Les cours du pétrole ont terminé en très légère baisse jeudi à New York. Le prix du baril de «Light Sweet Crude» (WTI), référence américaine du brut, a perdu 8 cents à 45,64 dollars sur le contrat pour livraison en juillet au New York Mercantile Exchange (Nymex). L’hypothèse d’une hausse de la production de pétrole de schiste plombe les marchés.
Les cours ont évolué en dents de scie jeudi avant de revenir proches de leur point de départ. Mercredi, ils avaient accusé une baisse de plus de deux dollars à la suite d’une hausse inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis qui, conjuguée à une progression des réserves d’essence et de produits distillés, a renforcé les craintes d’un excès d’offre.
«On a eu des chiffres des stocks poussant à la baisse des prix mais il y a des troubles au Moyen-Orient (…) et les importations chinoises sont favorables aux cours», a énuméré Mike Lynch de Strategic Energy & Economic Research avant de conclure: «Tout cela s’équilibre maintenant.» Les cours ont fini juste au-dessus de leur niveau le plus bas en clôture en un peu plus d’un mois.
La hausse des stocks américains fait craindre que l’offre continue de dépasser la demande malgré les efforts de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui a prolongé son accord de baisse de production jusqu’en mars 2018. C’est d’ailleurs cette prolongation décidée le 25 mai et jugée pas assez ambitieuse par les marchés qui a imprimé une tonalité morose au marché, le baril ayant depuis perdu plus de 11% de sa valeur.
Autre facteur pesant sur les cours, le géant anglo-néerlandais Shell a annoncé jeudi avoir repris ses activités sur le terminal de Forcados, dans le sud-est du Nigeria, après plusieurs mois de fermeture due à des attaques répétées par des groupes armés.
Membre de l’Opep, le Nigeria a été exempté de quotas car il cherche à faire repartir sa production au moment où la situation dans la région du Delta semble s’apaiser à la suite des négociations engagées entre les rebelles et le gouvernement.
Les cours ont dégringolé après la publication mercredi du Département américain de l’Energie (DoE), qui a fait état d’une hausse inattendue des réserves de brut de 3 millions de barils pour la semaine achevée le 2 juin. «Les prix ont chuté avec les réserves américaines, mais également avec le retour d’une partie significative de la production nigériane. Royal Dutch Shell a levé ses restrictions sur des exportations nigérianes 16 mois après les avoir mises en place», a rappelé Enrico Chiorando, analyste chez Love Energy.
Les deux nouvelles ont été vues par les marchés comme un signe que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui a annoncé fin mai renouveler pour neuf mois son accord de baisse de la production avec ses partenaires, ne suffirait pas à rééquilibrer le marché mondial sans effort supplémentaire.
Les prix ont en effet perdu plus de 12% depuis la réunion de l’Opep du 25 mai. «Ce qui plombe les marchés actuellement, c’est l’hypothèse d’une hausse de la production de pétrole de schiste, d’une implosion de l’économie chinoise (qui ferait baisser la demande, ndlr) et d’un échec de l’Opep», ont résumé les analystes de Energy Aspects. Selon eux, la raison pour laquelle les marchés préféreraient voir l’Opep approfondir ses baisses plutôt que de les renouveler est qu’en cherchant à abaisser les réserves sur le long terme, l’Opep perd l’opportunité d’entraver réellement l’industrie du pétrole de schiste américain, qui n’aurait pas le temps d’augmenter la cadence si les efforts de l’Opep étaient plus marqués.