En raison de la consommation croissante du poulet de chair à cause des mariages en saison estivale, la demande en viandes blanches est en forte hausse. Leurs prix aussi. Cédé il y à peine un mois encore à un prix raisonnable, variant entre 260 et 280 dinars le kilogramme, les prix du poulet ont pris une tangente très marquée pour atteindre la barre des 450 dinars le kilogramme.
En hausse depuis la fin du mois de Ramadhan dernier, le poulet poursuit toujours sa flambée. Les ménages qui ne se sont pas empressés de briser leur tirelire sont dans l’expectative et n’arrivent pas à expliquer cette augmentation soudaine qui les a pris de court. Cette brusque inflation des prix inexpliquée laisse les observateurs quelque peu inquiets des conséquences sur le consommateur durant cette période estivale : » Nous ne comprenons rien sur la flambée des prix du poulet.
Du mois de mai et jusqu’au mois du ramadan, les prix du poulet de chair ont oscillé entre 200 et 250 DA le kilo au niveau de tous les marchés de Tlemcen. Aujourd’hui, le poulet est à 450 voire 500 dinars le kg. Du jamais vu ! « , a déploré un membre d’une association de consommateurs rencontré au marché couvert de la ville. Et d’ajouter : » Tout est cher dans ce pays: les légumes, les fruits, les produits alimentaires, les viandes blanches et rouges, les œufs.
Nous ne nous attendions pas à des hausses d’une telle ampleur. La flambée est quasi-générale ! Qui s’occupe du pouvoir d’achat des citoyens ? « . Nous exhortons les responsables à « prendre des mesures adéquates, face à cette inflation, pour soulager la population ». Selon un fonctionnaire de la direction du Commerce de Tlemcen, c’est le comportement de ces consommateurs qui est la résultante de ces augmentations ! » Regardent-ils ce qu’ils achètent, ce qu’ils » bouffent » ?! Mais que va faire le gouvernement qui est en train de nous planter un couteau dans le dos ?, s’interroge un autre père de famille venu faire des courses au marché couvert.
» Rien , des mots, des mots et encore des mots. Après les taxes (TVA) et les impôts sur les revenus qui ont ruiné notre pouvoir d’achat, voilà la valse programmée des hausses des prix ! « , lui rétorque un autre citoyen. Et d’ajouter : » A-t-on jamais vu le prix des produits de consommation courante baisser dans ce pays où les » gros » profitent des petits ? Donc ensuite cela va encore augmenter ! Un smicard a-t-il le pouvoir de manger, se vêtir et se distraire à des tarifs exorbitants ? Franchement il ne reste plus qu’à bouffer des nouilles (pâtes) et des patates tout le mois ! Il y a 25 ans, le salaire moyen était bien moindre que celui d’aujourd’hui, mais, on avait le pouvoir de manger plus ou moins bien !
Aujourd’hui, ce que je vois, c’est ce qu’il reste dans mon portefeuille, ou plutôt ce qu’il ne reste pas, à la fin du mois parce que l’immoralité et l’appât du gain sont passés par là ! Avant d’augmenter les salaires avec l’argent que l’on n’a pas, il serait préférable de bloquer les prix des produits. Car beaucoup de commerçants de ce pays n’ont qu’une idée : ramasser plus de fric sur le dos des consommateurs. Ils ne se contentent pas de la marge bénéficiaire.
Quant on sait à combien revient un kilogramme de pomme de terre et à combien il est vendu, et il en est de même pour le vestimentaire, c’est scandaleux ! « . Un autre fonctionnaire enchaîne : » Où sont les promesses d’importation massive de viandes rouges fraiches et congelées et le prix modéré des viandes blanches qui doivent en principe jouer un rôle important dans la stabilisation des prix et donc l’accès aux protéines nobles pour les bas revenus et les couches défavorisées ? Absolument rien ! « . Un vendeur de volailles a fait observer que, » cette année, il y’a eu une forte production avicole, mais les spéculateurs sans scrupules n’hésitent pas à stocker dans les chambres froides des millions de poulets abattus dans le but non pas de réguler la production mais de pousser les prix vers le haut « .
Aujourd’hui, la stabilité des prix annoncée en grandes pompes et les assurances des responsables sont démenties par le terrain, car les prix de tous les produits de large consommation ont connu une hausse considérable. Rappelons, dans ce cadre, que le ministre du Commerce, M. Benbada, avait estimé, le mois de ramadan dernier, qu’ : » Une stabilité a été instaurée grâce à la mise en place de conditions favorables, ainsi qu’à la contribution des consommateurs. Il avait tablé sur la stabilité des prix » à long terme » en évoquant la mise en place de » structures commerciales, dans les années à venir au niveau national « . Aujourd’hui, les lois du marché sont réellement impactées. »
De nombreux médias produisent des analyses de fond, expliquant les causes de la dérégulation des marchés. Mais qui les prend en considération ? Personne ! « , a tenu à souligner à notre journal, un économiste de l’université » Abou Bakr Belkaïd » de Tlemcen. En attendant, toutes les informations témoignent incidemment d’une chose : l’impuissance des pouvoirs publics à juguler la hausse abusive des produits de large consommation et freiner la vie chère.