Il était plus que temps. La communauté universitaire réagit enfin à la violence qui envahit l’université de Tizi Ouzou depuis plusieurs années.
Bien que sans origine officielle, un communiqué est affiché à Tizi Ouzou appelant les enseignants, les étudiants et les différents corps de travailleurs de l’université à une rencontre de réflexion sur le phénomène et les moyens de l’endiguer. Le communiqué précise que la rencontre se tiendra ce mercredi 24 mai à l’auditorium du campus Hasnaoua1.
En fait, les auteurs de l’appel qui ne s’identifient pas expliquent que l’initiative vise à rédiger une charte globale de l’éthique à laquelle souscriront toutes les parties pour lancer un travail à long terme contre les dérives de l’université. Les initiateurs proposent aussi de mettre sur pied un groupe de travail qui se mettra à la recherche de mécanismes à même de soustraire l’université de Tizi Ouzou au phénomène de la violence. Cette structure, précise le communiqué, commencera d’abord par l’établissement d’un diagnostic général de la situation qui prévaut actuellement dans les campus et les cités.
En fait, la violence à l’université de Tizi Ouzou n’est pas une chose nouvelle. Pis encore, elle tend aujourd’hui à se banaliser. C’est justement de cette tendance à la banalisation qui est un phénomène plus dangereux et qui met en évidence toute l’importance des initiatives du genre. Aujourd’hui, l’université a perdu son âme. De lieux du savoir et de rayonnement, l’université Mouloud-Mammeri défraye la chronique par les assassinats des étudiants par des voyous. Les parents aujourd’hui ne sont plus rassurés sur leurs enfants étudiants. C’est exactement le contraire du vraisemblable qui prévaut à l’université de Tizi Ouzou. Au lieu que celle-ci alimente la chronique locale par des travaux de recherche et d’inventions, elle défraye avec des nouvelles d’assassinats d’étudiants à l’intérieur des campus.
Toujours au chapitre de la délinquance, les choses s’aggravent de jour en jour. La drogue à l’université de Tizi Ouzou est monnaie courante bien plus que dans les autres universités algériennes.
En fait, la situation est frappée d’une omerta sans égal jusqu’au jour où une étude menée par des chercheurs du CHU Nédir Mohamed balaie le mensonge d’un revers de la main. Les conclusions sont alarmantes. Les chercheurs ont établi que 10% des étudiants affirmaient avoir touché à une drogue. L’enquête a également cassé un autre tabou de non-dits qui est l’implication de la gente féminine dans la consommation des drogues. Aujourd’hui donc, toutes les initiatives sont les bienvenues. La situation de l’université interpelle non seulement les pouvoirs publics mais toutes les sociétés. Ce sont toutes les familles qui ont un étudiant ou plus à l’université. Pis encore, le danger est de voir le jour arriver où l’université ne symbolisera plus le rayonnement scientifique et le savoir. Le danger c’est aussi de voir cette dernière symboliser dans l’imaginaire social la dépravation et la délinquance. Ce jour-là, quels que soient les responsables de la descente aux enfers, il sera trop tard pour agir car l’Algérie des un million et demi de martyrs aura enclenché sa route irréversible vers la décadence.