Brimades, humiliations, lynchage sommaire sont aujourd’hui le lot commun des pro-kadhafi arrêtés et des Noirs en Libye. Ces derniers semblent payer un tribut supplémentaire lié à la couleur de leur peau. Après Amnesty International qui avait publié des témoignages sur les tortures, les mauvais traitements et les exécutions sommaires de prisonniers en Libye, commis par les rebelles voila que l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) , qui à son tour, a appelé les nouvelles autorités libyennes à mettre fin aux arrestations arbitraires et aux mauvais traitements infligés aux prisonniers depuis la chute de Mouammar Kadhafi.
Selon HRW, qui a visité 20 centres pénitentiaires dans la capitale et interrogé 53 prisonniers, » des détenus font état de mauvais traitements dans six prisons, indiquant notamment avoir été passés à tabac et avoir reçu des électrochocs « .
Des milliers de personnes ont été arrêtées depuis la chute de Tripoli fin août, en particulier des Libyens à la peau noire ou des Africains sub-sahariens accusés d’avoir combattu aux côtés des forces de l’ancien » Guide « , affirme l’organisation.
HRW a aussi appelé le CNT, et ses soutiens internationaux, à mettre sur pied sans délais un système judiciaire capable de traiter la situation de tous ces prisonniers. Aucun de ceux rencontrés par l’organisation n’avait encore été présenté à un juge.
» Après tout ce que les Libyens ont souffert dans les geôles de Kadhafi, il est décourageant de savoir que des membres des nouvelles autorités soumettent aujourd’hui des prisonniers à des arrestations arbitraires et à des violences « , a souligné Joe Stork, directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Pour sa part, l’association Défense-Etrangers en Libye, avance que des centaines d’étrangers sont victimes d’exactions en Libye. Selon cette ONG » environ 300″ personnes, surtout des Touareg maliens et nigériens, sont détenues et » torturées » par les nouvelles autorités libyennes.
» Ce qui se passe en Libye est très grave. Les étrangers, essentiellement les Touaregs maliens et nigériens, sont actuellement jetés en prison. Ils sont torturés « , a déclaré Ousmane Ag Ahmed, secrétaire général de Défense-Etrangers en Libye, créée par des Maliens et Nigériens après le début de la rébellion libyenne, début février.
» Sur la base d’informations fiables, environ 300 étrangers, essentiellement des Touareg du Mali et du Niger, croupissent actuellement dans les prisons libyennes. Ils sont persécutés par les forces de sécurité du nouveau régime » du Conseil national de transition (CNT), selon un communiqué de l’association.
» Certains disent qu’ils ont été tués et enterrés dans une fosse commune. Il faut que les gouvernements de leurs pays d’origine réagissent enfin, et que le CNT donne sa version des faits « , poursuit-elle.
Pour la deuxième fois en quelques semaines, le Nigeria a protesté lui aussi auprès des autorités de transition libyennes pour les meurtres persistants de ses citoyens et d’autres Noirs dans ce pays nord-africain. Le Nigeria a également demandé au Royaume-Uni et à la France de persuader le Conseil national de transition (CNT) de faire cesser les meurtres.
Selon les informations données par la presse locale, le coordonnateur des Nigérians en Libye, Daramola Sidji, a lancé des appels de détresse au ministre des Affaires étrangères, Olugbenga Ashiru, face à la poursuite des attaques contre les Nigérians et d’autres ressortissants noirs à Tripoli, Benghazi, Gath, Agadez et Syrte.