«L’impunité généralisée (des forces de l’ordre marocaines) existe»
Les forces d’occupation marocaine usent de la torture, de passages à tabac et autres mauvais traitements contre les civils sahraouis.
Au pays de l’Oncle Sam on ne badine pas avec les droits de l’homme même si on a beau être les meilleurs amis du monde. Notre voisin de l’Ouest vient de l’apprendre à ses dépens. Les rapports et enquêtes établis par les organisations internationales de défense des droits de l’homme (Amnesty International, Human Rights Watch, la Fondation Kennedy…Ndlr) et le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture ont été qualifiés de crédibles par le département d’Etat américain dans son rapport sur les droits humains de l’année 2014. «Des rapports crédibles indiquent que les forces de sécurité marocaines font usage de la torture, des passages à tabac et autres mauvais traitements contre les Sahraouis détenus aussi bien pour des raisons politiques que dans les affaires de droit commun» écrivent les services de John Kerry cités par une dépêche de l’agence de presse officielle sahraouie (SPS) datée du 27 juin.
Le rapport signale que l’exposé du 4 août du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a enregistré de nombreuses plaintes contre les forces de sécurité pour utilisation de la torture et de mauvais traitements par les autorités d’ El Aâyoune pour obtenir des aveux. Ajoute Sahara Press Service. Au fur et à mesure de la lecture du document US s’égrène un long chapelet de preuves accumulées qui renseignent sur le degré atteint par la répression dans les territoires occupés et le caractère violent qui caractérise les forces de police marocaines. «Dans son rapport de février 2013 sur la visite effectuée au territoire en 2012, Juan Mendez, le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, a déclaré que les autorités ont utilisé la torture et les mauvais traitements pour obtenir des aveux, y compris lors de la garde à vue dans les postes de police et à la prison d’El Aâyoune» signalent les enquêteurs US.
Le rapporteur spécial de l’ONU contre la torture, l’Argentin Juan Mendez, avait déclaré qu’ «il ne devrait pas être surprenant que des actes équivalant à la torture soient commis à l’occasion d’événements particulièrement intenses, tels que les grandes manifestations…» à la fin de la mission qu’il avait effectuée au Maroc et au Sahara occidental entre le 15 et le 22 septembre 2012. «Les ONG internationales et locales ont continué à signaler des abus, en particulier contre les défenseurs sahraouis de l’indépendance.
Les militants qui ont été détenus puis libérés, ainsi que des membres de la famille d’un grand nombre de ceux qui sont encore en détention, ont formulé des accusations similaires», poursuit le département américain qui souligne que: «Selon le rapport du 4 août du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, la police fait régulièrement des raids sur les maisons privées de partisans présumés ou connus de l’indépendance du Sahara occidental, en battant et maltraitant les résidents.» Le réquisitoire des services du patron de la diplomatie américaine, John Kerry, est sans appel. Arrestations arbitraires, disparitions forcées, interrogatoires musclés, pratique de la torture… font partie de la panoplie de la politique repressive menée par Rabat dans les territoires occupés.
Le pouvoir marocain ferme les yeux. Washington met une nouvelle fois les pieds dans le «tadjine». «L’impunité généralisée (des forces de l’ordre marocaines) existe et des poursuites ne sont pas engagées contre ceux qui violent les droits de l’homme des Sahraouis», indiquait le département d’Etat dans son rapport mondial sur la situation des droits de l’homme publié le 27 février 2014. Le document US, d’une douzaine de pages, avait souligné que les forces de répression marocaine pratiquant la torture ne sont visées ni par des enquêtes ni par des sanctions «restent en position d’autorité», ce qui contribue «à la perception largement répandue de l’impunité».
Rien n’a changé depuis. Reste à savoir si les traditionnels alliés du trône alaouite qui se sont pourtant offusqués d’une pareille situation se limiteront à la stricte publication de rapports accablants dénonçant cet état de fait…