Tomate industrielle : la faillite !

Tomate industrielle : la faillite !

Les transformateurs de tomate industrielle de la région est, qui englobe les wilayas d’El-Tarf, Annaba et Skikda, ne savent plus à quel saint se vouer pour trouver une solution durable à leurs difficultés et un dénouement heureux à leurs tracasseries bancaires qui s’avèrent, pour l’instant, inextricables.

Pour mettre en œuvre une stratégie de relance de la filière et essayer d’aplanir les contraintes rencontrées, une réunion de coordination informelle a eu lieu à El-Tarf et a regroupé 8 transformateurs, dont les unités sont en berne, avec les fellahs des wilayas d’Annaba et El-Tarf.

Au cours de ladite réunion, les transformateurs n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère pour dire leurs quatre vérités et affirmer qu’«il existe une mafia de la tomate industrielle qui a pignon sur rue, connue de tous, et qui, par ailleurs, œuvre depuis plusieurs années à asphyxier les 13 unités des deux secteurs, étatique et privé, dans le dessein de s’en accaparer.

D’ailleurs, elle vient de réussir, il y a quelques semaines, à prendre possession de deux unités en déboursant des miettes aux banques qui en détiennent des créances. Cette même mafia bénéficie de crédits bancaires à satiété pour l’importation du triple concentré de tomate en fûts de la Chine et de la Turquie avec des devises sonnantes, lesquels fûts sont transformés par la suite au niveau de leurs unités en double concentré et vendu sur le marché local avec des prix exorbitants. Il faut savoir, et c’est une révélation, que le prix du kilogramme du double concentré de tomate ne peut guère dépasser les 50 DA, alors qu’il se vend à 160 DA. Aussi, il y a anguille sous roche, lorsque des banques étatiques accordent des crédits à certains transformateurs alors que d’autres n’en bénéficient pas et s’en trouvent exclus. Nous ne comprenons pas cette manière de gérer, de deux poids deux mesures. Dans ce sens, nous dénonçons la dilapidation des deniers publics et nous interpellons le Premier ministre pour l’ouverture d’une enquête afin de faire toute la lumière sur le transfert de devises par le biais de cette filière », déclarent les transformateurs de la tomate industrielle de l’est du pays.

Ils ajouteront, pour mieux expliquer leur situation, que «depuis l’année 2000, nous subissons, la mort dans l’âme, des difficultés immenses qui ont trait, entre autres à la perte de changes, aux taux d’intérêt élevés durant la période 1999-2000, à l’insuffisance de soutien et principalement nous ne disposons pas de crédits saisonniers pour l’actuelle campagne qui débutera dans quelques jours». Pour sauvegarder les 140 000 postes d’emploi et la mise en activité de 13 unités qui peuvent subvenir à l’autosuffisance nationale (de Kouba et Skikda), les transformateurs des trois wilayas sollicitent les pouvoirs publics pour «un rééchelonnement de la dette (en application de la note n° 81/fv du 27 janvier 2010 émanant de la Direction de la régulation et du développement de la production agricole (DRDPA) ; la note en question est restée jusqu’à ce jour en suspens et sans effet) et qui concerne, en fait, les intérêts (23 % par an) et les agios, sachant que le principal de la dette est payé depuis belle lurette et pouvoir bénéficier de crédits saisonniers pour entamer l’actuelle campagne». Par ailleurs, certains gérants des unités de transformation n’arrivent pas à comprendre le mutisme du ministère des Finances pour l’application des résolutions et des dispositions prises par le ministère de l’Agriculture. Pour ces derniers, «il existe une mafia au niveau de certains ministères dont l’objectif premier est de bloquer la prise en charge des dossiers de rééchelonnement des dettes pour permettre l’importation du triple concentré, avec, à la clé, de possibles opérations de blanchiment d’argent». «Les autorités se doivent de réagir et nous ne baisserons pas les bras. C’est notre gagne-pain qui est mis en jeu», ont-ils martelé.

Pour conclure, il est judicieux de rappeler que les 13 unités ont une capacité de production de 180 000 tonnes de double concentré de tomate, dont 80 % de la production peut être destinée à l’exportation sachant que les besoins du marché national sont de l’ordre de 70 000 tonnes par an. Dans le même sillage, cette filière génère chaque année, en plus des 140 000 emplois directs, 110 000 emplois saisonniers et indirects de plus.

Daoud Allam