Tizi Ouzou,Les paradoxes d’une rentrée

Tizi Ouzou,Les paradoxes d’une rentrée
tizi-ouzoules-paradoxes-dune-rentree.jpg

Deux fois plus d’élèves rejoindront les bancs de l’école cette année

Les prévisions sont estimées à 50 élèves par classe.

La rentrée scolaire s’annonce chaude cette année. Tous les indices annoncent des difficultés à tous les niveaux. La surcharge des lycées numériquement inévitable ne semble pas être l’unique souci. Au menu aussi, les conditions sociales des ménages, difficiles, qui coïncident avec la reprise des classes.

Du côté de la direction de l’Education, on affiche de l’optimisme sans pour autant nier les difficultés en question. Bon nombre de personnes affirment qu’à Tizi Ouzou, les résultats obtenus les années précédentes dans des conditions similaires sont excellents. Des places de podium, plusieurs fois successives, aux examens du baccalauréat. De meilleurs résultats ont été obtenus également dans les autres paliers. Les affirmations sont, en effet, incontestables; les chiffres le sont tout aussi. Mais, la réalité du nombre, deux fois supérieur d’élèves qui rejoindront les lycées cette année, est tout aussi indéniable. Ce sont les deux classes de sixième et de cinquième qui ont été admises dans l’enseignement moyen, il y a quatre ans, qui se retrouvent cette année aux portes des lycées. La surcharge est inévitable. Quelque 45.078 élèves sont attendus dans les lycées, 21.562 parmi eux arrivent en première année.

Du côté des infrastructures, les prévisions sont pessimistes. Car, contrairement à ce qui était prévu, seuls quatre lycées, à Mekla, Souk El Tenine, Béni Douala et Aït Aïssa Mimoun seront réceptionnés au lieu des huit attendus. Ils viendront rejoindre les 56 autres déjà fonctionnels. Les prévisions sont estimées à 50 élèves par classe. D’aucuns estiment que le problème en question est le fruit amer de la réforme du système éducatif. Du point de vue socioéconomique, la situation n’est pas reluisante à maints égards. Malgré la prime de 3000 dinars allouée à la moitié des élèves scolarisés tous paliers confondus, c’est-à-dire 111.000 familles, la dure réalité rattrape toujours les responsables du secteur et bien d’autres. Si la moitié des élèves scolarisés nécessite cette aide, c’est que la moitié de la population locale vit en dessous du seuil de pauvreté; un constat alarmant qui indique que la rentrée est au-dessus des moyens des familles qui affronteront aussi une rentrée sociale difficile.

Les prix de la majeure partie des produits achetés ont doublé depuis le début de l’été.

Cette situation apparaît notamment au niveau des prix des fournitures scolaires. Sans parler des augmentations, il est déjà évident que les ménages trouveront d’énormes difficultés à munir leurs enfants du nécessaire outillage demandé par les instituteurs. Les quelques livres gratuits prévus pour les classes de 9e et le préscolaire ne sont pas en mesure d’atténuer la lourdeur de la facture qui attend les parents. Elles sont au nombre de 46. Ces écoles primaires restent vacantes à cause du manque d’effectif de chérubins qui rejoignent les bancs d’école.

A maintes reprises, des villageois de plusieurs communes ont alerté les autorités locales sur l’état de dégradation avancé de certains établissements abandonnés mais sans réaction. Des cas aberrants d’écoles fermées ont été relatés par des citoyens donnent la chair de poule aux amoureux de l’instruction. En effet, des écoles primaires abandonnées sont transformées en lieux de distraction.

L’on retrouve des classes aux vitres brisées, fréquentées par des gens qui les transforment en bars clandestins. D’autres font carrément office de toilettes publiques. Des jeunes de certains villages réclament que ces classes soient rouvertes même en nombre insuffisant ou éventuellement en faire profiter les associations diverses qui restent sans siège. Il y a quelques jours, des candidats au concours de recrutement d’enseignants ont dénoncé le flou qui a caractérisé les procédures. Les résultats rendus, affichés jeudi passé, ont soulevé une vague d’indignation incommensurable chez les postulants.

Les contestataires, composés de titulaires de DES, reprochaient à la direction de titulaires de l’Education de les avoir laissé passer le concours alors que la réglementation les excluait de facto. Seuls les ingénieurs et les masters étaient retenus au grand dam de ces postulants bien qu’ils aient déjà de l’expérience en tant que vacataires. Par ailleurs, tamazight demeure toujours mise à l’écart et en mal de considération. Ce seront quelque 47.592 élèves qui bénéficieront de l’enseignement de cette langue sur un total de 208.978 élèves tous cycles confondus.

Marginalisée car facultative, tamazight attend toujours de la considération.