Tizi-Ouzou : Turbulences à l’université

Tizi-Ouzou : Turbulences à l’université

L’insécurité à l’université, les conditions au sein des campus jugées défavorables aux études et la promotion de la langue amazighe, sont sujets d’agitation ces jours-ci à l’université de Tizi-Ouzou où trois départements sont actuellement en grève.

Les étudiants de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou ont procédé, avant-hier, à la fermeture du rectorat. Plusieurs raisons ont été évoquées par les étudiants, notamment l’insécurité au sein du campus. Les grévistes dénoncent notamment le fait que plusieurs étudiants ont été agressés dans l’enceinte universitaire, la dernière agression en date remonterait à lundi dernier. Des étudiants rapportent qu’un de leurs camarades a été grièvement blessé à l’arme blanche. Les départements les plus concernés par l’insécurité sont, selon les explications des membres des comités des étudiants participants à la protestation, ceux qui sont relativement isolés, à l’instar du département d’Anglais où l’on a enregistré, rapporte-t-on, il y a quelques jours, l’agression dont a été victime une étudiante. Le problème de l’insécurité à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou n’est pas nouveau, puisque plusieurs faits se sont produits dans un passé pas très lointain. Les étudiants tirent la sonnette d’alarme, en espérant une réaction ferme de la part de l’administration qui, selon leurs dires, «prend le problème à la légère». Par ailleurs, les étudiants d’au moins trois départements étaient en grève hier, pour diverses raisons, dont encore une fois l’insécurité et les conditions défavorables aux études. C’est le cas du département de langue arabe qui boucle une semaine de grève. Les protestataires réclament «l’équipement des amphithéâtres et de la salle de lecture, un encadrement pédagogique, le chauffage, l’ouverture d’une salle de recherche et plus de salles de cours». Au niveau de ce département, une étudiante s’est plainte d’avoir «été agressée par un enseignant de l’université et que malgré le rapport qu’elle a adressé à l’administration, aucune réaction n’a été enregistrée de la part des responsables». Une autre préoccupation a été vivement soulevée par les étudiants grévistes, celle de «la programmation des cours les samedis, alors que l’administration est en week-end».

Quand la désinformation pousse les étudiants à la grève

Par ailleurs, la polémique déclenchée sur les réseaux sociaux, sur le soi-disant vote des parlementaires contre la promotion de la langue amazigh a fait rage au sein de la communauté estudiantine. Deux départements sont même passés à l’action, en décrétant une grève illimitée. Il s’agit des départements de sciences politiques et de langue amazighe. Cette rumeur, qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, a suscité des réactions de la part des étudiants qui, semble-t-il, n’ont pas cherché à comprendre le fond du sujet et à avoir la vraie information. D’autres ont soulevé le problème des cartes universitaires qui ne portent pas d’indications écrites en tamazight. Les membres du comité, quant à eux, nous ont expliqué que la motivation de la grève est «le vote contre Tamazight au parlement». Pour rappel, le problème a surgi lors du vote des parlementaires pour la loi de finance 2018. Une députée du PT, à savoir Mme Nadia Chouitem, a introduit la proposition d’un amendement pour la promotion de la langue Amazighe et sa généralisation progressive. Cette proposition a été refusée par la commission parlementaire pour le motif que «Tamazight est une langue officielle et n’a pas besoin d’amendement, le gouvernement dans son plan prévoit des mécanismes pour la promotion de cette langue, à travers le haut commissariat à l’Amazighité et l’académie Amazighe». Cet état des lieux a fait que la proposition de la députée était inutile. Le polémique qui s’en est suivie a d’ailleurs fait réagir la permanence parlementaire du RND de la wilaya de Tizi-Ouzou, à sa tête le député Tayeb Mokadem, qui, dans une déclaration, a démenti et dénoncé «la propagande mensongère qui vise à ternir l’image des députés de la nation, prétextant qu’ils ont voté contre la promotion de la langue amazighe». Le député s’est insurgé contre ceux qu’il a qualifiés de «semeurs de troubles malintentionnés, qui cherchent à brouiller les esprits (…)». Il a expliqué que «Tamazight, étant institutionnalisé, n’a nullement besoin d’amendement». Pour appuyer ses paroles, le député RND fait référence au plan du gouvernement dans sa page 8 qui stipule que «le gouvernement accompagnera la promotion de Tamazight, dans le sens où l’opération de généralisation de la langue Tamazight continuera dans tous les secteurs et à travers tout le pays. Un projet de loi organique sera d’ailleurs présenté au parlement sur le fonctionnement et la gestion de l’académie amazighe (…).

Kamela Haddoum.