“Tlemcen, capitale de la culture islamique pour l’année 2011 ” est loin d’être un choix usurpé, un effet du hasard. La ville a des arguments à faire valoir, des atouts et un potentiel digne de son prestigieux passé et de son histoire séculaire. En lui confiant le privilège d’organiser la manifestation, l’Organisation islamique pour l’éducation, la culture et les sciences (ISESCO), sollicite à juste titre, une cité qui recèle un riche patrimoine foisonnant de monuments historiques, de vestiges et de traces qui témoignent de sa présence constante et de sa contribution féconde à la civilisation et à la culture islamique.
La cité des Zianides affiche ses prétentions
Intimement convaincue de la portée de cet événement, Tlemcen a mis les bouchées doubles et n’a pas ménagé ses efforts pour se hisser à la hauteur de la confiance placée en elle.
On sent très perceptiblement les signes d’une activité intense qui se déploie tous azimuts. Les principales artères de la ville sont décorées, les espaces publics requinqués. Des panneaux portant l’inscription “ Tlemcen, capitale de la culture islamique” sont installés en beaucoup d’endroits. Il se dégage, à coup sûr, un fort sentiment de fébrilité qui s’empare de la ville et lui confère une atmosphère des grands jours, hautement révélatrice de l’importance de cette manifestation dont le coup d’envoi sera donné le samedi 16 avril, journée qui coïncide avec la célébration de «Youm El Ilm». La symbolique se passe de tout commentaire. Elle met au jour, une volonté d’ancrage et d’enracinement sur des vertus fondées sur la science et la culture, une fidélité aux valeurs intrinsèques de la raison et de la foi. C’est un message que les organisations de l’événement ont voulu transmettre.
Le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, présidera l’ouverture officielle de la manifestation. La journée du 16 Avril donnera le ton et la mesure et sera marquée par un programme d’animation important au niveau du plateau Lalla Setti qui surplombe la ville de Tlemcen. C’est un prélude culturel qui est offert aux citoyens dans une ambiance éminemment festive. Il n’est pas le seul.
Loin s’en faut. La perle du Maghreb, berceau de la musique andalouse, s’est imposée un vaste œuvre de restauration et de citer à titre indicatif, la restitution du palais royal Zianide El Mechouar, élaborée sur la base de fouilles archéologiques et sur un travail de recherches sur documents d’archives, la réalisation d’un théâtre de verdure de 2.000 places pouvant accueillir tout types d’activités et manifestations culturelles.
Empreinte durable
On peut évoquer la création d’un Centre d’études andalouses à Imama (Mansourah) spécialisé dans le domaine de la culture et de la science andalouse. On note aussi la réhabilitation de l’ex-mairie en musée de l’histoire de Tlemcen, d’un complexe culturel à Imama. Tout ce travail de restauration, de réhabilitation et de réalisations d’édifices culturels, historiques et artistiques est d’un apport précieux pour la cité de Tlemcen qui saisit une occasion à ne pas rater pour impulser son activité touristique, redorer son blason et renouer avec sa notoriété de pôle culturel de premier ordre.
Les responsables, les édiles, les notables et l’ensemble des citoyens se frottent les mains de satisfaction car ils auront fait d’une pierre, deux coups. Par conséquent, les gains et les retombées positives sont plus qu’évident. On est donc à mille lieues d’une manifestation superficielle et éphémère. Les signes d’une réelle satisfaction sont perceptibles chez beaucoup de personnes. “ Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011 ”, laissera des traces et des empreintes solides et durables.
Pour octroyer une dimension culturelle, scientifique et artistique convenable, des colloques diversifiés, des expositions, des représentations théâtrales, des projections de films documentaires, des conférences, des festivals de musique et de chants sont concoctés avec soin.
La ville met le paquet et ne lésine pas sur les moyens.
Notons également, que la journée de demain verra se dérouler une parade ou caravane de la culture islamique dans les rues de la ville. La nuit sera animée et colorée par un défilé de camions qui charrient une thématique qui est destinée à transmettre au public la grandeur de la civilisation musulmane dans ce qu’elle a de repères édifiants, d’œuvres et de contributions impérissables. C’est aussi un autre message qui est lancé par les organisations de la manifestation.
S’agissant de la participation nationale et étrangère, il faut signaler que 29 Etats membres de l’ISESCO, des pays n’appartenant pas à la sphère géographique et culturelle du monde arabo-musulman vont y prendre part. Plus de 80 ambassadeurs accrédités à Alger sont également attendus à la cérémonie d’ouverture officielle. On rappelle que le wali a déclaré lors d’une récente conférence de presse, que toutes les conditions sont réunies pour garantir un bon déroulement de la manifestation. L’optimisme et la conviction sont de mise.
