C’est le temps de l’évaluation et des bilans de cette campagne. Les dernières salves ont consisté surtout en des appels au vote massif, une unanimité partagée par les partis.
La parole à l’urne, le 23 novembre prochain. Relâchement général dans les états-majors des partis. Après deux semaines de marathons politiques, la campagne électorale pour les locales s’achèvera aujourd’hui à minuit, sans boursouflures sans couac et sans grande fièvre qui marquait habituellement ce genre de rendez-vous, cette étreinte des hommes politiques avec les populations. C’est le temps de l’évaluation et des bilans de cette campagne. Les dernières salves ont consisté surtout en des appels au vote massif, une unanimité partagée par les partis.
Ces appels traduisent, à l’évidence, les peurs qui guettent ces partis et la pléiade des indépendants en course dans cette bataille électorale. Une crainte qui se justifie dans la mesure où le citoyen n’était pas vraiment impliqué dans cette campagne qui a démarré trop lentement le 29 octobre dernier. Le ratage s’est fait sentir dès les premiers jours à travers l’absence sidérale de l’animation et de l’ambiance électorales, alors que la campagne compte dans son actif près de 61 formations politiques et une centaine de listes indépendantes à la conquête de 1541 communes et 48 Assemblées populaires de wilayas. A voir le chiffre et le volume, on s’attendait à une déferlante politique sur le pays, une animation non-stop. Paradoxalement, tout ce beau monde politique s’est éclipsé. Il ne restait sur la scène que les traditionnelles formations faisant partie du décor politique. On retient également cette campagne, le manque de projets et de programmes fiables et en rapport avec les problèmes que connaissent les communes et les wilayas. Le local a été sacrifié sur l’autel de l’approche globale qui occulte les priorités qui ont trait à la crise économique, financière et sociale du pays.
Pour ainsi dire, la campagne électorale a montré un fossé séparant la société de sa classe politique qui se noie dans la médiocrité et l’incurie politique.
A l’exception des vieux routiers qui arrivent à se démarquer par leurs programmes électoraux et leurs orientations politiques, comme c’est le cas du FLN, le RND, le MSP, le PT et le FFS, les autres concurrents à cette échéance donnent l’impression d’un ronronnement. Dans cette bataille électorale, si on suit les prestations on pourrait facilement déduire que les partis qui pourront se frayer un chemin et une place dans la configuration post-élection locale, sont connus, sauf si «un miracle» surviendrait pour renverser tous les calculs en présence sur la scène politique.
Il faut noter aussi, que les islamistes, exception faite pour le MSP qui arrive à se maintenir et concurrencer les partis traditionnels, l’autre variante, celle qui prône un islam radical comme c’est le cas de l’alliance Ennahda-Adala-Binaa et leur sosie El Islah, est atomisée. Sa voix est restée inaudible avec un discours figé, sclérosé et dogmatique sur les bords.
Cette variante radicale de l’islam politique a fait dans le silence en coupant avec le vacarme et le brouhaha d’antan avec une assurance qui frise l’invraisemblable.
Cette alliance est menacée d’extinction avec l’application de la loi qui exige le seuil de 4%.
Son discours n’a pas frôlé le caractère et le ton habituel qui s’inscrivent dans le triomphalisme et l’autosuffisance.
La campagne électorale s’achève avec des interrogations qui l’entourent et qui en disent log sur l’avenir de la pratique politique et le rôle des partis dans la dynamique sociétale.
Toute la question est là, c’est comment parer à cette descente aux enfers sur le plan politique et faire en sorte à ce que l’assainissement de la scène nationale soit entamé in extremis pour sauver ce qui reste comme traditions politiques et pratique qui permet à la société de se doter de leviers et d’instruments qui participent dans la cristallisation de la conscience politique et l’émergence d’une véritable classe politique qui assure réellement l’alternative et qui combat ce vide sidérant créé par cette dépolitisation et des partis de pacotille et factices.
L’heure est grave pour les partis politiques et leur refonte est plus que jamais exigée.
hocine neffah