Cet évènement culturel dont le lancement national a coïncidé avec la fête du Mawlid Ennabaoui el-Charif en février dernier, propose un programme artistique, englobant théâtre, musique, littérature, peinture, cinéma et histoire.
Il se traduira à travers des expositions thématiques, colloques, spectacles, festivals et tournées musicales, ainsi que 100 chantiers de restauration des vieux sites historiques dont le projet de reconstitution du palais royal des Zianides, récemment restitué et intégré aux biens culturels de la ville.
L’ouverture officielle sera précédée d’une parade populaire dans les rues de Tlemcen le 15 avril. Vingt neuf Etats membres de l’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (Isesco) ont confirmé leur participation. Douze pays, hors l’organisation onusienne, dont la Chine, l’Inde, l’Espagne, le Portugal et les Etats-Unis d’Amérique devraient également prendre part à la manifestation. Les capitales de la culture islamique sont sélectionnées sur la base d’un examen minutieux en fonction d’un cahier des charges précis de l’Isesco, prenant en compte le rôle de la ville au service de la culture, de la littérature, des arts, des sciences et du savoir islamiques.
L’Algérie s’est portée candidate avec Tlemcen, l’une des plus anciennes cités de l’ouest algérien, pour abriter l’organisation de l’édition de 2011 pour la région arabe, au moment où Jakarta (Indonésie) et Conakry (Guinée) représenteront, la culture islamique, pour l’Asie et la région Afrique, respectivement.
Dans une lettre rendue publique en décembre 2010 à l’occasion de l’annonce de « Tlemcen, capitale de la culture islamique pour l’année 2011 », le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a indiqué que l’Isesco avait fait le « bon choix » du fait que la ville recélait un patrimoine riche et des monuments historiques, témoins de la grandeur de la civilisation islamique dans le Maghreb.
Le Président Bouteflika avait relevé que cette manifestation est un « autre rendez-vous avec l’histoire et l’homme, pour que nos peuples islamiques puissent se réconcilier avec eux-mêmes et conduire la locomotive du développement culturel qu’il faudra transformer en des échanges actifs qui ne devront pas se contenter de superficialité ». Il avait, également estimé que cet évènement culturel représenter « l’occasion de contempler les détails historiques décisifs pour en adapter les valeurs de liberté, d’amour et de tolérance ».
Pour sa part, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, avait indiqué que cette manifestation représentait une occasion « précieuse » pour l’ « échange et le dialogue avec l’Autre » et qui ne peuvent être que positifs et instructifs.
Elle avait également relevé que Tlemcen a été choisie comme capitale de la culture islamique en raison de sa longue Histoire et de joyaux architecturaux qu’elle recèle. Mme Toumi a souligné que le programme tracé représentait une occasion pour réaliser des infrastructures culturelles, des projets de restauration et de valorisation du patrimoine culturel national. Elle avait, à cet égard, cité les projets de restauration du palais royal des Zianides, reversé au fonds des biens publics, de réalisation d’un complexe culturel, d’un théâtre de verdure et de quatre musées, outre les nombreux autres projets, inscrits au titre de la restauration du patrimoine culturel.
Cheikh Abderrahmane Chibane, président de l’association des Oulémas : «Tlemcen, un choix à juste titre»
Le président de l’association des oulémas musulmans algériens, cheikh Abderrahmane Chibane a affirmé que le choix de Tlemcen capitale de la culture islamique était bien mérité, cette ville ayant été jusqu’au Xème siècle un centre de rayonnement intellectuel et civilisationnel sur la société tout entière ». Dans un entretien à l’APS, M. Chibane a rappelé que cette ville gouvernée par Souleimane Ben Abdellah frère de Idriss El-Akbar, fondateur de la dynastie des Idrissides, a vu l’émergence de l’Etat des Zianides dont les gouverneurs se sont attelés à encourager les hommes de science et de savoir pour ériger cette ville en un véritable pôle scientifique et civilisationnel.
Tlemcen peut « se targuer d’avoir enfanté des héros, des hommes de Science et de Lettres » dont les plus illustres sont les dignes représentants de l’auguste lignée des Ibn Marzouk.
Le grand-père figurait, à son époque, parmi la chaîne d’érudits qui ont transmis le Hadith depuis le Prophète (QSSSL).
Maître indiscuté des sciences arabo-islamiques de son temps au Maghreb, il enseigna le Coran et les sciences de la Charia.
L’illustre historien et sociologue, Abderrahmane Ibn Khaldoun, compte parmi ses disciples, rappelle-t-il. C’est à Tlemcen également, plus précisément au village « Al Abad » que se trouve le mausolée de Abou Mediène Chouaibe Ben Al-Hussein Al-Ansari Al-Andaloussi Ettelemçani, deuxième figure emblématique de la confrérie Chadliya après Abdelkader El Djillali, indique encore cheikh Abderrahmane Chibane.
Le site offert par le roi El-Fadhl Ben Salah-eddine à Abou Mediene Chouaïb à El Qods Ouest, connu sous l’appellation « Harat el maghariba » est une « reconnaissance à son vaillant combat aux côtés de Salah-eddine El-Ayoubi contre les croisés et à la libération d’El-Qods et la mosquée d’Al-Aqsa.
M. Chibane a évoqué la place particulière de Tlemcen que l’Imam Abdelhamid Ben Badis a choisie comme « base pour lancer le mouvement scientifique et religieux » dans le pôle ouest du pays et où l’érudit Mohamed El-Bachir El-Ibrahimi a « opéré une relance intellectuelle et une véritable réforme religieuse « .
Ces efforts et ces actions, ajoute M. Chibane, ont favorisé la construction d’écoles et l’ouverture de clubs culturels permettant l’émergence d’un complexe scientifique et religieux pour superviser les projets arrêtés par le mouvement réformateur de l’Association des ulémas musulmans algériens.
Le projet de cette dernière avait pour objectif de consacrer l’attachement du peuple algérien à sa religion, à la langue arabe et à sa Patrie et de le préserver de l’entreprise d’aliénation identitaire menée par l’occupant français.
Pour l’intervenant, l’édification de ce gigantesque complexe scientifique à l’époque de cheikh El-Ibrahimi constituait en soi un signe pour la prise en en charge de « la relance de la Sunna (tradition du prophète Mohamed QSSSL) et l’élargissement des activités du mouvement scientifique réformateur pour toucher l’ensemble de l’Oranie ».