe politique qui, disons-le, tue le pluralisme en Algérie et incarne son total échec.