Une ville antique, un patrimoine à sauvegarder
Il ne reste pas beaucoup de jours pour que la ville de Tlemcen fasse ses adieux au plus grand événement qui l’a illuminée tout en l’animant pendant toute une longue année.
«Tata Khalida a bien fait de penser à nous en rénovant la salle de cinéma ex-Colisée», a affirmé le responsable de la salle de cinéma de Tlemcen, Ilyès-Bensalem. Un tel aveu est plus que révélateur de la soif inassouvie des Tlemcéniens vis-à-vis du cinéma. Tlemcen, cette ville qui a été, pendant aussi longtemps, la capitale des Zianide, a été capitale de la culture islamique de plus de 50 pays musulmans, et ce depuis le mois de février de l’année passée. Abriter les festivités contenues dans le cadre de «Tlemcen, capitale de la culture islamique» a valu aux habitants de la ville un autre titre et une nouvelle forme de noblesse, celle des temps contemporains, et cela après ceux qui (habitants de Tlemcen) l’ont connue, y ont vécu et exercé pendant plusieurs dizaines de siècles auparavant. Nous sommes jeudi matin, la ville de Tlemcen commence à se vider de ses visiteurs de circonstance: les invités venus dans le cadre du panorama du film documentaire. En effet, après qu’ils eurent animé la ville du roi Yaghmouracen Benziane, les acteurs, actrices, réalisateurs et producteurs audiovisuels quittent, l’un aprés l’autre, la capitale de la culture islamique 2011 laissant derrière eux de très beaux souvenirs. Souvenirs qui sont paradoxalement mélangés à une grande tristesse provoquée par l’amère séparation des Tlemcéniens de leurs artistes tant adulés et ce, après une accoutumance qui a duré une semaine. «Mais, nous allons nous ennuyer nous», a lâché une femme d’un âge avancé qui a suivi avec fierté tous les films documentaires, tous réalisés à l’honneur de la ville de Tlemcen, ses us, ses traditions, ses monuments historiques et ses hommes de lettres et de sciences. Et d’ajouter que «le panorama du film documentaire a permis à l’ensemble des Tlemcéniens de découvrir, comme pour la première fois de leur existence, leur ville et la richesse de son patrimoine culturel et historique». Aussi, beaucoup sont les Tlemcéniens, ayant côtoyé pendant plus d’une semaine tous ces hommes bizarres loufoques, comiques et amusants qu’ils ont connus à travers le petit écran, qui se demandaient à quand le prochain rendez-vous culturel d’une telle dimension. «Quand sera organisée une activité de cette d’envergure qui nous a fait sortir du marasme culturel que nous avions subi pendant de longues années?» demandait un citoyen. «Pas de sitôt, à moins que le département de Khalida Toumi ne fasse une nouvelle folie en organisant d’autres festivités semblables à celle qui va s’achever, pour jeter l’argent par la fenêtre», a lâché subtilement un correspondant d’un quotidien arabophone qui a estimé que l’activité en question, «Tlemcen, capitale de la culture islamique», est une perte de temps et d’argent. Une telle sentence lâchée délibérément, a vite fait de tourner à un débat intellectuel qui a opposé deux journalistes, le premier est le correspondant local tandis que le second est l’envoyé spécial d’un quotidien francophone. Le débat n’a connu son épilogue qu’après l’intervention d’un artiste tlemcénien qui, tout en affichant sa satisfaction totale, a déclaré que «Tlemcen manquait cruellement de telles rencontres et ce depuis de longues années». Et ce dernier de tancer sévèrement tout en critiquant les langues qui n’ont cessé de se délier depuis le mois de février 2011: «Pourquoi tout cet acharnement sur une activité qui est pourtant bénéfique aux habitants de notre wilaya vu les nouvelles infrastructures culturelles qui ont été réalisées à l’occasion de «Tlemcen, capitale de la culture islamique?» En tout cas, il ne reste pas beaucoup de jours pour que la ville du Roi Yaghmouracen fasse ses adieux à la plus grande festivité qui l’a propulsée sur les devants de la scène culturelle internationale, tout en l’illuminant et l’animant, pendant toute une longue année. Tlemcen, capitale de la culture islamique. Cette festivité, tant médiatisée, sera donc officiellement clôturée à l’occasion de la célébration de la Journée du savoir, le 16 Avril de l’année en cours. Au-delà de toutes les considérations, la ville de Tlemcen, faut-il-le dire, a fait autant de jaloux et de mécontents vu que celle-ci, qui a été proposée pour abriter l’événement de la culture islamique, a été aussitôt retenue. Le projet, qui n’était à l’origine qu’une simple idée, s’est concrétisé dans la réalité. «N’en déplaise aux autres, les détracteurs de la culture et les fous, fervents défenseurs de la corruption et de la malhonnêteté intellectuelle et culturelle», semblent vouloir dire les responsables locaux et hiérarchiques de la culture qui ont subi toutes les affres et les aléas des bâtons mis dans les roues, volontairement ou sournoisement, la finalité étant, sans aucun doute, de stopper la renaissance culturelle algérienne. Théâtres, palais de la culture, musée, centre des recherches et d’études andalouses, théâtre de verdure, rénovation de plusieurs sites historiques, rétablissement des hommes de lettres et des sciences, cinéma, réalisation de près de 40 films documentaires sur Tlemcen, ses sites, ses hommes de culture et d’art. Plusieurs colloques sur plusieurs thèmes de pointe ont été tenus, organisation de plusieurs dizaines de semaines culturelles à travers lesquelles les jeunes artistes algériens se sont inéluctablement échangé des dizaines d’idées et de projets, 3000 chanteurs et artistes, de différents coins du pays sont montés sur les différentes scènes de neuf wilayas de l’ouest et du sud-ouest du pays, tels sont les acquis, qui marqueront à jamais la vie des Tleméeniens et leur ville. Ajoutez à cela l’apport économique d’une telle activité qui a permis aux infrastructures hôtelières et de la restauration de travailler à longueur d’année sans interruption ni chômage. L’hôtel Zianide, qui était en rénovation l’année dernière, a, en moins d’une année après sa réouverture, vu ses recettes augmenter. L’acquis à la fois majeur et principal est cette prise de conscience des jeunes Algériens convaincus que l’Islam n’est pas seulement une religion mais aussi une culture basée sur la tolérance.