C’est la colère chez les retraités de la ville des Genêts. Hier, ils étaient plus d’un millier à sortir dans la rue pour crier leur ras-le-bol. Une imposante marche, organisée à l’appel du comité syndical de wilaya de Tizi Ouzou de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR), affiliée à l’UGTA.
Des retraités handicapés, malades et appuyés sur leurs cannes, dont certains n’avaient pas mis les pieds en ville depuis belle lurette ont tenu à marquer de leur présence cette action.
Vers 10h, la foule ne cessait de s’agrandir devant le siège de l’union de wilaya de l’UGTA. Très organisés, et après un bref rassemblement, les centaines de retraités ont entamé leur marche empruntant la rue Houari Boumediene, puis le monument des Chouhada, pour se diriger vers le siège de la wilaya. «Nous ne demandons pas l’aumône», «Nous voulons nos droits, tous nos droits»,
«Non à la précarité», «Respect et dignité pour les retraités», tels sont entre autres les principaux slogans inscrits sur les banderoles levées par les protestataires. Tout au long de leur parcours, ces derniers ont crié des slogans hostiles aux pouvoirs publics et à la centrale syndicale. «Y en a marre de l’injustice», «Basta la hogra» ou encore «Retraités en misère», pouvait-on entendre, malgré leur voix fatiguée.
L’occasion était pour plusieurs retraités de dénoncer leur «précarité» et d’exprimer leur déception quant aux résultats de la 14e tripartite qui les a «délaissés». Ex-fonctionnaire d’APC, Saïd n’a eu droit qu’à une pension de 11 000 DA, après 17 ans de service. «Comment pourrais-je vivre avec cette pension, et prendre en charge mes 5 enfants, dont quatre sont scolarisés ?», demande-t-il. A un autre d’expliquer que le gouvernement algérien se doit de rendre hommage à cette frange de la société grâce à qui l’Algérie s’est bâtie.
Il rejettera par ailleurs l’argument des pouvoirs publics prétextant l’absence d’une source de financement pour augmenter les pensions. «De là où ils ont puisé pour augmenter leurs propres salaires, ceux des cadres et hauts fonctionnaires, de différents secteurs, ils le feront faire pour nous», suggère-t-il. Plusieurs marcheurs voulaient à tout prix exprimer leurs avis. Pour l’un des participants, le gouvernement veut gagner du temps avant d’introduire les augmentations.
«On veut nous arnaquer avec la revalorisation qui intervient à chaque fin de mois de mai, pour prétendre après que les pensions ont été augmentées. Mais, il ne s’agit en réalité que d’une revalorisation annuelle de 2 à 4%, alors que la cherté de la vie ne cesse de creuser l’écart et réduire à néant ces augmentations insignifiantes», dénonce-t-il.
Pour un syndicat autonome
En colère contre leurs représentants, certains retraités n’ont pas mâché leurs mots contre le patron de l’UGTA et le président de la FNTR. «A aucun moment Sidi Saïd n’a défendu les droit des retraités, alors que les responsables de la FNTR ne sont là que pour le décor», lance dans la foulée un retraité. A un autre de lui emboîter le pas en disant que «les retraités sont libres de s’organiser dans un syndicat autonome».
Donnant l’exemple de ses collègues de Béjaïa, désormais affiliés au Snapap, le même interlocuteur, soutenu par d’autres, n’écarte pas la possibilité de se démarquer de l’UGTA. «Il faut aller vers un syndicat autonome», tranche un autre. Arrivés devant le portail principal du siège de la wilaya, les retraités ont improvisé un sit-in.
Sur place, une plateforme de revendications a été dévoilée par un représentant de la FNTR. «Une délégation de quatre personnes dont trois représentants de la FNTR et le secrétaire général de l’union de wilaya, M. Ramdani, a été reçu par le chef de cabinet du wali», nous dira Kamel Limani, chargé des conflits à l’union de wilaya et joint par nos soins.
«Comme le wali était pris pour les rencontres du Cnes, son représentant nous a promis de remettre le courrier à qui de droit», ajoute notre interlocuteur. Parmi les points inscrits dans leur plateforme de revendications, les retraités demandent «l’alignement du minimum de pension de retraite à 100% du SNMG au lieu de 75%», «l’exonération de l’IRG des pensions de retraite inférieures à 40 000 DA», ainsi que «l’octroi d’une revalorisation conséquente à hauteur d’un taux unique de 40% de toutes les pensions de retraite».
A. M