Le tribunal de Tigzirt englobe les trois daïras du versant Nord de la wilaya. Tigzirt sur mer, 35 742 habitants, Makouda, 39 016, et Ouaguenoun, 66 689. Soit une population totale d’environ 141 447 de justiciables !
Ce chiffre renseigne sur le nombre impressionnant d’affaires traitées par ce tribunal. Affaires foncières, connaissant la propension du Kabyle à recourir et heureusement d’ailleurs à la justice pour 50 cm litigieux sur la délimitation d’une propriété avec son voisin ou parfois son frère. Un autre pour un fossé d’eau usée indûment déversé sur sa propriété et tel autre pour insultes ou agression physique. La criminalité en hausse ces derniers temps occupe aussi sa place dans l’enrôlement des affaires. De ce fait, le travail pour les fonctionnaires de la justice ne manque pas.
Devant l’inexistence d’un parc de stationnement pour véhicules, l’on assiste à un véritable marché les jours d’audience. Des véhicules squattent quasiment les trottoirs, réduisant la chassée, et quelle chaussée !, à un ruban tout juste ou presque suffisant à un scooter de s’y aventurer. Il fallait se lever tôt le matin pour espérer trouver une place pour sa voiture à proximité du tribunal. Sachant que tous les justiciables ou presque disposent à présent d’une voiture, sans compter celles des avocats, huissiers ou clercs, il serait facile au lecteur d’imaginer la situation. De plus le tribunal étant situé loin du centre-ville, les justiciables réfutent à garer leurs véhicules en ville et faire une petite trotte à pied, ajoutant ainsi leur touche au blocage des abords de l’institution. Sur une distance de trois cents mètres il faut à chaque fois l’esprit de persuasion Des agents de police en faction déploient des efforts surhumains pour canaliser toute cette anarchie.
Le problème réside surtout dans l’état inacceptable de la route qui longe l’enceinte et le portail d’entrée du tribunal. Truffée continuellement de nids de poule, elle est impraticable pratiquement l’hiver. Ali Boudrar, un jeune citoyen de la ville nous affirme : «Depuis deux ans que ça dure, l’APC peut tout de même faire quelque chose. C’est un tribunal. Un peu de respect pour nos institutions. Ce n’est pas une rue, c’est un sentier ou pire un fossé cette rue.»
Une avocate nous dira pour sa part : «Les jours de pluie, je vous assure que je passe au moins 15 mn à essuyer mes chaussures, et les cirer,-elle a toujours une boite de cirage dans son sac- avant d’accéder à la salle d’audience. Je ne vais tout de même pas plaider avec des chaussures pleines de boue !» Les commerçants faisant face au tribunal eux aussi se plaignent de cet état de fait. Sur ce nous nous rendons à l’APC de la ville. Le maire adjoint, M. Said Bourti nous reçoit : «C’est vrai. Ce problème est pendant depuis deux ans au moins. La cause est une conduite de diamètre 200 de l’Algérienne des eaux qui, périodiquement, fuit à différents endroits. Les agents de l’ADE procèdent systématiquement à des réparations sur ces fuites qui défoncent la chaussée. Nous avons inscrit cette année l’installation d’une nouvelle conduite toute neuve pour régler définitivement ce problème. Normalement notre demande est acceptée, et nous comptons régler ce problème, d’ici le mois de septembre, en goudronnant de nouveau la route juste après le passage de la conduite de gaz de ville» nous explique-t-il Du côté de l’ADE, son directeur, M. Mustapha Tellache, nous assure et confirme : «Effectivement, le problème existe, nous procédons comme on peut aux réparations, mais il faut régler définitivement ce problème, nous avons préparé déjà les conduites nécessaires et comme vous pouvez les constater,elles déjà entreposées sur le site. Nous attendons le projet inscrit par l’APC, et nous réglerons définitivement le problème ». En prévision de la saison estivale, la ville de Tigzirt s’apprête à accueillir plus de 4 millions d’estivants d’après nos sources. Mais est-elle prête à y faire face. L’état des rues défigurées par les travaux de gaz de ville n’est pas pour rassurer sur cet objectif. Pour ne citer qu’un exemple, la ruelle conduisant vers le célèbre complexe touristique «Mizrana». Ce joyau et fierté locale, classé et répondant aux normes hôtelières internationales, suite aux travaux de rénovation opérés par son propriétaire à coups de milliards, bute ces derniers temps sur un problème que les autorités locales peuvent régler en une journée. Une simple pente de 40% à son entrée sur la RN 24, décourage plus d’un automobiliste pour y accéder, lui faisant rebrousser chemin occasionnant un manque à gagner pour la structure hôtelière et une déception pour le touriste venu passer sa nuitée. Il suffirait pourtant de décaper légèrement cette pente et la rebutimer. Ce qui est du ressort de l’APC puisque c’est une voie publique.
Se retrousser les manches est pour les nouveaux élus la meilleure manière de prouver que l’on tient promesse. Car les promesses ce n’est pas ce qui avait manqué durant la campagne électorale pour les élections locales du 29 novembre dernier.
Ferhat Tizguine