Rencontrés à la maison de la culture de Tlemcen, Bechlaghem Mustapha, de la coopérative culturelle « Mosaïques d’Algérie », déclare être confiant et fier de voir sa ville, abriter une manifestation aussi importante. « Nous attendons l’ouverture avec impatience car Tlemcen mérite cette distinction qui l’honore au plus haut point. La cité est riche par son histoire, sa culture et son legs appréciable. » Benhamou Mohamed, simple citoyen, juge légitime et sensé que la capitale des Zianides, terre de civilisation, de science, prend en charge l’organisation de cet événement. “ Tlemcen est prête pour relever le défi et gagner son pari avec la concours de tous ses habitants.
La décision du Chef de l’Etat est judicieuse car elle rehausse le crédit indéniable d’une ville qui a tant donné au pays et à la Nation. Il faut dire que Tlemcen a beaucoup bénéficié en termes d’animations artistiques durant toute l’année. Nous avons pu apprécier des plateaux artistiques diversifiés et provenant de toutes les régions du pays.”
Fodil Bensaâd de la coopérative artistique « Al Firdaous » abonde dans le même sens. “ 2011 est à marquer d’une pierre blanche pour Tlemcen car le monde culturel, les citoyens ont pu donner toute la dimension de leurs talents pour être au diapason de l’événement.
Les jeunes, en particulier, ont une belle occasion pour se rapprocher des structures culturelles et donner libre cours à leur imagination et à leur savoir-faire. La culture est un bien profitable et utile.
Colloques internationaux : Histoire, arts et littérature de la ville au menu
Les colloques internationaux retenus dans le cadre de la manifestation « Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011 », se proposent de redécouvrir l’histoire, les arts et la littérature de cette ville antique de l’ouest algérien. Le volet « colloques » de cette manifestation dont l’ouverture officielle coïncidera avec la journée nationale du Savoir (16 avril), où se déroulera les différentes facettes historiques de la capitale des Zianides. Des thèmes variés, mêlant littérature, savoir, histoire et différents arts, seront traités tout au long de l’année par des spécialistes nationaux et étrangers.
Trois rencontres ont déjà eu lieu depuis le lancement national de la manifestation à la mi-février. Elles ont porté sur les thèmes : « L’histoire de la cité de Tlemcen et de sa région », « La poésie féminine de Tlemcen » et « L’islam au Maghreb et le rôle de Tlemcen dans sa propagation ». Organisé du 20 au 22 février, le premier colloque avait pour objectif de mettre la lumière sur l’histoire et la culture de Tlemcen et des régions avoisinantes. Il a vu la participation de chercheurs nationaux et étrangers en provenance d’Arabie saoudite, d’Espagne, de France, de Jordanie, d’Egypte, du Maroc, de Malaisie, de Palestine, de Syrie, de la Libye et de Tunisie. Le second, tenu du 7 au 9 mars, a été consacré à la poésie féminine de Tlemcen. Enseignants et chercheurs algériens, de Syrie, du Yémen, du Soudan, du Maroc, du Liban, du Qatar et d’Arabie Saoudite ont pris part à la rencontre qui a coïncidé avec la célébration de la journée mondiale de la Femme. Le colloque a mis en exergue la richesse et la diversité du patrimoine poétique féminin arabe.
Ses travaux ont porté sur quatre axes : « La situation de la production poétique féminine au Maghreb, dans le monde arabe et dans la Méditerranée », « Les traditions poétiques féminines en Algérie : Tlemcen et ses environs », « L’évolution et les mutations de la production poétique des femmes » et « Recherche et valorisation du patrimoine poétique féminin ». Le troisième colloque qui s’est tenu du 21 au 23 mars, a tenté de retracer le processus d’islamisation de la région. Il a permis d’aborder l’islam au Maghreb et le rôle important joué par la capitale des Zianides dans la propagation de l’islam et sa civilisation dans les pays voisins, jusqu’aux confins de l’Afrique noire. Les travaux se sont articulés sur cinq axes : « La culture islamique dans les pays du Maghreb et le rôle de Tlemcen dans son évolution », « L’architecture islamique dans les pays du Maghreb », « Artisanat et arts islamiques et leur développement à Tlemcen», « La relation de Tlemcen avec les pays voisins » et « Le rôle du commerce maghrébin dans la propagation de l’islam dans les régions sub-sahariennes ».
