La colère, le stress et la crainte se lisaient aisément sur les visages, mais après quelques heures de sit-in, les jeunes se sont dispersés dans un calme absolu.
Ils étaient plusieurs milliers de jeunes promoteurs dans le cadre des dispositifs Ansej, Cnac et Angem à répondre à l’appel de leur association, Came (Collectif d’appui à la microentreprise) pour un grand rassemblement devant le siège de l’Ansej de Tizi-Ouzou. C’est en effet, dès les premières heures de la matinée que les premiers jeunes arrivaient sur place au boulevard Abane Ramdane. A fur et à mesure, des discussions avec les concernés, la foule grossissait devant l’entrée principale de la direction de l’antenne Ansej locale.
La colère, le stress et la crainte se lisaient aisément sur les visages. Après quelques heures de sit-in, les jeunes se sont dispersés dans un calme absolu, un calme qui annonce de grandes turbulences dans un proche avenir au vu de la déclaration remise à la presse par les responsables de la Came. Le rassemblement a été, en effet, décidé suite à une assemblée générale extraordinaire tenue le 30 juin.
La réunion a été convoquée pour obtenir des réponses aux dernières déclarations des pouvoirs publics au sujet du rééchelonnement des dettes contractées par les promoteurs auprès des banques et des dispositifs d’appui. Les promoteurs affirmaient ainsi, dans le document qu’ils nous ont remis, qu’après plus de deux années de combat afin de revendiquer des solutions urgentes et radicales à la crise engendrée par une politique qu’ils ont qualifiés de chaotique, leur association dénonce ces dernières décisions jugées inadaptées et les statistiques erronées sur la situation des PME et leur taux de réussite complètement éloigné de la réalité du terrain.
Ce qui fait craindre des développements nom maîtrisables, c’est qu’il paraissait clairement que les jeunes ont en vraiment marre de la situation dramatique dans laquelle ils pataugent depuis des années. Endettés jusqu’au cou auprès des banques, les jeunes font face à un harcèlement sans commune mesure de la part des huissiers et des experts mandatés par la justice. Des suicides, des divorces, des milliers de jeunes rendus malades, des milliers de dépressions sont le quotidien de ce rêve qui a vraiment tourné au cauchemar.
C’est justement cette lassitude et le désespoir de voir arriver des solutions urgentes et radicales qui fait craindre le pire. En tout état de cause, il ressort, depuis hier, que les jeunes, par dizaines de milliers, ne veulent plus dialoguer pour des solutions consensuelles comme par le passé. Hier, l’observateur aura constaté que laisser traîner cette situation peut conduire à des conséquences néfastes pour le pays. La preuve en est que les revendications des jeunes ont évolué vers une radicalisation claire et tranchée.
Ils refusent la solution du rééchelonnement des dettes, considérant que le gouvernement ne fait que prolonger l’endettement car le climat des affaires n’est pas encore propice aux PME. Les jeunes en difficulté financière à cause de ce climat, ne peuvent pas relancer leurs activités, étant prisonniers des pressions fiscales antérieures. Aussi, hier, les jeunes sont carrément passés au radicalisme en affirmant clairement qu’ils ne rembourseront pas, même au prix d’actions de rue réclamant une amnisties générale et fiscale et parafiscale urgente au profit de toutes les entreprises créées dans le cadre des dispositifs d’aide.