«Revenez mercredi prochain», c’est la réponse qui a été donnée, hier, à une mère qui a pris son bébé de trois mois pour le faire vacciner dans une polyclinique de la wilaya de Tizi Ouzou.
Et ce n’est pas du tout évident que mercredi prochain elle n’entendra pas la même réponse car c’est la deuxième fois qu’on l’invite à revenir.
En effet, une pénurie de vaccins perdure depuis plusieurs semaines dans toute la wilaya de Tizi Ouzou et les parents des nouveau-nés et des nourrissons ne savent désormais plus à quel saint se vouer. Quand le vaccin est disponible, il faut patienter pendant des heures dans une salle bondée de mamans et de bébés.
L’une des explications données à cette pénurie et à cette pression sur les vaccins dans la wilaya de Tizi Ouzou est le fait que le programme de vaccination des bébés a complètement changé et été perturbé depuis le drame du décès des deux bébés, dans l’Algérois, après qu’on leur a administré un vaccin. Un changement qui ne semble pas se faire sans problèmes.
Un retard immense a été enregistré dans le programme des vaccinations. «Ce n’est qu’hier que mon bébé de quatre mois a fait le vaccin qu’il devait faire quand il avait deux mois. Quant au vaccin de trois mois, on m’a demandé de revenir le 15 janvier», nous confie une mère. En effet, depuis plusieurs semaines, cette cacophonie perdure dans plusieurs centres de santé sans que les responsables concernés au niveau de la direction de wilaya de la santé et de la population ne bougent le petit doigt afin de soulager un tant soit peu les pères et surtout les mères de familles.
Ces dernières sont réduites à traîner à longueur de journée leurs bébés avec le froid glacial qui règne ces jours en matinée et même pendant la journée (hier il faisait moins de 13 degrés à midi à Tizi Ouzou). Et quand on sait que les mamans doivent faire le déplacement bien avant huit heures pour s’inscrire et déposer le carnet de santé avant d’attendre leur tour, on imagine dans quelles conditions la vaccination des bébés se fait dans l’Algérie de 2016. Même les employés de la santé sont débordés par cette situation et doivent faire preuve d’une grande patience devant une telle affluence et devant le désarroi des parents.
En effet, les infirmiers et infirmières subissent tous les jours cette ambiance stressante alors que si les responsables de wilaya du secteur avaient pris les dispositions nécessaires et mieux organisé les choses et les programmes de vaccination, ces dernières auraient pu avoir lieu sans aucune once de tension, contrairement à ce que l’on observe depuis plusieurs semaines. Certains parents, croyant avoir trouvé la parade, ont songé à prendre leurs bébés pour les vacciner dans d’autres centres de santé, ailleurs, mais souvent on leur a répondu qu’il faut le faire dans la localité de leur résidence. C’est la réponse sèche qui a été donnée à une mère d’un bébé qui a pris son fils à la polyclinique de Drâa Ben Khedda après avoir appris qu’il n’ y a pas une grande tension dans cette structure contrairement à celle de la localité où elle réside.
Le dilemme réside donc dans le fait que, dans certains centres de santé, la situation est intenable devant les salles de vaccination où l’on trouve plus de 150 bébés à vacciner par jour alors qu’ailleurs, on se croise les bras. Y a-t-il une loi, en Algérie, qui interdit de faire vacciner son bébé dans une localité autre que dans la commune de sa résidence? vraisemblablement non. Il y a en revanche une cacophonie qui règne un peu partout dans les centres de santé à cause de ce manque de communication et de l’excès de zèle de certains employés de la santé, alors que la majorité de ces derniers sont dévoués et fournissent d’énormes efforts pour prendre en charge l’ensemble des bébés qu’ils reçoivent.
Les autorités concernées vont-elles réagir pour mettre un terme au supplice des parents des bébés? C’est tout le souhait de ces derniers.