Tomber de rideau, demain, de la session parlementaire: une clôture sur un goût d’inachevé

Tomber de rideau, demain, de la session parlementaire: une clôture sur un goût d’inachevé

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La cérémonie intervient dans une conjoncture particulière, marquée par l’affaire des 701 kg de la cocaïne, qui a défrayé la chronique.

Ça sera le grand show politique. Le Parlement avec ses deux chambres va clôturer sa session officiellement demain pour deux mois de congé. Un rendez-vous politique et médiatique très important de l’année. Pour les parlementaires pas question de rater cette dernière séance, puisque tout le gouvernement sera à leur portée. Contrairement aux précédentes plénières, ils seront présents en force demain à l’hémicycle. Même les plus indisciplinés seront de la partie, enjeu oblige. Surtout lorsqu’on sait que la cérémonie intervient dans une conjoncture particulière marquée par l’affaire des 701 kg de cocaïne qui a défrayé la chronique. Les observateurs, les politiques, les médias et même l’opinion publique s’impatientent pour scruter le moindre détail sur ce scandale qui n’a pas encore livré tous ses secrets. La cérémonie de demain sera donc l’occasion ou jamais, pour tirer le moindre détail discrètement ou officiellement. Le Premier ministre sera, sans doute, interpellé par les médias sur les derniers changements opérés à la tête de la Dgsn. Ahmed Ouyahia va-t-il rompre le silence ou se tenir à l’obligation de réserve? La réponse ne saurait tarder. Les prochaines quarante-huit heures vont apporter quelques pièces du puzzle. Ce qui est certain, la sortie du gouvernement ne sera pas un non-événement. Après les déclarations du ministre de la Justice Tayeb Louh, le Premier ministre pourrait lui emboîter le pas pour rassurer l’opinion publique et mettre fin aux rumeurs les plus folles qui circulent dans l’espace médiatique. Les observateurs et les spécialistes des plateaux, vont livrer, dans les deux cas de figure, des lectures des événements. Cette session tombe ainsi, au moment opportun où l’affaire de la cocaïne attire tous les regards sur la suite du feuilleton. Par ailleurs, le Parlement parvient juste à boucler son agenda pour l’actuelle session. Les deux chambres (APN-Sénat) sont passées à la vitesse supérieure ces derniers temps pour entériner les projets de lois en lice. Pourtant, cette session s’est étalée sur 10 mois sans interruption. Afin d’être dans les délais et éviter tout report, le Parlement a expédié ses travaux en un temps record. Les derniers projets en reste ont été validés hier par le Sénat, soit la veille de la clôture. En une seule séance, le Conseil de la nation a voté cinq projets de lois bouclant ainsi, son agenda pour l’actuelle session. Il s’agit du projet de loi de finances complémentaire 2018, le projet sur les modalités d’application des cas d’exception de non- constitutionnalité, de celui sur l’Académie de tamazight, de la loi organique relative aux lois de finances et celui relatif à la justice militaire. En tout et pour tout, 15 projets de loi ont été adoptés durant cette session qui a été marquée par de fortes tensions. Le projet de loi sur la santé, le projet de loi sur les télécommunications, celui sur la loi de finances 2018, la loi sur la monnaie et le crédit, le projet de loi sur l’Académie de tamazight, et enfin celui de la LFC2018, ce sont autant de textes de lois qui ont fait l’objet d’une véritable contestation au sein de l’APN. L’opposition et la coalition se sont livrées à une bataille politique sans précédent. Le président de l’Assemblée populaire nationale, Saïd Bouhadja s’est retrouvé à plusieurs reprises devant des situations embarrassantes. Or, si l’APN a réussi à faire passer au forceps les lois du gouvernement les plus contestées à l’image de celle de la santé et de la loi de finances 2018, celle-ci est restée incapable de se doter d’un règlement intérieur conforme à la Constitution de 2016. Deux ans après son adoption, l’APN n’arrive pas à élaborer un nouveau règlement qui définit son fonctionnement. Alors que le Sénat a tranché cette question, il y a longtemps, l’APN traîne encore le pas et continue de fonctionner avec l’ancien règlement intérieur. Le projet élaboré par la commission juridique a été vivement rejeté par les différentes formations politiques y compris le RND et le FLN. Ces derniers ont refusé les sanctions imposées aux députés en cas d’absence aux travaux des commissions et des plénières. Le projet, débattu pendant deux jours, a été reporté pour la prochaine session. Après deux mois de congé, les députés vont renouer avec le casse-tête du règlement intérieur puisqu’il sera question d’élaborer un autre projet de loi qui sera en mesure de faire l’objet d’un consensus. Ce qui n’est pas une simple sinécure.