Plusieurs membres du gouvernement de Manuel Valls et autres ténors du Parti socialiste ont promptement réagi pour accuser, ni plus ni moins, Roland Dumas…d’antisémitisme
Des ministres, des sénateurs, des députés ont promptement réagi pour accuser, ni plus ni moins, Roland Dumas… d’antisémitisme.
Un véritable hallali a résonné quelques heures à peine après le passage, hier matin, sur BFM de l’ancien président du Conseil constitutionnel, ancien ministre des Affaires étrangères du président François Mitterrand, et néanmoins grand ami de l’Algérie et ancien avocat du FLN durant la guerre de libération, Roland Dumas.
Plusieurs membres du gouvernement de Manuel Valls et autres ténors du parti socialiste ont promptement réagi pour accuser, ni plus ni moins, Roland Dumas…d’antisémitisme, pour avoir osé rétorquer au journaliste de Bfm l’interrogeant sur l’éventualité d’une forte influence de l’épouse sur l’actuel Premier ministre français «Probablement. Je peux le penser». Exit le discours pourtant bien plus essentiel sur la résonance perdue de la France dans les capitales des grandes puissances, sur la perte insondable de ce qui fut «la politique arabe de la France» au profit d’un alignement inconditionnel sur les thèses israéliennes de gauche comme du Likoud. Eludée la condamnation sans faux-fuyant du refus d’honorer le contrat signé avec la Russie pour la livraison de trois navires de guerre, car «un contrat c’est un contrat» et «la Russie n’est pas n’importe quel partenaire».
Non, la seule chose que Roland Dumas se voit reprocher avec véhémence et pour laquelle il va être des jours durant condamné, insulté, banni, voué aux gémonies, c’est cette réflexion banale sur l’influence qu’une femme peut exercer, consciemment ou inconsciemment, sur son compagnon. C’est vrai que la référence au couple Valls revêt une dimension particulière dès lors que son épouse est une israélite militante. Dumas aurait dû se montrer précautionneux et mesurer son propos à l’heure où tous les médias européens, et français bien entendu, sont mobilisés pour se précipiter telle une meute de loups enragés sur quiconque émet un soupçon de critique à l’égard d’Israël et de la politique criminelle de Netanyahu.
Que le président socialiste de l’Assemblée nationale française soit «révolté» par les mots francs et directs de Roland Dumas, voilà une réaction de circonstance. Comme le sont celles de Najat Vallaud-Belkacem («Roland Dumas nourrit l’antisémitisme ordinaire» – sic -), Benoit Hamon (c’est «écoeurant»), et beaucoup d’autres. Il faut savoir prendre le train à toute heure, surtout s’il est en partance pour Auschwitz. Najat Vallaud-Belkacem sait y faire. Donner des gages, encore et encore, à ces parrains qui dictent depuis plus d’une décennie la politique de la gauche comme de la droite! La France gaulliste a vécu. Celle de Mitterrand ne lui a pas, non plus, survécu. Excepté Dominique de Villepin qui tente, vaille que vaille, de défendre le peu qui reste de cette France-là, la France est aujourd’hui télécommandée par un lobby semi-latent mais fort puissant. C’est couru d’avance que des figures du socialisme d’antan soient clouées au pilori lorsqu’elles osent privilégier l’intérêt de la France avant celui de ce lobby et de tout ce qu’il représente.
Roland Dumas pouvait-il ignorer tout ceci? Ce serait lui faire injure que de le penser. Quant à le croire…Non, Maître Roland Dumas a fait un choix et un discours assumé. Avec le courage qu’on lui connaît, le même courage que saluaient, il y a plus de vingt ans, ses amis Jacques Vergès ou Mourad Oussedik, il a volontairement mis les pieds dans le plat qu’on s’acharne à faire avaler à tout un peuple.
Un plat qui consiste à combattre cet «islamo-fascisme» identifié par Manuel Valls, avec un combat sélectif contre l’antisémitisme. Cherchez l’erreur!
«Tout le monde exagère. Tout le monde se mêle de tout. Le fascisme, ce n’était pas cela (…). Ces déclarations, c’est pour faire de l’audimat», a dit Roland Dumas en entrant délibérément dans l’arène où vont vouloir le déchiqueter les fauves d’un Parti socialiste new look. Son nouveau livre qui sort ces jours-ci est donc fort à propos: «Politiquement incorrect.» Sacré Roland Dumas, il l’aura toujours été, un provocateur invétéré.