La direction de la Société de distribution du centre (SDC) de Tizi-Ouzou, filiale de la Sonelgaz, a organisé, au profit de la presse locale, une visite guidée à travers les arcanes de la production et la distribution de l’électricité dans la wilaya de Tizi-Ouzou.
Une visite qui rend compte de la complexité des installations et surtout les difficultés auxquelles sont soumis les agents de cette société. Une société classée deuxième à l’échelle nationale derrière Oran-Essenia avec 321.000 abonnés en électricité et première en matière de pénétration de gaz avec 89.000 abonnés.
De prime abord, M. Amar Medjeber, directeur de la SDC de Tizi-Ouzou, accompagné de deux de ses collaborateurs, MM. Djouadi et Amoura, a tenu à rappeler que Sonelgaz est la maison-mère de plusieurs filiales, dont la SDC. C’est pourquoi il serait plus judicieux de recourir à l’appellation SDC que Sonelgaz.
Et ce, même si dans les esprits des citoyens, on a du mal à se défaire de Sonelgaz comme le faisaient les anciens avec l’EGA (Electricité et gaz d’Algérie) défunte mère de Sonelgaz. Avant la première escale à Oued El Djemaâ, M. Medjeber informe sur les dégâts occasionnés au réseau de transport de l’électricité par les grands oiseaux, comme les cigognes et les oiseaux nocturnes (hibou et chouette) qui nidifient avec des objets hétéroclites dont du métal sur les supports électriques provoquant assez souvent des court-circuits.
Comme il a fait part de la difficulté, notamment par temps hivernal, de la réparation des pannes de par le relief montagneux et accidenté de la wilaya lorsque les lignes traversent vallées, monts, cours d’eau et autres végétations luxuriantes sans compter l’aspect sécuritaire. « Seules les lignes longeant la RN12 sont faciles d’accès », dira notre interlocuteur. L’autre problème des plus épineux rencontrés par l’entreprise, les crues des oueds qui emportent les ouvrages et le pillage de sable sur ces mêmes lits d’oued qui déchausse ces mêmes ouvrages vulnérables à la moindre montée des eaux.
« Outre le fait que nous sommes pénalisés par ces deux phénomènes, nous rencontrons des oppositions pour le déplacement des ouvrages vers des lieux plus sécurisés loin des berges ». D’où la question de savoir où est le rôle de la police des eaux qui détermine en principe les limites du domaine fluvial public en s’appuyant sur les données de la dernière crue de l’année pour délimiter les distances relevant de ce domaine public.
Technologie de dernière génération
A un jet de pierres de Souk-El-Djemaâ, une halte s’impose juste après le carrefour du « Tranchée » de Beni-Yenni pour constater de visu le système de télécommande à distance. Un système doté d’une antenne qui permet ainsi aux services techniques d’isoler avec un clic de souris le tronçon de la ligne défectueux sans pénaliser le reste des abonnés. Outre la localisation de pannes, ce système dit Scada permet aussi d’opérer la télé-relève des compteurs dont 900 sur les 1.170 compteurs prévus pour cette année sont déjà concernés par ce système. Arrivée à Souk-El-Djemaâ, sur la droite, la centrale hydroélectrique.
Au portail, des agents en charge de la sécurité de cette centrale se montrent intransigeants : ordre de mission et pièces d’identité, y compris pour le directeur de la SDC de Tizi-Ouzou sont exigés. A l’intérieur du site, il est mesuré la portée et surtout l’importance de cette centrale qui permet de détendre le courant électrique qui passe de 60 à l’arrivée à 30 kilowatt à la sortie, appelé communément 60/30 kilowatt. Et cette centrale continue à fonctionner sur le même principe avec lequel elle a été conçue en 1930 et mise en service en 1953.
Ainsi, trois turbines tournent à plein régime grâce à un système de chutes d’une eau captée à plus de 700 mètres plus haut, arrivant par une conduite en métal à une vitesse de 1.000 litres/seconde pour offrir une puissance en énergie de 5,5 kilowatt. L’ancienne salle des commandes réalisée par une entreprise suisse, et dont les équipements datent de 1948, renseigne sur l’avancée technologique de l’époque.
Une salle remplacée aujourd’hui par une nouvelle flambant neuve avec un condensé de technologie de dernière génération. Ainsi, cette centrale qui fournissait dans un passé récent de l’électricité pour toute la région de Aïn-El-Hammam, Beni-Yenni, Tizi-Ouzou et jusqu’à Bordj-Ménaiel, et même Boumerdès qui dispose désormais de huit départs, alimentant et arrosant toute la région à raison de 80 mégawatt. Direction Aïn-El-Hammam par Aït Amrane Au loin nous apercevons perchés les villages de la commune d’Akbil comme Aït Ouabane, Aït Hemsi, Ait Meslaïène tous traversés par une ligne électrique. Les efforts consentis par la Sonelgaz en matière de transport de l’électricité sont perceptibles, avec ces nouveaux supports de ligne côtoyant les anciens.
