Tlemcen,Lalla Maghnia pleure son héros

Tlemcen,Lalla Maghnia pleure son héros

Dès l’annonce de la nouvelle de la mort de l’icône de la ville de Lalla Maghnia et de sa région, la population a accouru vers le domicile familial, une ancienne bâtisse située au centre-ville, pour confirmer la véracité de l’information.

Il faut dire que cette mort a été annoncée par certains médias à maintes reprises, mais cette fois-ci, le destin en a réellement frappé et celui qui a porté l’Algérie dans son cœur tout au long de sa vie et participé activement à sa libération n’assistera pas au cinquantième anniversaire de son Indépendance. La nouvelle est tombée donc tel un couperet et tout un chacun s’interrogeait sur le lieu de son enterrement afin de lui rendre un dernier hommage.

Mercredi, tôt le matin, Maghnia est devenue une ville morte. Magasins et cafés ont baissé leurs rideaux, leurs devantures et les balcons des maisons se sont ornés du drapeau national et l’on se dirigeait par dizaines, sinon plus, vers la modeste demeure qui a enfanté l’un des héros de la Révolution de Novembre 1954 et qui fut le premier Président de la république algérienne post-indépendance.

On évoque le jubilé que lui a réservé sa ville natale, un certain 3 mai 2005, qui a vu la participation de plusieurs personnalités nationales et internationales, dont le président de la République Abdelaziz Bouteflika qui a eu le mérite de réhabiliter cette grande figure emblématique de l’histoire de l’Algérie.

L’on se rappelle ses larmes émouvantes à l’amphithéâtre de l’université Aboubakr-Belkaid, en cette même année quand les universités algériennes lui ont décerné, des mains du Président Bouteflika, le titre de docteur honoris causa. Ce jubilé est resté gravé dans la mémoire des Maghnaouis et de toute la population de la wilaya de Tlemcen qui, elle aussi et dès l’annonce officielle de sa mort, s’est rendue en masse vers le siège de la wilaya pour lui rendre, à titre symbolique, un dernier hommage.

L’on se souvient aussi de cette journée mémorable du 16 avril 2011 quand le Président Bouteflika lui a fait l’honneur d’inaugurer l’aéroport Messali-El-Hadj, en présence de la fille de celui qui est considéré par les historiens comme le père du nationalisme algérien et fondateur de l’Etoile Nord-Africaine et du Parti du peuple algérien (PPA), dans lequel Ahmed Benbella a milité avant de passer à l’action militaire au sein de l’OS et de perpétrer l’opération héroïque du hold-up de la poste d’Oran, dont le butin avait servi au financement de la lutte armée du peuple algérien.

«Nous voulons que l’université de Maghnia porte son nom»

L’on se rappelle, en cette même journée, que lors de la soirée organisée en son honneur et en l’honneur du Président Bouteflika, Ahmed Benbella a dansé sous les rythmes du hawzi et de l’andalou. L’on se rappelle aussi l’inauguration de la zaouïa de Sidi M’hamed El-Ouassini, en présence de tous les chouyoukhs des zaouïas du pays et d’une soixantaine de troupes folkloriques et de cavalerie.

Quand il venait à Maghnia pour retrouver les siens, sa maison devenait le lieu de rencontre de milliers de personnes venues le saluer, prendre une photo souvenir avec lui ou lui exposer leurs doléances. Il était humble et modeste. Il écoutait attentivement tout le monde et quand le cas méritait une intervention, il n’hésitait pas à prendre son téléphone pour saisir les responsables. De sa fortune, il n’avait que cette demeure familiale à Maghnia. Il n’a vécu que pour ses idées et ses idéaux et a laissé derrière lui un riche patrimoine patriotique et nationaliste.

Aujourd’hui sa ville natale le pleure et se prépare déjà à lui rendre un vibrant hommage. «Même s’il est enterré au cimetière d’El-Alia, nous tenons à organiser une grande cérémonie religieuse à sa mesure et à la mesure de tout ce qu’il a fait pour l’Algérie. C’est un moudjahid, l’un des héros de la guerre de libération nationale et c’est notre premier Président», affirment résolument les Maghnaouis, dont certains ont déjà pris la route à destination d’Alger pour participer à ses funérailles et lui rendre un dernier hommage au Palais du peuple. Pour Hadja Nouara, une moudjahida,

«l’Algérie toute entière est fière de cette grande personnalité de l’histoire algérienne, de ce grand militant de la cause arabe, africaine et tiers mondiste. C’est un héros national et militant de la première heure et sa mémoire restera éternelle dans nos cœurs et dans les cœurs de tous ceux qui portent l’Algérie dans leur cœur», avant que si Zoubir, un enseignant universitaire, n’affirme :

«Nous voulons que l’université de Maghnia porte son nom (…) Il faut que l’Algérie réhabilite tous ses héros afin qu’ils restent éternels par leurs œuvres et que la nouvelle génération puisse s’en inspirer. Quant au reste, on doit le laisser aux historiens et aux académiciens. Ce sont eux qui doivent écrire l’histoire, loin de toutes considérations subjectives ou politiciennes». Aujourd’hui, Lalla Maghnia est en deuil, comme l’Algérie toute entière. Que Dieu ait pitié de l’âme du défunt président.

B. S