« Penseurs et figures illustres de Tlemcen », « L’œuvre de Mohamed Dib », « La poésie et la musique andalouse », « Les savoir-faire ancestraux de Tlemcen et de sa région », « Tlemcen, terre d’accueil après la chute de l’Andalousie », « Tlemcen : résistance et lutte de libération nationale », « Histoire littéraire de Tlemcen », « Les routes de la foi », et « L’Emir Abdelkader et Tlemcen », comptent parmi les autres sujets de colloques attendus.
L’Organisation islamique de l’éducation, les sciences et la culture : Un moyen de valoriser le dialogue entre les peuples
Les capitales culturelles régionales, un concept né lors de la Conférence mondiale sur les politiques culturelles organisée par les Nations unies au Mexique en 1982, représentent un moyen d’encourager et de valoriser le dialogue culturel entre les peuples. L’Organisation Islamique de l’Education, les Sciences et la Culture (Isesco) a proposé un projet de programme pour les capitales culturelles islamiques, adopté lors de la 3e session du conseil ministériel de l’Organisation de la Conférence Islamique (Oci), tenue en 2001 à Doha (Qatar).
La 4e Conférence des ministres de la Culture des pays musulmans, tenue à Alger en 2004, a invité les Etats membres à proposer des villes parmi lesquelles l’Isesco élit tous les trois ans des capitales pour représenter la culture islamique, dans la région arabe, en Afrique et en Asie. A l’issue de cette session, la Conférence a programmé des villes pour être capitales culturelle jusqu’en 2014. L’expérience des capitales de la culture islamique a débuté en 2005 avec La Mecque comme première capitale de la culture islamique. Les capitales de la culture islamique sont sélectionnées sur la base d’un examen minutieux en fonction d’un cahier de charges précis de l’Isesco, prenant en compte le rôle de la ville au service de la culture, de la littérature, des arts, des sciences et du savoir islamiques et ce, tout au long de son histoire et en rapport avec sa contribution à la civilisation humaine. L’Algérie s’est portée candidate avec Tlemcen, l’une des plus anciennes cités de l’ouest algérien, pour abriter l’édition de 2011 de la manifestation dont le lancement national, à la mi-février, a coïncidé avec la célébration du Mawlid Ennabaoui. L’ouverture officielle de la manifestation à laquelle 29 pays membres de l’Isesco ont confirmé leur participation, aura lieu le 16 avril prochain, à l’occasion de la journée nationale du Savoir.
Lors d’une conférence de presse donnée en février dernier, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, a indiqué que cet évènement culturel représentait une occasion « précieuse pour l’échange et le dialogue avec l’autre ». Elle a également relevé que Tlemcen a été élue capitale de la culture islamique en raison de sa longue histoire et de ses joyaux architecturaux représentant la plupart des époques islamiques.
Aux côtés de Tlemcen, Jakarta (Indonésie) a été retenue, en 2011, pour représenter l’Asie et Conakry (Guinée) la région Afrique.
Mme Khalida Toumi à la Chaîne III : Promouvoir un islam de science et de tolérance
Dans un entretien qu’elle a accordé, hier sur les ondes de la Radio Chaîne III, la ministre de la Culture a apporté des clarifications sur l’organisation, la tenue et le sens que revêt la manifestation, Tlemcen capitale de la culture islamique, grandiose manifestation d’envergure internationale à partir des 15 et 16 avril prochains. L’inauguration de cet événement qui coïncide avec la journée du Savoir est l’occasion inespérée de mettre en valeur le patrimoine immatériel des Algériens. Vingt délégations étrangères, annonce la ministre ont maintenu leur participation dont la Tunisie et l’Egypte aux cotés de 27 autres Etats membres de l’Isesco et 12 Etats non musulmans.
A la question du nouveau relooking de la ville et de la finalisation des travaux de restauration, Mme Khalida Toumi a souligné que le but de cette manifestation était justement de donner des infrastructures nouvelles, de restaurer le patrimoine de cette ville au passé prestigieux et de présenter un programme culturel. A cet occasion sept infrastructures seront inaugurées dont on citera le Palais royal des Zianides, le théâtre de verdure qui compte plus de 2.000 places, le musée d’art et d’histoire de la ville de Tlemcen entres autres ainsi que la réception de 22 monuments et sites historiques restaurés comme la grande mosquée de Tlemcen, et celle de Nédroma à titre d’exemple.