« Nous avons pratiquement remplacé tous les supports datant de la période coloniale », révèle M. Medjeber. Une fois à Aït Amrane, un poste de transformateur bétonné surgit au milieu du village qui a remplacé celui accroché à un poteau. « C’est pratiquement tous les grands villages qui sont équipés de ce genre de transformateur de 200 KVA. Ce qui nous permet ainsi d’augmenter en puissance les villages.
Comme cela réduit les distances avec tous les aléas (vent, pluie, neige) liés aux « humeurs » du temps. Comme nous prévoyons la réalisation de 100 postes de 400 KVA pour peu que nous ne rencontrons pas des oppositions sur les assiettes où nous avions prévu d’ériger ces transformateurs bétonnés », précise M. Medjeber qui ne manquera pas de saluer la disponibilité et la compréhension des comités de villages qui apportent aide et assistance à la Sonelgaz. Comme il fait aussi part de la réalisation de 6 postes de 60/30 kilowatt à Iflissen, Ouadhias, Tamda, Sidi Naâmane et dans la périphérie de Tizi-Ouzou à Tassadort et Azib Ahmed.
« Ainsi on constituera des grappes de réseaux pour tenter d’atténuer leurs distances. D’ailleurs, nous envisageons de porter ces distances de lignes à quelque 20 km linéaires, contre 50 en moyenne actuellement alors que pour Azeffoun elle était de 250 km ». Le réseau 60/30 kilowatt est estimé actuellement à 2420 km alimentant 3541 postes (transformateurs) dont 2441 pour la distribution grand public et 1000 dont 256 pour l’ADE, pour les opérateurs économiques. Opérateurs économiques qui se distinguent surtout dans l’agro-alimentaire. D’ailleurs les chiffres donnés par la SDC renseignent sur la faiblesse du tissu industriel dans la wilaya de Tizi-Ouzou.
Compétence contre agressions
A Ain El Hammam, le type d’agression dont font l’objet les lignes électriques avec cette nouvelle bâtisse réalisée sur le passage même de la ligne électrique occasionne des désagréments aux abonnés. Rien que pour cette année 2013, il a été enregistré 1.700 cas d’agression des ouvrages électriques, dont 1.300 ont fait l’objet de plaintes restées lettre morte. Des agressions et des piratages sur le réseau tout au long des 365 virages qui séparent Ain-El-Hamman de Larbaâ-Nath-Irathen.
Dans cette dernière ville, l’agence locale de la SDC gère à elle seule une des plus vastes étendues de la wilaya avec pratiquement 362.42 km² couvrant 162 villages tous d’accès difficile. « Une couverture si grande qu’il est envisagé dans les prochains mois, puisque le conseil d’administration l’a approuvé, d’ouvrir un nouveau district à Ain-El-hammam qui permettra à Larbaâ Nath-Irathen (LNI) d’être soulagé », déclare M. Medjeber qui a été justement à la tête de ce district de LNI. Aussi, pour faire face à toutes ces difficultés et pour des interventions efficientes, la SDC de Tizi-Ouzou vient-elle de faire l’acquisition de deux camions grues et d’un camion détecteur de pannes et de défauts souterrains avec une précision de distance ultra sophistiqué facturé pour 110.669 euros. Et malgré cette situation, la wilaya de Tizi-Ouzou est à 100 % couverte en électricité alors que la pénétration en gaz atteindra les 56 %, ce 5 juillet 2013 avec la réception de nouvelles acquisitions.
Un taux largement dépassé avec les programmes alloués à la wilaya de Tizi-Ouzou de l’ordre de 1200 km pour le quinquennal actuel et 3000 km pour le prochain. Il est également prévu la réappropriation de toutes ses activités confiées actuellement à plus de 170 à des sous-traitants. L’automatisation du réseau électrique de la wilaya de Tizi-Ouzou fera en sorte que l’abonné jouisse d’une meilleure prestation de service d’autant que la SDC de Tizi-Ouzou a acquis un grand savoir-faire en matière de prise en charge des cas les plus délicats, comme en cet hiver 2012. La prise en charge de l’épisode neigeux n’a pas manqué de soulever l’admiration d’un expert français qui, à la vue des photos et des vidéos qui lui ont été présentées lors d’une rencontre avec les cadres de la SDC, a confié : « Vous pourriez monnayer votre savoir-faire à l’étranger. »
Rachid Hammoutène