TIZI OUZOU, L’habitat rural menacé

TIZI OUZOU, L’habitat rural menacé

Certains élus l’utilisent comme un moyen de chantage lors des élections locales.

Le programme d’aide au logement rural peine à avancer à travers certaines communes de la wilaya de Tizi Ouzou. D’importants dysfonctionnements bloquent la réalisation de cet ambitieux programme. Ils ont été décriés justement par le wali, Abdelkader Bouazghi, lors du conseil de wilaya tenu le 30 septembre dernier. Ce dernier citait l’exemple de la commune de Mkira qui a réalisé 1400 logements alors que Aïn El Hammam n’en a attribué que six.

Pourtant, c’est le logement rural qui a sauvé la face au vu des retards accusés par les autres formules. Selon le directeur de la CNL, le logement rural a atteint le taux de réalisation de 68% permettant ainsi la consommation de 24,4 milliards de dinars de l’enveloppe globale de 34,8 milliards de dinars allouée à ce programme. Une réussite qui a conduit le Premier ministre Abdelmalek Sellal, lors de sa visite, à rajouter un autre quota de 5000 unités. Mais, en fait, ce que savent le Premier ministre et le wali est que beaucoup de citoyens ne cessent de dénoncer est plus grave que les dysfonctionnements techniques. Dans certaines communes, ces logements sont utilisés par les élus comme un moyen de chantage sur les populations. L’attribution de ces logements qui relève du droit inaliénable des citoyens est conditionné par certains maires en mal d’électeurs par la preuve d’avoir donné leurs voix. Dans certains villages enclavés, ce sont les responsables des comités de villages qui font campagne, usant parfois de violence physique contre d’autres villageois connus pour des penchants politiques différents.

En effet, le procédé est simple et efficace. Des élus se rapprochent du maximum de citoyens à quelques mois des élections communales pour les inciter à déposer les demandes de logement. Ces derniers sont alors priés d’attendre la réponse du maire. A l’approche des élections, ces derniers sont carrément appelés à voter pour la réélection ou élection du maire. Ce que disent les élus implicitement, les relais de petits opportunistes qui infestent les villages le disent clairement. Le pauvre citoyen, en méconnaissance totale de ses droits, vote pour la personne indiquée avec preuve à l’appui pour montrer patte blanche. Les témoignages secomptent par centaines, la pratique est répandue, bloquant ainsi un programme censé apporter le bonheur de posséder un chez-soi.

Sur un autre registre, des citoyens évoquent la lenteur des procédures et la bureaucratie qui les entravent. Pour bénéficier de logement, le citoyen se trouve contraint de confectionner un dossier caractérisé par la paperasse.