Ces travaux de restauration qui auront atteint un niveau et une qualité très appréciables grâce aux réalisations d’un grand nombre d’entreprises algériennes, seront accompagnés affirme la ministre par la réception en juin 2011 d’autres infrastructures qui seront suivis de la réalisation de sept monuments et sites après l’année 2011. Neuf bureaux d’études pour le patrimoine ainsi que vingt-trois pour les infrastructures nouvelles sont en charge de la réalisation de ces projets. La ministre de la Culture s’est montrée satisfaite par le travail colossal accompli par les 150 entreprises qui y ont participé et les 50 autres pour le volet restauration. Mme Toumi s’est dit très fière de la confiance apportée par les Algériens qui «sont capables de véritables miracle».
S’agissant des importantes enveloppes budgétaires dégagés par les pouvoirs publics pour mener à bien ce vaste et ambitieux projet du ministère de la Culture, la journaliste a avancé les chiffres de 280 millions de dinars pour le musée d’art de Tlemcen, de 220 millions de dinars pour la réhabilitation du Palais royal et 700 millions de dinars pour la réalisation du centre d’étude andalou, la question qui était posée portait sur la récente déclaration de la ministre qui affirmait que « l’art et la culture n’avaient pas de prix».
Mme Toumi ne fera pas mention d’un montant spécifique même si le ministère n’a pas bénéficié d’un budget « élastique » mais fera plutôt allusion à l’expérience de «l’ignorance en action» dans les années 1990 qui aura duré plus d’une dizaine d’années malheureusement en provoquant destruction et morts, or pour Khalida Toumi l’Algérie à travers cette manifestation unique en son genre entend «investir dans les femmes et les hommes d’aujourd’hui et de demain car la culture c’est l’être humain», a-t-elle affirmé. Autre question soulevée dans cet entretien est celle de la nécessité Khalida Toumi de montrer un Islam qui prône l’amour du prochain, la culture de l’esprit, la communion et la non-violence à l’heure où cette religion est stigmatisée en Europe : «L’Algérie a la responsabilité de mettre en valeur, de promouvoir un Islam de la beauté, de la science, de la créativité et de la culture. Le choix par son excellence le Président de la République de la date précise du 16 avril n’est pas fortuit. Nous sommes pour le dialogue réel entre les cultures», dira Khalida Toumi avant d’ajouter que «Le message est de dire que l’Algérie promet un Islam de savoir, de tolérance et d’ouverture : Un Islam de paix», faisant référence à la ville de Tlemcen comme capitale des Zianides qui a connu des rois exceptionnels, grands mécènes et protecteurs des hommes de science et de lettres qui étaient des musulmans, des chrétiens et juifs recueilli en terre algérienne lorsqu’ils étaient pourchassées d’Andalousie par la reine Isabelle la Catholique.
«C’est cette tradition de terre de refuge que nous voulons à cette occasion promouvoir, nous sommes les descendants de ces rois et non ceux des assassins et tueurs», a-t-elle clairement indiqué. La ministre a fait par ailleurs état de sept expositions de haute facture qui seront ouvertes le jour de l’inauguration officielle précédée la veille le vendredi 15 par une parade dans les rues de Tlemcen de 22 chars qui vont représenter les merveilles du monde musulman .
Lynda Graba
Plusieurs pays présents à l’événement : Une participation étrangère variée
De nombreux pays étrangers membres de l’Organisation islamique pour l’éducation, la science et la culture (Isesco) et hors Isesco seront représentés à la manifestation « Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011 » dont l’inauguration officielle est prévue samedi.
29 pays membres de l’Isesco et 12 autres hors cette organisation onusienne dont la Chine, l’Inde, l’Espagne, le Portugal et les Etats-Unis d’Amérique ont déjà confirmé leur participation. Après l’ouverture nationale coïncidant avec la célébration du Mawlid Ennabaoui (naissance du Prophète de l’islam), la phase internationale de cette manifestation verra la participation d’un nombre important de pays, ce qui a contraint les organisateurs, soucieux de garantir son succès, à ramener la participation d’une semaine à trois jours pour chaque pays hôte.
Les pays étrangers membres de l’Isesco qui ont confirmé officiellement leur participation à cette manifestation sont l’Azerbaïdjan, l’Afghanistan, l’Arabie Saoudite, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte-d’Ivoire, Djibouti, les Emirats arabes unis, la Guinée, le Gabon, la Gambie, l’Iran (Ispahan), l’Indonésie, l’Irak, la Jordanie, la Libye, la Malaisie, la Mauritanie, le Maroc, la Palestine, le Soudan, la Syrie, le Tchad, le Togo, la Turquie, la Tunisie, les Comores, le Yémen et le Sénégal, a précisé Mme Nadia Cheriet, chef du département des semaines culturelles nationales et des journées culturelles étrangères de la manifestation. Parmi les autres pays à avoir confirmé leur participation, il y a l’Allemagne, la Chine, l’Espagne, l’Inde, l’Italie, le Portugal, la Pologne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis d’Amérique, la Russie, l’Autriche et la France, a ajouté la responsable. Le Yémen, dont la ville de Tarim a été la capitale de la culture islamique 2010, devrait ouvrir le bal des journées culturelles étrangères vers la fin du mois d’avril. L’Irak, représenté par Baghdad sera le deuxième pays à organiser ses journées culturelles, en sa qualité de prochain hôte de la manifestation aux côtés de Dacca (Bangladesh) et Niamey (Niger). Le chef du département des festivals et de l’animation de proximité de la manifestation, M. Noureddine Lardjane, a, pour sa part, souligné que quelques chanteurs étrangers animeront des concerts lors de la manifestation, précisant que leur participation se limitera à la ville de Tlemcen ou à deux wilayas seulement, en raison du cachet élevé de leurs prestations. Il a, en outre, indiqué que la manifestation sera marquée par l’organisation de huit festivals internationaux réservés à la calligraphie arabe, à la miniature, aux arts décoratifs, à la musique andalouse, aux musiques anciennes, au hawzi, aux danses populaires, à la musique diwane, aux psalmodies (Inchad) et enfin à la musique soufie « Samâa ».
Concernant les colloques internationaux prévus lors de la manifestation, ils seront animés par de nombreux conférenciers de Tunisie, de Libye, de Palestine, d’Irak, du Maroc, de Syrie, de Malaisie, d’Arabie Saoudite, de France, du Koweït, d’Allemagne, d’Espagne, du Liban, du Qatar, du Yémen, de Mauritanie et des Emirats arabes unis. Des troupes étrangères de musique se produiront également à cette occasion. Il s’agit notamment d’une troupe de flamenco d’Espagne au mois de mai et d’un groupe allemand de jazz, en juin. La participation de pays non islamiques est inédite dans les annales des manifestations dédiées aux capitales de la culture islamique, puisqu’aucun pays organisateur n’ayant, jusque-là, invité des pays étrangers, hors sphère culturelle musulmane.
Une parade et des symboles
Le grand public tlemcénien sera convié ce vendredi à assister à un spectacle populaire digne du legs et du patrimoine islamique. Une caravane artistique et culturelle sillonnera les rues de la vile à partir de vingt heures du soir. Elle sera accompagnée par plusieurs troupes algériennes et étrangères. Cette parade est organisée et conçue pour mettre en valeur autant que faire se peut, toute la richesse de la civilisation musulmane. Ce sont donc 22 camions joliment décorés qui vont défiler pour offrir aux spectateurs un éventail assez exhaustif de thèmes liés à la civilisation islamique avec son lot de figures illustres, son urbanisme et son architecture, son patrimoine scientifique et technique, sa musique, sa miniature et sa calligraphie, ses mathématiques et son astronomie.
L’objectif est d’amener le public à prendre conscience de la portée et du dynamisme d’une civilisation qui est riche et dense par des apports, des avancées notables sur le chemin du progrès et de l’épanouissement des êtres humains. Cette parade va au-delà du cadre festif et décline à travers une thématique variée toute la densité, la vitalité d’une civilisation qui a énormément compté dans l’histoire universelle. Les organisateurs de la parade tendent sans trop de prétention à atteindre ce but et à le toucher du doigt. Les artistes qui travaillent d’arrache-pied dans un vaste chantier situé en dehors de la ville, veulent gagner ce pari.
Une décoratrice de nationalité italienne que nous avons rencontrée dans ce lieu de labeur et de création, se réjouit de la parfaite cohésion qui existe entre les artistes étrangers et nos compatriotes, appelés en la circonstance, à mettre la main à la pâte et de fort belle manière. Tous les efforts convergent dans le but d’accomplir une besogne qui soit à la hauteur des exigences de la manifestation. Nous avons pu observer de visu les travaux qui s’effectuent dans ce chantier et pris la mesure de l’esprit qui anime cette caravane artistique. Les camions vont s’ébranler à partir du nouveau palais de justice, arpenter la place de la Libération et la rue du 18-Février pour enfin s’arrêter au niveau de la place Imama.
Le défilé est agencé en fonction d’un ordre préalablement dressé par les concepteurs de ce spectacle. Le premier camion, en tête de la procession, représente la ville de Tlemcen, le deuxième véhicule incarne le monde islamique avec sa cartographie.
Chargée de significations, de repères et de symboles faciles à comprendre et à dernier sans trop d’effort, la caravane islamique se veut un condensé, une approche didactique voire pédagogique de ce que furent les très riches heures d’une civilisation qui connut son apogée.
Mohamed Bouraïb